Expérimentations de Radio Filmée à France 3 – Mais comment avons-nous pu tomber si bas ?

Depuis le début de l’année FRANCE 3 diffuse aux téléspectateurs d’Occitanie et de Côte d’Azur les matinales de France Bleu. 

Cette expérience vise à répondre à des injonctions de nos tutelles gouvernementales : augmenter la productivité de France 3 à coût constant et mutualiser les moyens de l’audiovisuel public.

D’un point de vue intellectuel, le problème se pose là. Comment nos dirigeants ont-ils pu concevoir de capter un programme radio en live pour en faire de la télévision, en imaginant que cela serait regardable ?Car le rendu de ces programmes est nul, honteux, indigne de la télévision de service public. 

Entendons-nous bien, il n’est pas dans l’intention pour FO de reprocher quoi que ce soit à nos collègues de France Bleu, dont les émissions « radiophoniquement » sont irréprochables, dynamiques et sur le fond très intéressantes. Mais « télévisuellement » c’est raté. C’est tellement raté que la direction prend la lourde responsabilité d’entacher l’image de France 3.

Honnêtement, comment pouvons-nous proposer cela à nos téléspectateurs ? 

Des flous qui dépassent parfois 3 minutes, une lumière terne, une réalisation automatisée qui vaut la retransmission web d’une radio associative, des images d’illustrations souvent incohérentes par rapport aux propos (ce qui pose un grave problème de déontologie), des annonces publicitaires induites, et des tapis images (pour combler les musiques ou les pages publicitaires de France Bleu) longues comme un jour sans pain : c’est tout simplement irregardable ! 

On est très loin de ce que propose franceinfo: RMC, ou même BFM… Ici pas de décors de télévision, on évolue dans le studio radio. Pour que cela fasse davantage télévision, certains animateurs ont consenti à répondre à la demande des dirigeants de France 3 : faire tomber leurs volumineux casques au profit d’écouteurs (type smartphone) plus discrets, vaste concession créative. 

C’est d’autant plus troublant, que France 3 s’est dotée d’une équipe de direction qui connaît bien les mécanismes de l’antenne et des programmes. Comment ont-ils pu faire cela à notre marque ? Comment ont-ils pu céder tout le contrôle éditorial d’une émission à France Bleu ?

D’autant que pour les salariés de France Télévisions l’intérêt de ces émissions est nul. France 3 ne fait que diffuser le programme de France Bleu, cela ne génère aucun emploi pour l’entreprise. 

En revanche, tout l’investissement technique et l’apport logistique que cela réclame (surcharge de travail sans aucune revalorisation pour les chefs-monteurs, documentalistes, JRI…) est entièrement financé par France 3.

Même « l’éditeur visuel » (un métier qui vient d’apparaître subrepticement) est géré par un prestataire payé à la facture. La direction semble se moquer  complètement de contrevenir à l’Accord de Branche de la Télédiffusion et aux respects de la nomenclature des métiers des salariés intermittents du spectacle… 

Bref, pour France 3, ces émissions n’apportent rien. Ni pour les téléspectateurs, ni pour les collaborateurs. 

Non, sérieusement, nous comprenons parfois qu’il faille répondre à des contraintes, mais la direction n’est pas obligée de faire peser toute la difficile construction de France 3 sur ces contraintes. Une organisation syndicale est aussi là pour défendre l’entreprise y compris contre les lubies de ses dirigeants. 

Là, en dehors de l’expérimentation, il y a urgence à revoir la diffusion même de ces « bidules » qui ne sont pas dignes de l’exigence de qualité du service public. A toute fin utile, nous rappelons à nos dirigeants que le principe de la radio, c’est « d’écouter » et que le principe de la télévision c’est de « la regarder ».

FO réclame ainsi l’arrêt immédiat de ces expérimentations ; la mise en place de matinales dans chacune de nos antennes, avec nos moyens internes de production et nos compétences artistiques, pour réaliser de véritables émissions de télévision dans lesquelles pourront participer nos confrères de France Bleu. 

De la radio filmée… même le concept est stupide.