Déclaration FO au Comité Central d’Entreprise / Un flot de mauvaises nouvelles !

Voici la déclaration de Force Ouvrière France Télévisions en ouverture du CCE du 25 mars 2015. Cette déclaration a été lue par le Délégué Syndical Central, Eric Vial devant le Président de France Télévisions, Rémy Pflimlin.

Siège de France Télévisions
Siège de France Télévisions

Soutien aux personnels de Radio France

« Avant toute chose, Force Ouvrière France Télévisions voudrait apporter son soutien le plus total, et notre solidarité la plus profonde à nos camarades et confrères de Radio France qui ont appris hier lors de leur CCE que la direction envisageait la suppression de 200 à 300 emplois dans l’objectif de réaliser des économies sur la masse salariale de l’ordre de 17 à 24 millions d’euros. Evidemment, ce sont aux salariés de trinquer. Le patron lui, en toute exemplarité a le droit au même moment à une voiture de luxe, un bureau flambant neuf à 100.000 € avec boiseries dorées, et peu « user » comme le révèle ce matin le Canard Enchaîné des conseils extérieurs, notamment pour sa communication, pour des sommes exorbitantes.

Le patron de l’audiovisuel public c’est l’Etat !

Cette annonce malheureuse nous rappelle hélas la situation que traverse France Télévisions. Une situation qui ne s’est toujours pas stabilisée. Et d’ailleurs aujourd’hui personne n’est capable de nous dire si après le Plan de Départs Volontaires qui court jusqu’à la fin de cette année, un autre plan de sauvegarde de l’emploi n’est déjà pas en train de couver dans les maroquins des ministères.

Cela nous rappelle aussi que les Présidents des entreprises de l’audiovisuel public appliquent sans broncher des consignes qui leur sont données par les tutelles.

C’est presque amusant de voir comment le Tout Paris s’empresse de commenter et de parier sur le prochain président de France Télévisions comme si cela pouvait avoir un intérêt fondamental, mais la vérité c’est que le patron de France Télévisions, c’est bien l’Etat. Et il en est de même pour l’ensemble des entreprises de l’audiovisuel public.

J’en veux pour preuve une petite anecdote récente. Les organisations syndicales de l’audiovisuel public ont été invités récemment à l’Assemblée Nationale par le député Noël Mamère pour discuter de la situation de l’audiovisuel. Les collègues de France Télévisions, de l’INA, de Radio France Force Ouvrière et la CGT ont répondu à l’invitation. L’ancien présentateur nous a expliqué qu’il était toujours intéressé par ce qui se passait dans l’audiovisuel mais qu’en gros il ne pouvait pas faire grand-chose. Au bout de sept minutes d’entretien, il nous remercie, et s’en va à ses occupations. Nous nous sommes retrouvés dans son bureau un peu interloqués, mais nous en avons profité pour échanger à titre d’information nos préavis de grève qui courent dans nos antennes. Et là, quelle surprise !  Alors que nous nous n’étions pas concertés, nous nous sommes rendus compte que nos préavis de grève étaient convergeants : – désorganisation dans nos organisations de travail ; réduction des dotations budgétaires ; externalisations de nos missions ou de nos émissions ; réduction du périmètre de nos missions.

C’est une grande lame de fond qui touche le service public. Il s’agit d’une volonté politique parfaitement calculée de mettre à genou le service public. Nous sommes consternés et écœurés de voir la campagne de déstabilisation de nos entreprises qui accompagnent cette stratégie gouvernementale. L’opinion publique a désormais cette mauvaise image de nous : nous avons du gras, nous sommes trop payés, il y a trop de placards : il faut nous faire la peau. Même l’annonce de la hausse de la redevance a été parfaitement orchestrée en faisant passer France Télévisions pour le bouc émissaire alors que la hausse de la redevance allait entièrement à l’Audiovisuel Extérieur de la France, tutélaire du ministère des affaires étrangères : quel mic-mac !

C’est pour cette raison que Force Ouvrière propose à toutes les entreprises de l’audiovisuel public de se joindre au mouvement national contre l’austérité du 9 avril prochain qui pourra se réaliser, en tout cas c’est notre projet, sur un préavis national conjoint et dont l’objectif est une négociation au niveau de l’Etat. Nous savons que c’est période de Carême en ce moment, mais nous n’allons pas nous laisser manger tout cru sans rien dire !

Le contexte général que traverse l’entreprise n’aide pas les travailleurs à rebondir et à se relancer… Le gouvernement via le rapport SCHWARTZ vient d’annoncer que le budget de FTV n’augmenterait pas (voire serait en diminution), et que la feuille de route prévoyait une nouvelle orientation pour France 3 (avec peut être la création d’une chaîne « tout info »).

