Liminaire FO au CSE Réseau – Avril 2021
Nous l’avons constaté voici quelques jours, un compte rendu d’instance de proximité, évoquant un article publié par un salarié du service communication concernant un événement en partenariat avec l’antenne, a suscité une vive réaction d’un autre syndicat. Que disait-il, ce compte rendu ? Que le lecteur du site ne faisait pas la différence entre un article écrit par un journaliste et un écrit par un PTA… Et qu’est-ce cet autre syndicat en a conclu ? Qu’il s’agissait d’une attaque contre les journalistes, ce qui n’était nullement l’intention de l’élue en question. Elle évoquait simplement une situation factuelle ainsi que des pratiques qui existent dans l’entreprise depuis longtemps.
Personne, à FO, ne nie les parcours difficiles permettant de devenir journaliste, qu’il s’agisse des formations initiales ou des reconversions. Et personne, à FO, ne nie les nombreuses attaques dont cette profession fait l’objet : oui, il est devenu difficile d’exercer ce métier, c’est tout à fait vrai (et encore cette semaine à Metz), et oui : les personnes qui exercent ce métier, qu’elles soient à FO ou ailleurs, peuvent être fières d’être parvenus à exercer ce métier qu’elles ont choisi. Mettre en cause cela n’était pas du tout le propos de cette élue, qui respecte totalement le métier des journalistes.
Si l’on en reste aux éléments factuels, elle évoquait un article rédigé par une personne qui n’est pas journaliste, et qui relatait donc un événement en partenariat avec France 3. Il est exact que cet événement était un colloque médical, et que relater cet événement signifiait donc effectuer un compte rendu des échanges entre participants. C’est une bonne illustration par rapport à des questions que l’on se pose assez régulièrement : qu’est-ce que le journalisme, et où sont les limites entre ce qui doit être traité par des journalistes et ce qui peut l’être par d’autres personnels ? Ce tract de cet autre syndicat cite des fondamentaux qui sont, non seulement parfaitement exacts, mais aussi un début de réponse : le journalisme est synonyme de rigueur, de vérification et de déontologie. Trois mots qui, effectivement, signifient quelque chose… D’autres qualités sont indéniables, tel l’esprit synthétique ou une plume. Certes, les journalistes ne sont pas les seuls professionnels de France TV à faire preuve de rigueur, ou d’avoir une « plume », mais ils sont les seuls, en revanche, à détenir une responsabilité (y compris pénale) sur ce qu’ils écrivent.
Une fois qu’on a exposé cela, se pose alors la question du contenu : y a-t-il besoin de ces qualités pour tout contenu, et n’existe-t-il pas des contenus nécessitant d’autres qualités ? En posant cette question, nous pensons notamment à des aspects artistiques tels que la créativité, ou bien à des aspects marketing tels que les bons mots pour une bonne mise en avant d’une marque (en l’occurrence la nôtre lorsqu’il s’agit d’un écrit de notre service communication).
On le voit bien : selon les contenus, les objectifs recherchés ne sont pas les mêmes, et selon le professionnel qui se livre à un exercice, il ne privilégiera pas les mêmes choses. Ce qui pose donc la question du but du contenu : que veut-on faire en décidant de le fabriquer puis de le diffuser ? Veut-on informer, distraire, ou mettre en avant notre chaîne ? La difficulté existe en particulier lorsque nous sommes à la frontière de ces objectifs, car rien n’est clairement rangé dans un tiroir.
Oui, de l’information peut divertir, un divertissement peut informer et tout cela peut être lié à une opération « maison » mettant en avant l’image de notre chaîne. Et oui, il existe des compétences complémentaires permettant à un spécialiste, sur un métier, d’avoir des compétences sur d’autres…pouvant aller parfois à des multi compétences.
Nous le savons tous : tout comme nous connaissons par exemple des monteurs qui exercent comme gestionnaires d’antenne (et qui sont bons dans ce métier qui n’est pas le leur), nous connaissons aussi des PTA qui, comme à France Info, dans le réseau France 3 ou en Outre-Mer, conçoivent des contenus mis à l’antenne. Tout cela n’est évidemment pas de l’improvisation : ils ont été formés à ces nouvelles compétences.
Mais l’un des sujets les plus marquants est celui-ci : quels types de contenu ? Quelques exemples sont parlants. Souvenons-nous des émissions qui étaient proposées à la mi-journée sur nos antennes régionales avant la naissance du 12/14. Leur tonalité et le type de sujets que l’on y trouvait étaient assez ressemblante à ce que l’on trouve aujourd’hui dans « Ensemble c’est mieux ». Est-ce du journalisme ou du programme ? Dans le même esprit, la frontière n’est pas toujours facile à percevoir dans certains formats longs. Certains sont fabriqués par un rédacteur et un JRI tantôt que d’autres le sont par un réalisateur et un OPV. Certes, entre les deux, le mode opératoire n’est pas exactement le même, mais au visionnage, ce n’est pas toujours perceptible. Autre exemple : la météo ! Pourquoi est-elle traitée par des journalistes au Siège, alors que ce sont des métiers artistiques qui s’y collent dans les régions ? Est-ce de l’information ? Ou du programme ?
Sortons un instant de l’univers France TV, et intéressons-nous à la couverture des événements sportifs. Nous avons souvenir d’une polémique voici près de 20 ans, quand une radio périphérique avait acquis les droits radio de la coupe du monde de football en 2002. Que disaient alors ses dirigeants ? Que l’offre d’une retransmission d’une compétition en intégralité n’entraient pas dans le « droit à l’information » mais était un spectacle ! Pour autant, c’étaient bien des journalistes sportifs qui en assuraient les commentaires, mais il est clair qu’on attendait d’eux autre chose qu’une simple rigueur journaliste.
Dans notre entreprise, à l’heure où la régionalisation va commencer à devenir réalité, et alors que nous tirons les premiers enseignements de l’expérience NOA, il est plus qu’urgent d’être en mesure de définir ce que nous considérons comme étant de l’info, ou du programme. Très clairement, nous avons besoin des deux, et nous avons besoin de professionnels compétents dans ces deux domaines si nous voulons réussir cet enjeu formidable qui s’annonce.
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