l’inFO n°15 • mai 2020

à la UNE : Que le meilleur gagne par Arioviste
2 : Les candidats probables par Arioviste
3 : ITW de Catherine Morin-Desailly
Présidente de la Commission Culture du Sénat par Éric Vial
4 : Laissés pour compte par Hervé Morin
5 : C’est l’histoire d’un gel turc par Bruno Demange
6 : À bientôt Jean-Jacques… portraits de militants 

Dernier étage de france•tv
© photo FO france•tv

Que le meilleur gagne

par Arioviste

La campagne pour la présidence de France Télévisions est lancée. Les salariés trinquent déjà. Le dépôt des candidatures était prévu initialement le 2 avril. Mais comme il n’y avait qu’une seule candidature sérieuse, celle de la Présidente actuelle Delphine Ernotte Cunci, le Conseil Supérieur de l’audiovisuel a changé les règles du jeu, comme par magie, à quelques jours de l’échéance. Désormais, histoire de susciter des vocations supplémentaires, les candidats ont jusqu’au 10 juillet pour remettre un dossier et leur plan pour l’avenir de la télévision publique.

Cette soudaine modification du calendrier, sous prétexte du confinement alors que le CSA avait dans un premier temps totalement assumé de s’entretenir avec les postulants par visioconférence, a surpris tout le monde. Certains commentateurs estiment qu’il “ne peut s’agir que d’une manigance politicienne”. D’autant qu’en quelques semaines, c’est la ruée vers le fauteuil de Président de France Télévisions.

Tout d’un coup, pif, paf, poum, voilà que des prétendants se manifestent. Ils sont souvent challengés par des élus politiques plus ou moins connus. La rumeur parle même “d’une candidate soutenue par le château”. Et maintenant, il fleurit depuis quelques jours des articles complètement bidons sur le bilan de la télévision publique. Des articles souvent commandés par des adversaires de la présidente actuelle. C’est reparti pour le bashing de France Télévisions, comme à la fin du mandat de Rémy Pflimlin. Et cela va durer jusqu’à juillet prochain…

Au bout du compte, qui font les frais
de ces attaques injustes et veules contre l’entreprise ?
Les salariés.

C’est pourquoi, FO france•tv demande instamment aux journalistes des médias, de ne pas se laisser berner par les témoignages hasardeux durant cette période de campagne. Soyez vigilants aux conflits d’intérêts particuliers, à ne pas vous faire manipuler. La télévision publique est un mythe qui peut provoquer beaucoup de jalousie et de rancune. Par pitié, recoupez les infos ! Depuis quelques jours, tout ce que nous lisons concernant France Télévisions est faux ou exagéré, en tout cas, malhonnête sur le fond. Surtout dans vos articles, sachez protéger les salariés de France Télévisions qui n’ont rien à voir avec les “combinazione” de cette campagne, ils veulent rester en dehors de ces querelles.

C’est donc de cette manière qu’on mène des campagnes dorénavant en France, qu’elles soient politiques ou économiques. On casse ses adverses, on ment, on monte des dossiers, on agresse, on distille du venin. Les compétiteurs pourraient-ils envisager de revenir à une sorte de code d’honneur, comme dans les beaux duels ? Que le meilleur gagne pour son intelligence, son talent, son projet qu’il a pour France Télévisions.

Dans tous les cas, FO syndicat de salariés ne choisira jamais son patron : ce n’est pas notre rôle. Mais nous pouvons déjà annoncer au futur PDG de france•tv que nous l’attendons de pied ferme pour négocier.

 

Les Candidat(e)s probables…

par Arioviste

Delphine Ernotte, la favorite

État de la candidature : confirmée,
indice de crédibilité devant le CSA : très fort.

La présidente actuelle du groupe France Télévisions, a confirmé sans aucune surprise qu’elle serait de nouveau candidate à sa réélection. Elle a pour elle un bilan positif : création de la chaîne franceinfo:, des plateformes Lumni, Ookoo. Une audience du groupe qui a très légèrement progressé, une RCC bien négociée, un budget à l’équilibre malgré des fortes contraintes budgétaires et un contexte social plutôt calme comparé aux autres entreprises de l’audiovisuel public. Elle a gagné également sur le plan juridique, puisque la CFDT et la CGC qui lui contestaient sa légitimité ont été déboutées. Seules ombres au tableau : des relations parfois difficiles, voire inexistantes, avec les organisations syndicales ; des déclarations à l’emporte-pièce qui ont nuit à l’image de l’entreprise “les blancs de plus de 50 ans” ou des décisions hâtives, comme le licenciement de Philippe Verdier.

Les rumeurs parlent de relations tendues avec le Président de la République puisqu’elle aurait “fermement refusé des coupes budgétaires importantes pour France Télévisions”. On lui reprocherait également son “hollandisme”. Elle aurait pourtant la préférence du Premier Ministre et le soutien d’une grande majorité de parlementaires même si la coupure de la conférence de Presse d’Édouard Philippe par une publicité a fait “très mal” à son “capital sympathie”

Sandrine Roustan, “La Dame de Chine”

État de la candidature : secrète,
indice de crédibilité devant le CSA : très fort.

Selon des observateurs que nous avons rencontrés, elle serait “la préférée du château”. D’autres vont même plus loin, en assurant, “qu’elle serait directement challengée par l’Élysée, que c’est pour elle que le CSA aurait retardé la date de désignation du futur PDG”. Tout cela reste pour l’instant à l’état de rumeurs car rien n’est confirmé par l’intéressée qui reste très discrète. Pourtant, elle vient de recevoir sur le quota du ministère de la Culture… la Légion d’Honneur : étrange coïncidence.

Sandrine Roustan n’est pas une inconnue de france•tv, c’est l’ancienne directrice talentueuse des programmes de france•4 (2012). Virée assez maladroitement par Bruno Patino pour avoir osé dire qu’elle s’opposait éditorialement à la direction de l’époque. L’avenir lui a donné raison. En 2015, elle quitte la France pour la Chine. Elle rejoint en 2017 le groupe Shanghai Media Groupe (SMG), 2ème groupe de Médias du Pays en tant que Directrice du Développement International des Formats. Ses premiers travaux ont consisté à créer une plateforme de distribution internationale et de promotion : Il s’agit là d’un des objectifs prioritaires de l’État pour france•tv.

