Stop ! Arrêtez tout !

Liminaire Force Ouvrière au CSE Réseau du 29 janvier 2019

 

Force Ouvrière France Télévisions prévoit un mouvement social sans précédent si la direction de France 3 ne cesse pas immédiatement ces agressions envers les personnels, mais aussi envers notre chaîne, notre entreprise, que les salariés défendent plus que tout.

Rarement, hormis la situation de 2002 et les 22 jours de grève qui s’en suivirent, France 3 ne s’est retrouvé dans une si mauvaise posture. Nous alertons très clairement la direction : elle doit desserrer  immédiatement les verrous et la pression mise sur les salariés, la situation actuelle n’est plus tenable.

 

Nous savons les contraintes subies en termes d’organisation de travail. Nous savons que la direction générale de France Télévisions demande d’augmenter substantiellement la productivité de France 3. Nous savons que dans le même temps, comme pour le reste de l’entreprise, France 3 est soumis au principe d’un non-remplacement pour deux départs. Nous savons que l’Etat demande de développer des synergies entre les entreprises de l’audiovisuel public… Mais la direction n’est pas obligée de tout accepter, en tant que responsable de ses équipes, des relations humaines (au sens premier du terme « relation humaine»). Elle est aussi là pour protéger ses subordonnées et défendre l’entreprise, pas pour « baisser la tête » et appliquer tout ce qui lui est demandé sans broncher.

Car que se passe-t-il aujourd’hui ? Les salariés de France 3 ne sont-ils pas abandonnés ? La direction n’est elle pas totalement déconnectée du malaise ambiant ? ¼ du réseau est soumis (ou va être soumis) à un plan de prévention des risques psychosociaux.

 

Cela commence par la saisine des présentateurs et présentatrices météo. La direction de France 3 souhaite uniformiser les météos à 1 minute sur tout le territoire. Elle ne s’interdirait plus d’externaliser la fabrication des météos. Toutes les excuses sont bonnes : « les présentateurs veulent évoluer et faire autre chose », « une minute c’est plus pratique pour les messages publicitaires », « aujourd’hui on regarde la météo sur son smartphone ». La direction est-elle déconnectée à ce point de l’antenne et des préoccupations des français pour ne pas se rendre compte que la météo est une information essentielle de France 3, que c’est en priorité l’information de proximité que cherche nos téléspectateurs ? Au lieu de réduire ou d’imposer un format qui vous permet de diffuser une publicité (puisque c’est apparemment le seul intérêt trouvé au module), il faudrait, au contraire, développer les météos. Laisser aux conseillers de programmes dans chaque antenne l’opportunité de développer d’autres météos, sur la qualité de l’air de baignade, la qualité de l’eau, l’enneigement, ou les marées. Regardons ce qui se fait autour de nous, y compris dans les chaînes d’information en continu… Non, ici, la préférence consiste à réduire et externaliser, la belle affaire…

 

Cela se poursuit l’expérimentation de matinales à Toulouse et à Antibes. Le document qui a été adressé aux élus de ce CSE pour vous enorgueillir du résultat est indigne. C’est une honte. Est-ce que ces élus ne sont pas « pris pour des andouilles » ? Entendons-nous bien, il n’est pas dans l’intention pour FO de reprocher quoi que ce soit à nos collègues de France Bleu, dont les émissions « radiophoniquement » sont irréprochables. Mais « télévisuellement » c’est raté. C’est tellement raté que la direction prend la lourde responsabilité d’entacher l’image de France 3. Honnêtement, comment pouvons-nous proposer cela à nos téléspectateurs ? C’est d’autant plus troublant, que France 3 s’est dotée d’une équipe de direction qui connaît bien les mécanismes de l’antenne et des programmes. Non, sérieusement, nous comprenons parfois qu’il faille répondre à des contraintes, mais la direction n’est pas obligée de faire peser toute la difficile construction de France 3 sur ces contraintes. Là, en dehors de l’expérimentation, il y a urgence à revoir la diffusion même de ces « bidules » qui ne sont pas dignes de l’exigence de qualité du service public. A toute fin utile, nous rappelons à nos dirigeants que le principe de la radio, c’est « d’écouter » et que le principe de la télévision c’est de « la regarder ».