Exercice du droit de grève : FO appelle l’Organisation International du travail à trancher

Puisque nous en sommes aux grandes résolutions, nous voulons aussi intervenir sur la note que vous avez envoyé Monsieur Pflimlin concernant l’exercice du droit de grève dans notre entreprise. Alors certains pourraient dire que nous avons eu le nez creux de ne pas nous être mis dans la procédure en référé qui a débouté les organisations syndicales. Mais sachez que Force Ouvrière soutient entièrement la démarche des organisations syndicales qui ont souhaité défendre les droits des salariés. Simplement pour nous, le référé n’était pas la cour adéquate puisqu’elle ne pouvait pas répondre sur le fond de la question.

Et c’est une question fondamentale qui n’est pas à prendre à la légère. Nous constatons malheureusement que l’exercice du droit de grève est contesté et remis en cause dans de nombreux pays européens. Mais il s’agit d’une liberté universelle fondamentale. Et vous vous êtes attaqué à cette liberté fondamentale, ici à France Télévisions. C’est grave, très grave. C’est pourquoi pour notre part nous envisageons de traiter de cette affaire, et nous espérons être suivis par les autres organisations syndicales, devant l’Organisation Internationale du travail.

Non à la réforme térritoriale

Autre sujet d’inquiétude profond : la réforme territoriale. Après la fusion de France Télévisions que les salariés ont subi avec violence, le gouvernement annonce, pour ces prochains mois ou ces prochaines années, une nouvelle réorganisation de l’entreprise notamment due à la réforme territoriale. Cette réforme va impacter naturellement les objectifs éditoriaux de l’information de France 3.

Ce n’est plus un tabou, certains hommes politiques parlent de regroupement de BRI pour coller aux nouvelles entités administratives. Monsieur le Président, nous voulons des réponses sur ce sujet. Oui ou non, certains BRI sont-ils amenés à disparaitre ou à être regroupés ?

Les salariés de France Télévisions sont épuisés par cette politique du « shaker », qui fait que, dès qu’on a terminé une organisation, on en invente une autre, sans jamais expliquer l’objectif de ces stratégies et c’est sans doute d’ailleurs ce que nous dira la restitution du Rapport Vacquin aujourd’hui.

Toutes ces réorganisations (ou peut-être faudrait-il dire « désorganisations ») provoquent un très grand malaise au sein de notre entreprise : elles fragilisent davantage les collègues, qui dans leurs vies professionnelles ou privées se retrouvent avec des caps difficiles à passer. Chacun de nous peut se retrouver un jour ou l’autre dans cette situation de fragilisation. Le seul recours est souvent, trop souvent, hélas, le collectif de travail, la camaraderie, mais pas l’entreprise. Les objectifs d’une organisation syndicale est de prévenir, et de protéger particulièrement ces personnels !

Attention aux communications hâtives…

Nous avons appris avec un immense chagrin le suicide sur son lieu de travail d’un de nos collègues à Nancy. Ce n’est pas la première fois, hélas, que nous sommes confrontés à un tel événement dans nos établissements ; la liste de ceux qui sont partis brutalement ou qui ont tenté de le faire s’allonge malheureusement. Nous souhaitons donc que ces appels de détresse ne restent pas lettre morte. La direction doit se montrer transparente et constructive. Elle doit rendre compte au CHSCT, tout en respectant une certaine confidentialité. Mais nous engageons la direction à être vigilante sur le suivi de l’enquête et de préserver l’indépendance totale de la commission paritaire qui vient d’être nommée à ce sujet afin d’éviter tout amalgame.

Néanmoins, Force Ouvrière appelle à une grande vigilance concernant les communications sur les suicides ou les tentatives de suicide dans l’entreprise. Il faut penser qu’autour de nous, il y a d’autres collègues fragiles auxquels ces annonces pourraient donner de mauvaises idées….

Nous ne ferons jamais d’accusations ou de conclusions hâtives, nous laisserons les enquêteurs faire leur travail mais nous exigeons d’être informés le plus possible afin de comprendre ce qui a pu se passer. L’objectif est clair : que de tels actes ne se reproduisent plus.

Ces annonces, toutes ces mauvaises nouvelles, accentuent encore la mauvaise ambiance générale, que les élus et les organisations syndicales dénoncent. Il faudra bien à un moment ou un autre que la direction se pose cette question essentielle : comment redonner aux salariés l’envie d’avoir envie ? C’est de sa responsabilité ! »