Sandrine Roustan est une passionnée d’audiovisuel, elle a également une solide expérience dans la production ce qui pourrait rassurer les créateurs. Elle a travaillé à Endemol France, Capital Productions, Media France productions, puis en tant que Directrice Adjointe des magazines du groupe M6.

les candidats à la présidence de france•tv
© photo FO france•tv

Christopher Baldelli, le chouchou des salariés

État de la candidature : retirée,
indice de crédibilité devant le CSA : très fort.

Considéré très longtemps comme le favori à la Présidence de France Télévisions, l’ancien dirigeant de France 2 et de RTL qui a laissé un excellent souvenir aux salariés pour ses connaissances du terrain, sa grande capacité au dialogue social, son professionnalisme vient officiellement de jeter l’éponge. Selon Challenges, Christopher Baldelli a décidé de renoncer à se présenter suite à la révélation de la candidature de Pierre-Etienne Pommier, conseiller du groupe LREM à l’Assemblée nationale : un camouflet politique. Car, l’ancien directeur de cabinet adjoint de Sarkozy, quand celui-ci était ministre du Budget entretient toujours des liens étroits avec les réseaux politiques.

La condition de sa candidature était claire : il doit avoir une assurance sérieuse, si ce n’est de l’Élysée, du moins de ses pairs pour se présenter. Il ne l’a pas eu. Il se retire afin officiellement de “se réserver pour la présidence de France Médias”, le groupe qui aurait dû réunir l’ensemble de l’audiovisuel public. Pourtant certains commentateurs estiment que la réforme est remis eux calendes grecques en raison de la crise liée au Covid19.

Isabelle Giordanno, l’élégante

État de la candidature : hésitante,
indice de crédibilité devant le CSA : fort.

Elle a, selon notre source, “consulté” pour savoir si sa candidature pouvait être crédible devant le CSA. Le résultat semble mitigé surtout dans le contexte actuel. Pourtant la candidature d’Isabelle Giordanno est séduisante. Car au-delà de sa connaissance de la télévision en tant qu’animatrice et présentatrice de nombreuses émissions de chaînes de télévisions, Isabelle Giordanno a construit aussi une solide expérience dans l’industrie audiovisuelle.En 2008, elle fonde la société de production TUPAC société de production de film et de programmes pour la télévision. En 2013, elle devient directrice générale d’UniFrance, organisme chargé de la promotion du cinéma français à l’étranger. Depuis 2019, elle est présidente du comité stratégique du Pass Culture. Diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, sa culture antillaise par sa maman guadeloupéenne est un sérieux atout pour relancer une chaîne comme france•Ô.

Son livre consacré à Martine Aubry l’a rapproché des milieux politiques : un bon point, même si beaucoup de commentateurs la trouve “trop de Gauche”.

Pierre-Étienne Pommier, le lièvre

État de la candidature : confirmée par la Presse,
indice de crédibilité devant le CSA : moyenne.

C’est la Lettre A qui l’a annoncé dans ses colonnes. Pierre-Etienne Pommier, le conseiller numérique du groupe LREM à l’Assemblée nationale, également conseiller de Gilles Le Gendre, ancien chargé de mission sur le numérique de Jean-Michel Blanquer, se présentera à la présidence du groupe France Télévisions. Il aurait même déjà déposé son dossier de candidature auprès du CSA le 2 avril dernier. Pierre-Etienne Pommier est le cofondateur de l’agence Bubble. Il n’a jamais dirigé de chaînes ni de grande entreprise. Mais “il compterait tirer parti de la nouvelle procédure qui rendra public les projets des postulants” pour défendre la mission éducative de France Télévisions. Cette candidature évidemment politique est “un lièvre” pour beaucoup d’observateur. Il s’agit “de faire diversion pour mettre sur orbite une candidate qui tient vraiment le coup face à Delphine Ernotte…”.

Serge Cimino, l’obstiné

État de la candidature : auto-confirmée,
indice de crédibilité devant le CSA : faible.

Imaginez que Delphine Ernotte veuille se présenter à la tête de FO france•tv ; démocratiquement, elle pourrait. Nous penserions tous qu’elle a les fils qui se touchent. Qu’elle a un problème de raisonnement : comment être patronne et vouloir en même temps diriger un syndicat ? Comment négocier des accords avec des syndicats après cela et rester crédible ? Imaginez maintenant comment est perçue la candidature à la présidence de france•tv du responsable du SNJ de FTV, Serge Cimino… Soit elle prête à rire comme une tartufferie, soit elle afflige par le niveau du syndicalisme en 2020 dont le principe de base est la séparation des pouvoirs. La Presse est d’ailleurs assez railleuse sur cette candidature.

C’est la deuxième fois, au nom du SNJ, que Serge Cimino se présente. La première c’était contre Rémy Pflimlin. Il n’avait même pas été reçu par le CSA, son dossier n’étant pas jugé “sérieux”. Souhaitons-lui au moins davantage de chance cette fois-ci, et de considération.


“Le formidable engagement
des collaborateurs de l’audiovisuel public”

Catherine Morin-Desailly au Sénat
© catherine-morin-desailly.fr

Interview de Catherine Morin-Desailly
Présidente de la Commission Culture du Sénat

 

par Éric VIAL
Délégué Syndical Central (DSC) FO france•tv
Secrétaire Adjoint du CSE Central France Télévisions

Catherine Morin-Desailly est l’une des femmes les plus influentes de l’audiovisuel en France. Ses remarques, ses commentaires sont particulièrement scrutés. Fine connaisseuse du secteur, l’ancienne professeure d’anglais, Sénatrice centriste de Normandie est la Présidente de la Commission Culture et Éducation du Sénat dont elle est membre depuis 2004. Chaque mois, c’est sur son invitation que le Club de l’audiovisuel réunit les plus grands influenceurs des médias, au Palais du Luxembourg. Administratrice pointilleuse de France Télévisions ses adversaires disent d’elle que c’est “une radicale de l’audiovisuel public”. Contre la publicité sur les chaînes de France Télévisions, contre la gabegie de certains salaires trop élevés, contre la course à l’audimat, elle milite pour un audiovisuel public fort.