 

Mais pire que tout, malgré nos accords, une politique d’externalisation de nos programmes et d’une partie de l’information est poursuivie. Cet objectif est de faire de France 3, un simple diffuseur. Nous vous le disons très fermement : nous ne laisserons pas faire. Nous ne laisserons pas démanteler notre entreprise. Car, pour Force Ouvrière syndicat ouvrier, qu’est-ce que la « machine de travail » dans une entreprise de l’audiovisuel ? Ce sont ses programmes ! C’est sur eux que doit reposer toute notre attention, car c’est sur eux que repose notre production et donc l’emploi. Externaliser nos programmes, en « vendant » notre identité à d’autres, c’est faire exactement ce que font certains patrons dans les usines qui démontent les machines pendant la nuit pour aller les délocaliser ailleurs, là où c’est moins cher, là où les ouvriers sont mis au pas. Cette attitude qui nous choque (et que nous dénonçons à juste titre dans nos reportages lorsqu’elle concerne des entreprises extérieures) devrait aussi nous choquer lorsque cela nous concerne.

 

Le « boulot » des patrons de France 3 consiste à « faire marcher le carnet de commandes » ! La direction est d’abord jugée sur cela, ce sera son bilan.

 

Nos reproches ne s’arrêtent pas là. Avec nos collègues de la CGT, FO a entrepris une grève illimitée à Nantes. Les salariés ont décidé de lever la grève hier après une semaine de grève sans interruption. Pire que tout pour une direction, les salariés, y compris des cadres, ont décidé de lever cette grève en rejetant les propositions de la direction et en maintenant leurs revendications. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que le dialogue est rompu et qu’il y a perte de confiance. Alors, que revendiquent les salariés de France 3 Pays de Loire ? Ils ne revendiquent pas d’augmentations de salaire. Ils ne revendiquent pas de création de poste, mais juste que des salariés malades ou en congés puissent être remplacés et que la direction pallie au sous-effectif par redéploiement ; rien de plus ! C’est ce qu’on appelle, dans notre jargon de syndicaliste, une « belle grève ». Et bien même cela, des revendications aussi saines que celles-ci, la direction n’est pas capable d’y répondre de manière définitive. Et surtout, il a fallu un rapport de force pour qu’enfin, elle apporte quelques réponses au malaise.

 

Le cas de Nantes n’est pas un cas à part. Les remontées de nos bases vont toutes dans le même sens. La surcharge de travail dans certains services devient oppressante. Nous recevons des témoignages, notamment de personnels administratifs, qui évoquent leur « peur de partir en congés ». Lorsqu’elles reviennent de vacances, personne ne les a remplacé, personne n’a fait leur travail à leur place ; elles se retrouvent donc submergées. Cela provoque évidemment tous les maux au travail que nous connaissons bien (et qui provoquent soit au mieux, de l’absentéisme, soit au pire, des accidents de travail). Ces organisations de travail tendues, la direction en est responsable.

 

A Strasbourg, c’est une nouvelle fois l’accord des Unités de Compétences Complémentaires qui est mis à mal. Une UCC, c’est une « compétence complémentaire » : ce n’est pas la possibilité pour la direction d’utiliser la polyvalence à outrance et sans contrôle. Or, pour des séquences d’enregistrements de groupe musicaux, la direction vient d’inventer le concept de « charte d’enregistrement » pour ne pas embaucher de réalisateur. Si la direction peut raconter aux salariés qu’on « ne peut pas faire telles productions si on doit embaucher un réalisateur parce que cela coûte trop cher », elle ne peut en revanche pas leur dire : « enregistrer un live ce n’est pas de la réalisation. Nous allons mettre en place une charte de mise à l’image pour des captations musicales  ».

