Nominations dans l’audiovisuel public : et les salariés dans tout ça ?

À chaque jour son lot de révélations sur la gestion et la nomination des patrons de l’audiovisuel public. Hier, c’était Renaud Revel qui dénonçait les tractations, les conflits d’intérêts, les saccages dans la nomination de Delphine Ernotte-Cunci et aujourd’hui c’est le site Médiapart qui révèle in-extenso des entretiens de l’audition de la nouvelle présidente du CSA, mettant directement en cause nos camarades de la CGT, alors qu’au fond, qu’y a-t-il de choquant à ce que des organisations syndicales rencontrent des candidats au poste de PDG de France Télévisions ? Les syndicats ne sont pas des usurpateurs, ils existent pour représenter les personnels. Nous pensons qu’il s’agit là de relations normales du dialogue social. D’ailleurs, nous espérons ne pas révéler un scoop en disant que Force Ouvrière France Télévisions a également rencontré à leur demande certains candidats, certains hauts fonctionnaires du CSA, et qu’il arrive régulièrement que les tutelles nous consultent.

Néanmoins, Force Ouvrière est écœuré. Dégouté par toutes les manœuvres politiques qui entachent les différentes nominations des entreprises de l’audiovisuel public. Cela démontre bien que nous ne sommes plus dans une République qui fonctionne correctement.  Les hommes politiques qui dirigent ce pays ont une très grosse responsabilité dans le désœuvrement pour la chose publique et l’engagement dans ce pays. Nous espérons maintenant un sursaut qui ne pourra se réaliser que par une sévère remise en cause de notre modèle de démocratie.

Premier acte. La nomination de Mathieu Gallet à la tête de Radio France.

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Mathieu Gallet, PDG de Radio France

Il s’avère aujourd’hui et plus personne n’est dupe, que le Président du CSA a voulu faire « un coup », contre l’avis de François Hollande qui avait promis une totale indépendance de l’instance. Très vite, il a été révélé que cette nomination surprenante était intervenue par le biais de certains réseaux d’influence, sans logique véritablement radiophonique ou professionnelle.  Les affaires qui ont suivi, l’incapacité du nouveau dirigeant à gérer la crise auraient dans n’importe quelle autre société du monde provoqué la démission ou la révocation du dirigeant. En France, il n’en ait rien.  Ni le gouvernement, ni le CSA ne sont capables de prendre leurs responsabilités. Résultat : les salariés de Radio France sont découragés par le traitement de leurs problèmes et de leurs difficultés.  Mais le plus choquant, ce sont surtout les dépenses dispendieuses entreprises par Mathieu Gallet, notamment pour ses conseillers en communication, la réfection de son bureau et le prix exorbitant de sa moquette et sa voiture de fonction. D’ailleurs la Cour des Comptes continue son enquête.

En pleine crise économique, alors que tous les jours, la presse nous annonce des licenciements et des suppressions d’emplois, voilà qu’un patron, payé par l’argent du contribuable se sentant au dessus des lois s’est cru bon de trahir le mandat donné par le peuple.

Deuxième acte. La nomination de Agnès Saal à l’INA.

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Agnès Saal, ex- PDG de l’INA. Elle est aujourd’hui chargée de la GPEC (Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences) au Ministère de la Culture.

Là ce sont les réseaux des grandes écoles et du haut fonctionnariat qui se sont mis en cadence pour faire nommer par le gouvernement cette ancienne de l’ENA. Comme, hélas, dans notre monarchie républicaine, les courtisans confondent engagement avec ascenseur social, elle a détourné des courses de taxi pour plus de 40 000 €. La Ministre de la Culture exigeant une exemplarité de ses mandataires sociaux a réclamé sa démission ou sa révocation. Au lieu de soutenir sa ministre qui osait enfin tailler dans le vif, le gouvernement lui a imposé la réintégration de Madame Saal, l’obligeant à être complice alors qu’elle dénonçait.