Catherine Morin-Desailly est aussi connue dans le monde culturel pour avoir milité, puis obtenue après de longues batailles judiciaires, la restitution des têtes Maoris à la Nouvelle-Zélande. En 2014, elle dépose une proposition de résolution pour accorder l’asile politique à Edward Snowden. C’est une spécialiste de la chronologie des médias, mais surtout des questions liées au numérique et sa souveraineté. Elle a écrit de très nombreux rapports sur ce sujet. En 2013, elle parlait déjà “des nouvelles règles du jeu européenne pour la survie et la pérennité des médias”. Elle a accepté de répondre aux questions de l’inFO france•tv. Comme à son habitude, elle n’emploie pas la langue bois pour parler de l’audiovisuel public et de France Télévisions.

 

l’inFO : Êtes-vous fière du comportement de l’audiovisuel du service public durant cette crise ?

Catherine Morin-Desailly à france•3 Normandie
© catherine-morin-desailly.fr

Catherine Morin-Desailly : Oui, vraiment ! Je suis notamment allé visiter le site de france•3 Normandie. J’ai constaté à quel point l’audiovisuel public s’est remarquablement adapté. D’abord en terme d’organisation du travail. Et puis, j’ai été impressionnée par le formidable engagement de tous les collaborateurs de la télévision et de la radio. Chaque Français peut constater que la mission de service public de proximité est assurée, qu’il n’y a pas eu de rupture dans la continuité de l’information.

Je suis une téléspectatrice fidèle de franceinfo: qui a réalisé un formidable travail, comme les journaux de france•2 d’ailleurs. Évidemment étant une élue normande, je suis particulièrement les journaux régionaux qui ont été exemplaires dans ces temps difficiles. Je veux saluer aussi le travail de Radio France qui a été parfait, et celui de France Médias Monde qui a su maintenir le lien de la France avec le Monde dans un contexte sanitaire très tendu.

Oui, ce que je note pour l’audiovisuel public c’est sa formidable adaptabilité : une information renforcée et vérifiée, au moment où circule des fausses nouvelles ; aussi des diffusions de programmes éducatifs et culturels, des documentaires intéressants.

Notre audiovisuel public s’est mué en “Nation apprenante”.

Je me réjouis aussi de toutes les captations qui ont pu être rediffusées, elles témoignent de l’importance de nos chaînes pour le spectacle vivant et la musique. Il faut continuer à les aider. Je trouve que les programmes ont globalement gagné en densité et en qualité.

Je suis une ardente défenseure de l’audiovisuel public. J’ai eu parfois du mal à convaincre certains de mes collègues qui ne voyaient pas toujours la différence entre le “Privé” et le “Public”. Là, il me semble que l’audiovisuel public a mis tout le monde d’accord. C’est pourquoi j’ai toujours dit que france•2 ne devait surtout pas être une copie ou un doublon de TF1, qu’elle devait montrer sa singularité.

 

l’inFO : Faut-il sauver france•Ô et france•4 ?

Catherine Morin-Desailly : Cette crise aura au moins permis de montrer à certains Français que le service public de la télévision joue pleinement son rôle et qu’il est essentiel dans cette période de confinement. Les enfants qui ne peuvent pas aller à l’école ont pu bénéficier grâce à france•4 de contenus éducatifs et d’une véritable aide pour les parents. Mais pas seulement, pour le grand public, les personnes plus âgées notamment, les programmes ont aussi été agrémentés par des documentaires culturels, scientifiques ou des films patrimoniaux. Dans ce cadre •4 a montré son utilité et sa singularité. Pour •Ô, ce qu’il faut regarder en toute objectivité c’est l’audience avant et après la crise, pour établir le bien-fondé de cette chaîne. Quoiqu’il en soit, il faut une offre Outre-mer sinon il y a rupture du service public. L’ensemble des territoires doit être couvert par une offre qui soit accessible à tous. Rappelons quand même, que pour l’instant, la part d’audience de •Ô (0,2 %) est extrêmement faible proportionnellement au coût de sa structure.

Dans les deux cas, nous savons bien qu’une partie des Français n’est pas connectée à un réseau internet, environ 15%. Ils ne peuvent donc pas recevoir les plateformes numériques prévues qui sont, ou qui vont être, mises en place. Elles sont pourtant très intéressantes comme Okoo par exemple qui est un très bel outil.

“La suppression de france•4 et france•Ô
provoquerait donc une rupture de l’égalité républicaine”.

D’autant que les Français sont soumis à la Contribution à l’Audiovisuel Public (CAP ou redevance /ndlr). Cela s’apparente à un abonnement qui doit comporter l’offre pleine et entière, pour tout le monde.

J’ajoute concernant •4, que j’ai été une des premières à réclamer un moratoire suite à l’annonce de fermeture par l’ancienne Ministre de la Culture Françoise Nyssen. D’ailleurs que va-t-il se passer le 9 août ? C’est la question que j’ai posé au dernier Conseil d’Administration de France Télévisions. Il est impensable que les Français se retrouvent devant deux écrans noirs.

 

l’inFO : Qui est responsable, au départ, de la volonté de vouloir fermer •4 et •Ô ?

Catherine Morin-Desailly : Écoutez… Moi je m’en tiens aux annonces de l’époque. Aujourd’hui chacun constate l’embarras d’une telle décision puisque les chaînes ont montré leur utilité. Dans les deux premières années du quinquennat, le gouvernement réfléchissait à une réforme de l’audiovisuel public. Les premières annonces ont été des contraintes budgétaires et un énoncé des missions prioritaires du service public. Ce sont ces mesures budgétaires qui justifiaient la disparition de •Ô et •4.