 

Plutôt que d’inventer des « excuses bidons » en prenant des salariés pour des benêts, qu’elle profite de notre accord collectif : s’il y a besoin de personnels qui réalisent ou qui soient dédiés davantage à la fabrication de programmes ou de contenus, notre accord d’entreprise permet de faire évoluer des salariés, c’est d’ailleurs tout son intérêt. Au lieu de cela, encore une fois les relations se tendent car davantage d’efforts sont demandés, et souvent en dehors de toutes les contraintes d’accords collectifs, pourtant signés ! La direction doit respecter ses engagements et sa parole ; il en va de nos relations sociales.

 

Enfin, nous ne pouvons que regretter et constater la continuation de la politique de sape concernant les éditions locales de France 3. Maintenant, c’est celle de de Brest qui serait sur la sellette. Pour Force Ouvrière, l’information de service public de proximité est un enjeu majeur de démocratie. Partout où disparaissent des services publics de proximité, partout où disparaissent nos éditions locales, c’est l’obscurantisme qui progresse. Ce ne sont pas que des mots ou des grandes phrases, mais la triste réalité. Le mouvement des « gilets-jaunes » en est l’expression : cette colère, cette injustice, ce sentiment que nos élites sont déconnectées des réalités de notre quotidien. Effectivement, pour France 3, l’ensemble de ces recentralisations en réseau, cette volonté d’harmoniser, ces abandons de nos téléspectateurs, nous le payons cash. Nous nous souvenons d’un temps où cette chaîne était la chaîne préférée des français. Aujourd’hui, nous sommes obligés d’embaucher des agents de sécurité pour protéger nos journalistes dans l’exercice de leurs fonctions. Mais à qui la faute ?

 

Pour l’ensemble de ces raisons, parce que la situation sociale de France 3 est grave, parce que les organisations de travail sont défaillantes, parce que les efforts réclamés par la direction ne sont plus tenables, parce qu’externaliser nos programmes et une partie de l’information, parce que cette politique éditoriale régionale fragilise France 3, parce que nos accords collectifs ne sont pas respectés et parce que nous sommes dans le cadre d’une négociation de rupture conventionnelle collective qui vise à supprimer 1000 emplois, Force Ouvrière vous annonce qu’elle va réunir ses instances afin de répondre à la colère des salariés, s’il le faut par un mouvement social. Nous répondons ainsi à nos camarades de la CGT qui ont fait une proposition d’intersyndicale. »

2 réflexions au sujet de “Stop ! Arrêtez tout !”

  1. VOUS VOUS TROMPEZ DE COMBAT..
    Pour Strasbourg le comportement de vos élus et autres aux problèmes des compétences complémentaires ont été fait sans l’avis des salariés , ils sont bien conscient que le fait d’enregistrer des groupes dépassent leur compétences , vous ne leur avez même pas demander leur avis et cela a provoqué la suspension des enregistrements, alors qu’une dynamique étais en place vis a vis de personnes qui ELLES on envie de travailler. par contre cela ne vous inquiète pas la disparition du CCR de l’externalisation de nos captations tout cela pour essayer de justifier vos existences syndicales

    • Bonjour Lamire, la frustration de certains groupes de ne pas pouvoir enregistrer en studio est tout à fait compréhensible, et nous le regrettons. Mais ce que réclament les élus FO de France 3 Alsace c’est le respect des métiers et des pratiques professionnelles à la télévision. Comment considérez-vous la juste revendication des réalisateurs alsaciens qui se plaignent de ne plus avoir de travail à France 3 Alsace pour faire manger leurs familles parce que certains autres salariés font (sans qualifications requises) le boulot à leur place ? Si un jour, on faisait la même chose avec eux l’accepteraient-ils ? Pour FO, la captation d’un live de musique c’est de la réalisation ! Cette compétence doit-être reconnue et valorisée comme il se doit.

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