Discrimination : France Ô ne mérite pas la haute définition

Imposer à France Ô de passer en basse définition dès septembre, c’est comme s’élancer sur un circuit de Formule 1 au volant d’une 2CV.  On l’aime bien la 2CV, sa bonne bouille, son petit côté rétro, un peu folklore. Si en plus on la repeint couleurs madras… Mais ne lui demandez pas de rester dans la course.

À l’heure où il n’est question que de téléviseurs LCD, de 4K et même la 8K qui pointe à l’horizon, le ministère de la Culture renvoie France Ô au Moyen-Âge de la télévision. Comment peut-on imaginer pérenniser une chaîne dans de telles conditions ? La 2CV, sur un circuit de Formule 1, n’est bonne qu’à faire un tour d’honneur avant de quitter le circuit pour laisser place aux vrais bolides estampillés France 2, France 3, France 4, France 5…

Pourtant France Ô fait partie de la même écurie. Pourquoi son traitement serait-il différent ? Est-ce que l’Outre-mer ne mérite que du bas de gamme, quand une porte-parole du ministère de la Culture annonce que « France Ô va devenir dès la rentrée une chaîne 100% ultramarine » ? 100% ultramarine, certes, mais en basse définition.

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Dans le même élan, le ministère peut toujours évoquer une nouvelle orientation « qui rompt avec l’ambiguïté du positionnement précédent », faut-il encore avoir les moyens de ses ambitions.

La réalité, c’est que la chaîne censée être un moteur pour la diversité au sein de France Télévisions paie au prix fort une politique de programmes sans ambition, menée par une équipe d’apprentis sorciers et de pieds nickelés de l’audimat. Il est vrai que la sacro-sainte diversité n’a jamais été le fort de France Télévisions qui réduit l’Outre-mer à ses plages et ses cocotiers.

Quelle belle image d’Épinal, mais désormais en basse définition…

Après avoir investi près de 2 millions d’euros (hors bâtiments) dans trois régies de diffusion haute définition à Malakoff, et contraint le personnel à travailler dans des « placards » durant les travaux, on demande aujourd’hui de diffuser en basse définition ?

Après avoir incité les spectateurs à s’équiper de téléviseurs HD, à grand renfort de campagnes financées par le CSA, on veut proposer de la basse définition au public ?

Faut-il détruire une chaîne existante pour créer une chaîne info ?

Dans six mois, on diffuse en 4/3 ? Et puis dans un an en noir et blanc ?

Partout peuvent retentir de beaux discours, venus de l’Élysée, de Matignon, de France Télévisions, mais « quand cessera-t-on d’être le jouet sombre du carnaval des autres ? », pour reprendre les mots d’Aimé Césaire.