Je rappelle qu’à l’époque, nous sommes effectivement plusieurs à dire que toutes les entreprises en France, dans le cadre de la résorption des déficits publics, doivent faire des efforts de productivité et de bonne utilisation de l’argent public. Personne ne s’en est dédouané, y compris les dirigeants de l’audiovisuel public. Il s’agissait pour nous tous de réfléchir au modèle économique à l’heure du numérique.

L’annonce de la disparition de france•4 et france•Ô est arrivée tout d’un coup, le 19 juillet 2018, par une allocution de Françoise Nyssen. Je me suis élevé contre, très rapidement, dans une tribune dans le Parisien. Cette annonce isolée n’avait pas de sens, elle était prématurée et incompréhensible. C’est dans le cadre d’une réforme structurée et discutée qu’une telle annonce aurait due être faite, avec un projet, des missions, une réflexion sur les contenus, et un modèle économique pour accompagner la transformation nécessaire de l’audiovisuel public. Car oui, l’audiovisuel public doit se transformer pour rester performant.

 

l’inFO : Des observateurs estiment que la réforme de l’audiovisuel est remise aux calendes grecques et qu’elle ne verra peut-être même jamais le jour. Qu’en pensez-vous ?

Catherine Morin-Desailly : Je ne pense pas qu’il faille s’arrêter au milieu du gué. La situation de crise que nous traversons montre bien qu’une réforme de l’audiovisuel public et privé est absolument nécessaire. La transition digitale est partout, elle bouleverse les modèles économiques et d’affaires. J’ai de légitimes inquiétudes sur l’avenir des médias français face à la concurrence européenne. Il faut donc avancer même si je considère que le texte qui nous était proposé n’était pas abouti, notamment sur le modèle économique qui en est absent. Mais il faut rebondir, repartir, améliorer et construire le projet à partir du texte qui était proposé. L’urgence est la transposition de la directive SMA prévu dans le texte. La directive SMA (Service Média Audiovisuel /ndlr) qui fixe un socle de règles communes pour les éditeurs de services de l’Europe et pour les plateformes de partage vidéos, les réseaux sociaux et les plateformes en direct est absolument nécessaire. De même la réforme doit encadrer les droits d’auteurs, la protection des publics, la fusion CSA-Hadopi, la régulation audiovisuelle, l’assouplissement des autorisations de diffusion de film à la télévision…

Pour autant, il faut une fois pour toutes, clarifier et le modèle économique de france•tv, ce que ne prévoit pas le projet de loi. Vous savez à quel point le Sénat, sous mon impulsion, a conduit des travaux importants en 2015 proposant une réforme qui s’inspire des télévisions publiques européennes et notamment de nos voisins Allemands. Il est urgent de réformer la CAP et son assiette pour plus d’équité. Il ne s’agit pas de faire contribuer davantage les Français. Mais la crise a accéléré le bouleversement des modèles économiques. Nous sommes à la fin d’un Cycle ! Il faut avoir l’audace de la réforme.

Il faudra donc aller au fond du sujet, et vite.
Cela passera aussi par une réflexion sur les recettes
et sur la place de la publicité.

Ce que nous vivons là, nous contraint. Nous sommes précipités en avant en quelque sorte.

Regardez ! Les plateformes extra-européennes ont largement profité de la situation. Netflix a doublé le nombre de ses abonnés. Disney+ vient d’arriver dans le secteur de la SVOD et performe déjà. Dans ce monde d’hyper-concurrence où les téléspectateurs sont conduits vers d’autres offres, il faut nécessairement sécuriser et adapter l’audiovisuel public pour lui donner les moyens de sa pérennité. Il faut aussi évidemment réfléchir à l’émergence de cette plateforme européenne de contenus que beaucoup appelle de leurs vœux.

Donc NON, il ne faut pas abandonner la réforme ! Elle doit rester dans l’agenda gouvernemental.

 

l’inFO : Et Salto ?

Catherine Morin-Desailly : Honnêtement j’ai toujours questionné la pertinence du modèle économique imaginé et de la viabilité de la plateforme de streaming Salto. Salto est une bonne initiative de France Télévisions avec des partenaires privés comme TF1 et M6, mais pour en assurer sa viabilité, il faudrait qu’elle implique l’ensemble des entreprises publiques et privées, françaises et européennes. J’ai toujours aussi posé la question du modèle économique basé sur un abonnement payant avant que le Parlement ne tranche sur cette question. Je rappelle que les téléspectateurs s’acquittent déjà de la CAP ! Je redis que la première des priorités aurait peut-être été de construire une plateforme de l’audiovisuel public qui associerait l’ensemble des entreprises concernées. Cette opportunité de regrouper une offre spécifiquement publique est attendue par les téléspectateurs. C’est ce que relevait une enquête que nous avions réalisée lors du colloque “Enchanter l’audiovisuel public”.

Mais je comprends que France Télévisions et l’audiovisuel public sont sur d’autres urgences actuellement. Le report de Salto est logique. Il faut prioritairement répondre à la sécurisation des personnels et aux problématiques liées au confinement.

 

l’inFO : Dans le contexte de crise économique, faut-il maintenir la fusion des entreprises de l’audiovisuel public dans France Médias. Personne ne peut nier que cela va engendrer des coûts de structures, c’est indécent non ?

Catherine Morin-Desailly : Je vous arrête. Vous ne dites pas des choses justes. Sans doute que la communication n’est pas assez claire : Il ne s’agit pas d’une fusion des entreprises. Je ne sais pas ce que l’on dit aux salariés ou aux organisations syndicales. Il n’a jamais été question de fusion. Une holding n’est pas une fusion. D’ailleurs, ce serait une erreur de fusionner les différentes entreprises Radio France, France Télévisions, France Médias Monde et l’INA, car comme vous le dites à juste titre cela entraînerait des coûts de structure. J’ajoute que cela nous ferait perdre beaucoup de temps et d’énergie que nous devons prioritairement consacrer à l’adaptation et la transition numérique de l’audiovisuel public. Donc, il n’y a pas de fusion, je vous rassure là-dessus ; chaque entreprise gardera ses missions dédiées et ses spécificités.

