Pour avoir évoqué à l’antenne de France Télévisions « l’hypothèse d’un acte motivé par l’islam radical », un journaliste de la rédaction nationale risque-t’il une sanction disciplinaire par sa hiérarchie ?
Il est parfois risqué de faire son travail de reporter sur le terrain : un journaliste envoyé couvrir la perquisition au domicile de l’auteur de l’attentat à la Préfecture de Police est aujourd’hui menacé de sanction pour avoir évoqué « de manière prématurée » l’hypothèse d’un attentat.
C’est sans doute ce que l’on appelle « les risques du métier » : il peut arriver lorsque vous faites votre travail sur le terrain et que vous recueillez des informations – parfois exclusives – qu’on vous reproche d’être allé trop vite en besogne… en rapportant les informations recueillies sur place avant une annonce officielle.
Voilà la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui un journaliste de la rédaction unifiée france•2 / france•3. Convoqué hier après-midi par sa hiérarchie, cette dernière lui reproche aujourd’hui une « faute professionnelle » et le menace de « sanctions » pour avoir, dès le jour de l’attentat, évoqué à l’antenne « l’hypothèse d’un acte motivé par l’islam radical ».
Le jeudi 3 octobre, en début d’après-midi alors que la tuerie de la préfecture vient de se produire, ce journaliste est envoyé en urgence avec un JRI couvrir la perquisition au domicile du tueur qui se déroule à Gonesse.
Arrivée la première sur place, l’équipe transmet dans les meilleurs délais des images exclusives de l’intervention policière, du frère du tueur qui réagit brièvement devant la caméra.
Tout l’après-midi et jusqu’au milieu de la soirée, nos deux confrères recueillent des réactions d’habitants qui alimenteront l’ensemble des éditions du jour et du lendemain et obtiennent des informations vérifiées sur place.
Parallèlement, le rédacteur est sollicité en urgence pour effectuer une série de directs au téléphone pour la chaîne franceinfo:. Il ne rechigne pas à la tâche et assure cinq longs directs entre 17 et 19 h.
Dès 17 H30, grâce aux informations recueillies sur le terrain, il est le premier à révéler à l’antenne que le tueur de la préfecture était « converti à l’islam ». Cette information essentielle pour l’enquête ne sera donnée que vingt minutes plus tard par un « urgent » de l’agence Reuters (citant BFMTV) puis ultérieurement par l’AFP.
Ce journaliste a-t-il été félicité pour la qualité de son travail qui a bénéficié à l’ensemble des antennes du groupe ?
Il n’en demandait pas tant. En revanche, il ne s’attendait pas à être convoqué dès le lendemain (puis les jours suivants) par sa hiérarchie pour une « demande d’explication ». Pourquoi ? Que lui a-t-on reproché ?
Au fil des entretiens, qui se sont déroulés dans une ambiance chaque fois plus orageuse, notre confrère s’est vu reprocher un « défaut de maîtrise à l’antenne » en particulier d’avoir trop tôt évoqué « l’hypothèse » d’un attentat terroriste d’inspiration islamiste ce qui pour sa direction constituerait une « faute ».
En raison du refus de notre confrère d’admettre la moindre faute, le directeur de la rédaction nationale a évoqué de possibles « sanctions » notamment une « interdiction d’antenne » qu’il se réserve de prendre à l’encontre de ce journaliste.
Le directeur de la rédaction a au passage accusé notre confrère de se comporter en « militant » !? Cela nécessite des explications.
Le syndicat Force Ouvrière considère que ces menaces et ces mises en cause sont injustifiables.
Ces pressions relèvent de l’intimidation et du procès d’intention.
Le syndicat FO ne peut s’empêcher de se demander si la démarche de la direction de l’information à l’encontre de ce journaliste ne traduit pas une incapacité à discerner la réalité de l’information.
L’écoute attentive du parallèle antenne de l’ensemble de la spéciale de franceinfo: réalisée le jour de l’attentat permet de constater qu’aucune faute professionnelle ne peut être reprochée à notre confrère.
Voilà ce qui ce passe quand on est géré ou managé, au choix ! Par des pseudos journalistes , devenus chefs et qui ne croient que les dépêches d agences et ne font pas confiance aux journalistes de terrain. Soutien totale aux 2 confrères « militants ».