Troisième acte. La nomination par le CSA de Delphine Ernotte-Cunci.

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Delphine Ernotte-Cunci, PDG de France Télévisions à partir du 22 août 2015

FO n’a pas été particulièrement tendre avec le CSA après cette annonce. Nous contestons toujours l’opacité dans laquelle s’est déroulée cette nomination, et d’ailleurs nous l’avons exprimé très durement devant les représentants de cette institution. Il semble, une nouvelle fois, que des collusions et des conflits d’intérêts ont eu lieu dans les débats qui ont accompagnés cette désignation. Incontestablement ces actions sont condamnables. Les salariés sont épuisés par ce petit monde clanique qui s’attribue des postes en totale connivence sous couvert d’indépendance et de démocratie. Les travailleurs, les citoyens ne sont pas dupes : il faut arrêter de nous prendre pour des naïfs.

Force Ouvrière ne se fait pas d’illusion non plus sur les attaques dont fait l’objet la nouvelle dirigeante de France Télévisions. Ils viennent d’autres groupes de pression de l’extérieur ou de l’intérieur de notre entreprise, déçus de voir que leur poulain n’ait pas été retenu. Tout est bon pour faire passer la nouvelle patronne pour une zozo : des propos sexistes, des pseudo-relations avec des membres du CSA ou des patrons du CAC 40, sa supposée incompétence dans le domaine des médias, sa réputation de « cost-killeuse ». Toutes ces ficelles sont un peu grosses et ne visent qu’un but : la déstabilisation. Cette entreprise de nuisance dont elle est victime, est détestable, et jamais constructive pour l’avenir de l’entreprise.

Ces révélations sont alimentées par des journalistes peu scrupuleux. Des journalistes qui se font manipuler en ne vérifiant pas leurs informations. Ils attisent les braises en donnant notamment la parole à un ancien salarié de France Télévisions, licencié pour faute, aux opinons politiques douteuses. Ce personnage est ainsi trop heureux de pouvoir faire de l’agitation à 15 jours des élections professionnelles du Siège de France Télévisions.

Evidemment, cette conspiration ne déplait pas à tout le monde, y compris chez certains hauts dirigeants actuel de France Télévisions, complices de laisser faire en fermant les yeux, mais trop heureux de pouvoir bizuter le récipiendaire.

Au milieu de toutes ces affaires, les salariés de l’audiovisuel public. Tout le monde s’en fiche ?

La nomenklatura des politiques, de certains médias et des patrons de l’audiovisuel public ont une très lourde responsabilité dans ce qui se passe actuellement. Ils ravagent l’image de nos entreprises sans mesurer les conséquences économiques et sociales de leurs chamailleries. Par leurs entremises, France Télévisions, Radio France, l’INA sont décrédibilisés alors que les salariés de ces entreprises œuvrent quotidiennement avec rigueur, professionnalisme, et dans un sens du devoir profond de la mission de service public qui leur incombe. Eux, ils aiment leurs entreprises.

Les salariés sont dégoûtes et indignés. Indignés de n’être même pas pris en compte par ces querelles de prises de pouvoir.  Indignés des mensonges, des combines. Indignés d’une République qui recule sur ses valeurs. Indignés que l’engagement pour le service public ne soit plus la valeur cardinale de ceux qui parlent au nom de nos entreprises.

Force Ouvrière continue et continuera à défendre les intérêts des salariés. La lutte continue. Face à l’adversité et la corruption, FO restera le plus grand résistant.

1 réflexion au sujet de « Nominations dans l’audiovisuel public : et les salariés dans tout ça ? »

  1. Rien à ajouter, c’est parfait ! Mais qui aujourd’hui entend, au sens premier, ce message ? Sommes-nous donc déjà si proche du gouffre pour cela puisse continuer de la sorte ? C’est à désespérer de nos concitoyens. . . Jean-Jacques Picca

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