On n’arrête pas de dire : “on refait l’ORTF”, mais cela n’a aucun sens ! L’ORTF existait dans un temps où le paysage audiovisuel n’avait pas la richesse et la diversité d’aujourd’hui.

L’idée, en effet, c’est la constitution d’une holding. Il s’agit d’une présidence commune avec un conseil d’administration dédié. Chaque société garde sa direction. L’objectif de la holding est d’avoir une vision coordonnée et stratégique de l’audiovisuel public pour aussi être une masse critique, plus lisible, plus forte, plus efficace à l’aulne du paysage européen et mondial dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui.

Regardez l’expérience des matinales france•3/france bleu, dont je regrette au passage qu’elle ait été abandonnée durant cette crise, même si je veux bien entendre que les mesures sanitaires soient contraignantes, c’est une bonne façon de travailler ensemble. Nous voyons bien qu’il n’y a pas besoin de fusionner les entreprises pour que cela fonctionne bien !

J’espère avoir clarifié définitivement les rumeurs qui circulent autour de cette présupposée “fusion”

 

l’inFO : Sur “la fusion”, c’est un débat. Nous l’aurons. FO france.tv a une autre vision de la réforme qui est proposée. C’est tellement vrai que le CSA a, à la surprise générale, décalé la désignation du PDG de France Télévisions alors que Delphine Ernotte Cunci apparaissait comme la seule candidate légitime. Le mandat était prévu pour deux ans jusqu’à la désignation du futur PDG de France Médias en 2022. Vu le contexte, c’est un nouveau mandat de 5 ans qui s’annonce. Sans doute les sages voulaient-ils susciter d’autres vocations… Mais en pleine crise, est-ce raisonnable de fragiliser une entreprise et ses salariés en créant de l’adversité ?

Catherine Morin-Desailly : Je comprends totalement les salariés de France Télévisions. Par temps de crise on redoute toujours le changement et son éventualité. Mais je fais confiance au CSA pour prendre toute sa responsabilité dans la désignation du PDG. Je suis persuadé, quel que soit leur choix, reconduction de Delphine Ernotte Cunci ou nomination d’un nouveau président, qu’ils veilleront à ce que cette décision ne soit pas déstabilisatrice pour France Télévisions. Vraiment. Nous pouvons leur faire confiance au Président Roch-Olivier Maistre.

 

l’inFO : Les recettes publicitaires s’effondrent durant cette crise pour les chaînes privées et publiques. Tous les équilibres économiques des groupes audiovisuels sont remis en cause. Nicolas de Tavernost, le PDG de M6 réclame l’interdiction définitive de la publicité sur France Télévisions. Vous en pensez quoi ?

Catherine Morin-Desaailly au Sénat
© catherine-morin-desailly.fr

Catherine Morin-Desailly : Comme vous le savez très bien, je fais partie de ceux qui ont milité dès 2009 – je vous renvoie aussi précieux travail du rapport Leleux/Gattolin pour une clarification du modèle économique de l’audiovisuel public. Ma position n’est donc absolument pas une position de circonstance : la publicité n’a pas sa place sur l’audiovisuel public ! Elle n’a pas sa place parce ce n’est pas l’esprit du service public. Je rêve d’un audiovisuel public détaché, non dépendant, des offres commerciales. Quand je vois certaines publicités, pardonnez-moi, pour des voitures polluantes alors que nous sommes collectivement engagés sur des réflexions de développement durable, cela me chagrine ; cela n’a pas lieu d’être. Je parle là de valeurs attachées au service public. Je suis à minima favorable à une publicité raisonnée conforme à ces valeurs.

Il faut une sacralisation du budget de l’audiovisuel public. Cela n’occulte pas le sujet de la productivité ou des hauts salaires.

C’est cette démarche que nous devons entreprendre. Cela ne pourra passer que par une modernisation de l’assiette de la redevance afin que nul n’échappe à la contribution. Car aujourd’hui que ce soit par son ordinateur, sa tablette, son téléphone portable, tout le monde dispose de l’offre et des contenus du service public. Il faut donc adapter la perception de la CAP sur les moyens de réception. J’imagine le principe d’une perception par foyer, exactement comme en Allemagne, ce qui permettrait de baisser substantiellement la taxe de la redevance, tout en générant des recettes supplémentaires. Ces ressources complémentaires pourraient tout à fait compenser les recettes publicitaires des groupes de l’audiovisuel public.

J’en profite pour vous dire que la baisse de 1€ de la redevance décidée par le Ministère de l’Économie et des Finances n’avait aucun sens. Pour les ménages cela n’a aucun impact, même le prix d’un café par an, tandis que cela a privé l’audiovisuel public de  20 M€, soit le budget actuel de France 4

Concernant les grands groupes privés, mais aussi les chaînes locales, elles vivent effectivement une situation très difficile. La perte des annonceurs, mais aussi la migration des budgets publicitaires sur internet, provoque une catastrophe économique pour le secteur.

 

l’inFO : Faut-il maintenir les impératifs liés aux budgets de la création ? 

Catherine Morin-Desailly : Tout à l’heure nous avons évoqué la directive SMA. La crise montre que des plateformes extra-européennes ont profité de l’aubaine pour engendrer des recettes phénoménales. Il faudra donc se montrer très strict dans l’application de cette directive afin que ces groupes étrangers contribuent, comme tous les autres opérateurs, à la création française. Nous demandons beaucoup aux éditeurs de programmes et aux groupes télévisuels pour soutenir la création. Et bien, il faudra demander beaucoup plus aux plateformes !

 

l’inFO : Dans l’audiovisuel, la crise sanitaire s’est muée en crise économique qui a elle-même accouché d’une une grave crise sociale. Les moins sécurisés, notamment les salariés intermittents du spectacle sont particulièrement touchés. Comment les aider ?

Catherine Morin-Desailly : Cette crise touche tout l’emploi. Des dispositifs d’aide ont été mis en place mais effectivement le régime des intermittents est particulièrement affecté, et par là même tout le monde de la Culture. Il y a un vrai sujet. Nous avons auditionné le Ministre de la Culture, Franck Riester. Il nous a annoncé des mesures sur les périodes de référence. Mais nous allons le réinterroger car la situation est tellement préoccupante qu’il faut un suivi au jour le jour. Nous attendons aussi des réponses plus précises…

Mais la solidarité nationale doit agir !
Personne ne doit rester au bord du chemin.

Il faut tout à la fois penser à un plan d’urgence et à un plan de relance à l’issue de cette crise. Pour conclure,  alors que nous fêtons le 60è anniversaire de la création du ministère de la culture par André Malraux, je constate qu’il est relativement affaibli ; affecté ces dernières années par la revue générale des politiques publics. Je regrette la baisse significative de ses moyens lors du quinquennat précédent. Une baisse jamais rattrapée, on est loin du 1 % culturel ! La Culture en France devrait avoir davantage de considération.

 

Laissés pour compte
Comment faire ses heures ?

par Hervé Morin
CDDU & Représentant de Proximité (RP) FO france•tv

Pour un élu syndical en CDDU, il est naturel de s’occuper particulièrement de ses homologues intermittents.

Vous le savez, les précaires sont légions au sein de France Télévisions. Certains sont de passage, certains se font recruter rapidement ou à plus long terme, certains ont organisé leurs vies entre plusieurs entreprises du secteur, d’autres encore envisagent et acceptent cette mobilité constante entre les différents centres de France télévisions, ce qui permet aux plannings des régions notamment, de remplacer les malades, faire face à un surcroît d’activité etc.

Vous en connaissez tous, ils sont vos collègues, vous appréciez leur travail, leur présence, le bol d’air qu’ils représentent et aussi la fenêtre ouverte sur d’autres méthodes de travail, d’autres techniques qui peuvent enrichir les vôtres et celles de France Télévisions.

Mais je ne vous apprends rien de nouveau pour l’instant, la plupart d’entre vous étant passée par cette situation avant d’accepter un CDI.

En ce qui concerne les salariés intermittents, ce qui a changé ce sont leurs conditions d’indemnisation. Depuis 2017 et la dernière réforme des annexes 8 et 10, un système de franchise a vu le jour. La logique est celle-ci : Plus ils travaillent et cotisent, plus on leur oppose des franchises à rembourser avant d’avoir accès à l’indemnisation. De sorte que la plupart des intermittents qui travaillent raisonnablement ne touche tout simplement pas d’indemnisation et on peut considérer ceci comme normal, dans une certaine mesure.

CDDU aux ASSEDICS
Crédit photo Marie Vaubourgeix ©

Dans des conditions habituelles, ces personnels ne perçoivent pas d’indemnisation chômage et travaillent tout au long de l’année, touchent des congés, etc… comme tout le monde. Au mois de mars ils avaient des dates de travail prévues et en avril aussi. Et le 17 mars ces dates ont été annulées. En temps normal cela arrive, le temps libéré est très vite comblé par un autre employeur, une autre station… mais pas cette fois.

Aujourd’hui, ils sont empêchés de travailler.
Qu’à cela ne tienne, ils vont être pris en charge par le chômage ! Eh bien non !

Avant de pouvoir être indemnisés, ils doivent épuiser leurs franchises : 40, 50, 60 jours sans rémunération! Il n’y a pas de limite à la quantité de franchise qu’on peut leur appliquer, ni mensuellement, ni sur l‘année.

Depuis le 1er janvier 2019 et la dernière réforme du financement de l’assurance chômage, cette catégorie de salarié est la dernière à cotiser effectivement sur leurs charges salariales à l’assurance chômage. C’est donc à ceux qui cotisent le plus qu’on interdit l’assurance chômage.

Aujourd’hui dans cette crise inattendue, ils sont les grands oubliés. Le gouvernement s’emploie à ne pas vouloir les considérer. À chaque demande (par votre syndicat FO) de gel ou de suppression des franchises, les autorités répondent à côté :

  • “Le chômage partiel est applicable aux intermittents, sauf pour les contrats reportés”
    Tous les tournages étant effectivement reportés à une date ultérieure, les sociétés de production refusent de déclarer les intermittents en chômage partiel.
    FO a recensé une cinquantaine de sociétés qui n’appliqueraient pas les dispositions de chômage partiels. Pourquoi ces sociétés ne le font pas ? Parce qu’aucune société n’a suffisamment de trésorerie pour payer deux fois le même salaire. Les sociétés concernées ont donc demandé à l’État des garanties de remboursement du chômage partiel, dans le cas où les productions seraient bien reportées. Pour l’instant aucune de ces sociétés n’a eu de réponse de l’État.
  • “Qu’ils vivent sur leurs Congés spectacle !” Voilà ce que répond le ministère de tutelle.
    Alors que les employeurs posent au maximum 6 jours de congés durant le confinement, les intermittents eux, devraient voir la totalité de leur capital vacance dilapidé ? L’État crée donc une inégalité flagrante pour combler sa carence !
    Et puis il y a les mesures qui ne servent à rien, voici quelques exemples, listes non exhaustive (décret du 16 avril).
  • “s’ils perdent leur droit à l’assurance chômage on ira rechercher les dates antérieures à la période des 12 mois”
    Ces dates ont déjà été prises en compte dans le calcul de l’année dernière, elles ne peuvent légalement pas être prise en compte une seconde fois pour une ouverture de droits, ce qui annihile la mesure.
  • “Décaler la date anniversaire à la fin de la période de confinement”
    Les droits étant ré-ouverts au lendemain du dernier contrat, c’est à dire avant la date de confinement, ceci annule la mesure… sauf pour ceux qui arriveraient à travailler pendant le confinement et qui n’ont donc pas besoin de cette mesure !

Donc rien, pas un espoir, et pourtant, les charges personnelles persistent. Il n’a pas été proposé aux ménages de reporter leurs prêts immobiliers gratuitement. Chacun d’eux doit donc faire face… sans rémunération.

Et il y a l’après confinement, les annonces anxiogènes du chef de l’État : spectacles interdits, festivals annulés. interdictions de se rassembler – et par voie de conséquence les tournages repoussés encore. Toute une industrie à l’arrêt.

France Télévisions pourrait rester en JT “Grande-Région” jusqu’en septembre au minimum. Face à ces baisses drastiques de l’activité, Il va être impossible de rebondir et de “faire ses heures”.

 

Pour faire face à cette situation dramatique, Force ouvrière propose une année blanche c’est à dire 24 mois pour faire ses heures… une seconde chance, une planche de salut… Les intermittents espèrent ne pas être laissés “sur le bord de la route”. Emmanuel Macron y a fait référence lors de son étrange intervention du mercredi 6 Mai. Le chef de l’État semble nous avoir entendu. Dans les jours qui viennent viendra le décret d’application de cette mesure. Gageons qu’il soit plus applicable que le chômage partiel, le diable est dans les détails… à côté du tigre… comme disait Robinson Crusoé.

 

C’est l’histoire d’un gel turc

par Bruno DEMANGE
Délégué Syndical du réseau france•3
Secrétaire Adjoint du CSE france•3 réseau

Comme toutes les entreprises de notre pays, france•tv a été amené à rechercher de très importantes quantités de gel hydro alcoolique. Pas facile, alors que la demande excède très largement l’offre. Les fournisseurs ne sont pas faciles à trouver, surtout dans un délai aussi rapide. Comme d’autres sociétés d’Île-de-France, notre entreprise s’est adressée à une très grosse pharmacie, ayant pignon sur rue, et la confiance des plus grands groupes. À priori, sa réputation est indiscutable, et il n’y a aucune raison de ne pas lui faire confiance.

UNE SOLUTION AVEC UNE USINE TURQUE

Cette pharmacie est néanmoins en capacité de nous satisfaire, via les prestations d’une usine turque. Il nous est alors possible d’acheter à cette pharmacie de grandes quantités de flacons de 100 ml, 60 ml et 30 ml. Les colis sont acheminés via un transporteur belge, et, assez vite après le début du confinement, nous avons le sentiment que tout va bien : nous avons ce qu’il nous faut pour pouvoir tenir un temps conséquent.

DES DOUTES SUR LE FLACON DE 60 ML

Gel hydro alcolique HAND SANITIZER non virucide
© photo FO france•tv

Assez vite néanmoins, des questions se posent. Si nous disposons d’une fiche technique concernant la composition des flacons de 100 ml, il n’en est pas de même pour les “60”. Or, pour que les gestes barrières soient efficaces, il est essentiel que les gels soient reconnus comme étant “virucides”, c’est à dire avec plus de 60% d’alcool. C’est la norme !

Des questions sont posées dans différentes instances. Notamment lors de la CSSCT extraordinaire du 3 avril…

L’INFORMATION IMPOSSIBLE À OBTENIR

La direction partage cette interrogation. Dans la foulée des toutes premières questions, la responsable de la sécurité s’adresse à la pharmacie auprès de qui elle a passé commande : nous avons besoin de la confirmation selon laquelle les gels achetés sont bien virucides. Logique de s’adresser à la pharmacie : c’est elle notre intermédiaire… et nous ne connaissons qu’elle.

Plusieurs jours passent, et nous sommes toujours sans nouvelles. La pharmacie n’obtient rien. Pire : elle découvre que l’usine providentielle est désormais fermée. Voilà qui interpelle !! Que faire, alors ? france•tv décide alors de rechercher un laboratoire qui puisse effectuer cette analyse. Pas si simple non plus à trouver… mais nous y parvenons quand même.

UN RÉSULTAT STUPÉFIANT

L’information tombe au soir du 16 avril : les flacons de 100 ml sont bons, mais les 60 ml (ainsi que ceux de 30 ml) contiennent moins de 60% d’alcool. Beaucoup moins : 27% seulement ! À ce niveau là, ce n’est pas une erreur mais bien une escroquerie.

Dès le lendemain, les élus sont informés, et une communication est adressée à l’ensemble des salariés : ces derniers sont invités à rapporter ces gels frauduleux au plus vite, et l’entreprise recherche en urgence toute solution permettant de se réapprovisionner.

Juridiquement, c’est clair, l’entreprise, de même que la pharmacie, sont des victimes des actes malveillants des patrons de cette usine, profitant de l’effet d’aubaine. Mais les faits sont là : les premières victimes de cette affaire sont les utilisateurs, en l’occurrence les salariés, qui ont fait usage de ces gels, croyant être protégés alors qu’ils ne l’étaient pas ! Que s’est-il passé si certains d’entres eux ont croisé des personnes porteuses, lors de reportages par exemple ? Ils se croyaient protégés, alors qu’ils ne l’étaient pas… et sont peut-être devenus eux mêmes porteurs et de potentiels contaminants. contaminants. Et l’un des soucis, c’est ce chiffre : sur les 20 000 flacons mis en circulation depuis l’arrivée de ces gels, seule une très faible proportion a été retournée, suite aux appels de la direction. Que sont devenus tous les autres ? Le plus probable est qu’ils aient été utilisés.

QU’EN CONCLURE ?

Il est clair que ce vendredi 17 et les jours qui ont suivi ont été une sorte de désenchantement pour de nombreux salariés. Mais “les jeux étaient faits”, et malheureusement, il était impossible de revenir en arrière. Impossible de reprocher à la direction de s’être montrée négligente, alors qu’elle a juste été abusée. Les flacons de 100 ml étaient bien conformes, difficile de prévoir une arnaque de ce type sur les plus petits ? Nul doute en tous cas que “chat échaudé craint l’eau froide” et que nous saurons être encore plus vigilants à l’avenir.

Quant à la clôture de ce dossier, que va t-il se passer ? La DGCCRF a été informée et les autres clients de la pharmacie ayant acheté des gels provenant de la même usine probablement déjà informés. Juridiquement, c’est la pharmacie qui est tenue de reprendre le matériel frauduleux (qui, pour info, n’est pas “frelaté”, mais juste insuffisamment protecteur, ce qui n’enlève rien à la gravité de la fraude) et refournir à l’entreprise des flacons aux normes.

Quant aux responsables de cette entreprise turque, que peut-il leur arriver ? Peuvent-ils faire l’objet de poursuites ?

S’agissant d’une relation commerciale avec des dirigeants d’une entreprise hors union européenne (et qui ont disparu), on imagine aisément qu’un recours risque d’être compliqué.
Qu’en sera t-il ?

Affaire à suivre…

À bientôt Jean-Jacques
Bienvenue à Jean-Christophe

Ce joli mois de mai est celui du départ de Jean-Jacques Picca de l’antenne de france•3 Alpes. Ainsi va la vie !!
La RCC est clairement pour certains une façon intéressante d’envisager de nouveaux projets : départ à la retraite, changement de vie, création d’entreprise… Sans elle, certains salariés n’auraient peut-être pas mis en œuvre leurs envies. De ce point de vue là, la RCC est donc une bonne chose, mais le corolaire est que, pour celles et ceux qui restent, nous vivons des départs de collègues que nous apprécions.

Ce mois-ci, c’est désormais réalité aussi au sein de la famille FO et du collectif de l’antenne de Grenoble.

UN MILITANT, ET SURTOUT UN AMI

Jean-Jacques, nous sommes tous très fiers de le compter parmi nous. Engagé comme chef monteur sur l’antenne de france•3 Alpes après de nombreuses années d’intermittence (durant lesquelles il a réalisé plusieurs films, documentaires et œuvres personnelles), il connaît fort bien les différents métiers de l’audiovisuel. Faisant preuve de grandes compétences, il est surtout très sympathique, et, d’entrée de jeu, nous avons été très heureux de pouvoir l’accompagner dans ses démarches lorsqu’il a ouvert la porte de FO la toute première fois.

Mais Jean-Jacques n’est pas que ce professionnel chaleureux, il a aussi une autre facette : être au service des autres. C’est ce qui l’a naturellement amené à s’engager et a exercer plusieurs mandats lors des précédentes instances : délégué du personnel et élu du CHSCT.

En 2018, lors de la constitution des listes en vue du nouveau CSE et des nouvelles instances de proximité, Jean-Jacques a été très vite séduit par l’indépendance qui nous caractérise et par le fait que, avec FO, les choses étaient claires : tous les candidats sur la liste du CSE seraient ceux qui allaient être présentés ensuite sur les listes des représentants de proximité, s’ils totalisaient suffisamment de voix. Les salariés de france•3 Alpes qui le souhaitaient allaient effectivement pouvoir voter pour lui, y compris en local.

LE PLÉBISCITE DES GRENOBLOIS

C’est ce qu’il s’est passé, au delà même de ce que nous avions imaginé !
Si nous savions que Jean-Jacques était apprécié, nous ne nous doutions pas que les électeurs du Dauphiné/Savoie allaient placer FO en tête des résultats au élections du CSE.
La démocratie ayant été respectée dans les désignations effectuées ensuite par le CSE du réseau france•3, Jean-Jacques a donc tout naturellement été désigné secrétaire de l’instance de proximité, et président de la commission “Activités Sociales et Culturelles” de france•3 alpes. Et c’est avec loyauté, courage et dévouement qu’il s’est investi dans ces tâches, dans un contexte assez difficile. Qu’il en soit remercié, une nouvelle fois !

ET DEMAIN

Jean-Christophe SOLARI FO france•tv
© Jean-Christophe SOLARI – FO france•tv

À présent, une nouvelle vie s’engage pour Jean-Jacques, qui va pouvoir renouer avec la production cinématographique. Excellente nouvelle : il ne disparaîtra pas de france•3, puisque, parallèlement à sa nouvelle aventure professionnelle, il devient délégué du syndicat FO Médias pour le Sud-Est. De ce fait, il sera amené à suivre les dossiers des entreprises des médias d’Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Languedoc-Roussillon… Il continuera donc à s’investir sur les sujets de france•3 alpes.

Pendant ce temps, c’est un autre élu FO qui est désigné pour succéder à Jean-Jacques : le 23 avril dernier, Jean-Christophe Solari, journaliste à la rédaction de france•3 alpes a été élu représentant de proximité et président de la commission ASC. Jean-Jacques en est ravi ! Non seulement en sa qualité d’ancien élu, mais aussi à titre personnel, après avoir constaté à plusieurs reprises la justesse de son analyse, la pertinence et la mesure dont il a su faire preuve dans les situations particulièrement difficiles vécues à Grenoble.

Toutes nos félicitations à Jean-Christophe !


 

7 L’adhésion au temps du confinement

Le meilleur moyen de se faire entendre, quand on est salariés, c’est le syndicat. Le poids de Force Ouvrière (véritable syndicat indépendant) rééquilibre les forces en présence. Il permet ainsi de négocier d’égal à égal, afin d’obtenir ce que vous n’obtiendriez jamais seul. Négociation ou conflit, FO met chaque fois tout son poids dans la balance.

FO intervient pour vous conseiller et vous aider individuellement ou collectivement.
Une seule ligne de conduite : vos droits doivent être reconnus et vos revendications entendues et défendues.

Adhérez, en ligne sur FO france•tv !

Au final, l’adhésion vous aura coûté l’équivalent de 3 baguettes de pain par mois (groupe 4).
Avec l’effet “crédit d’impôt” calculé, 66% de ce que vous aurez versé sera déduit de votre imposition sur le revenu.

Et à la fin du confinement, passez nous voir au bureau R 2811, au 2e étage.

 

Ce journal a l’agrément de titre de presse du Ministère de la culture et de la communication
Éditeur : FO france•tv 7 Espl. Henri de France 75015 Paris — Directeur de la publication : Océan GRENIER, FTV, 7 Espl. Henri de France 75015 Paris — Rédactrice en chef : Marie-Pierre Courtellemont. Directeur artistique : Olivier Le Clanche. Imprimeur : Créa 3 Com 23 rue de Condé 77165 — CPPAP : 0424 S 08497.
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