Une pénurie de scriptes que l’on pourrait éviter

Liminaire CSE réseau du 28 septembre 2021

Cet été, nous avons constaté que de nombreuses émissions n’ont pas pu être enregistrées dans le réseau France3. Pour quel motif ? Parce que des services sont particulièrement en tension en raison de la pénurie de CDDU scriptes.

Nous en concluons que la crise COVID en est sans doute une cause, car ces professionnels ont connu une paupérisation et ont donc dû s’éloigner de leur métier. Nous savons que le montant global des salaires est passé de 112 millions d’€ en 2019 à seulement 92 millions en 2020. Ces salariés ont donc été amenés à chercher des moyens de subsistance ailleurs.

Le bilan est le suivant : la pénurie de CDDU a augmenté, dans un contexte où la rémunération de ces personnels est meilleure ailleurs à l’extérieur qu’à France TV.

Mais rassurons-nous, pourrait-on se dire ! Car au 1er octobre, les salaires minimaux de la télédiffusion vont être augmentés… de 1,1% !! (Ceci est ironique).

Qu’est-ce que cela veut dire ? Que les scriptes du réseau vont passer de 170,51 € brut/jour à 172,38 € brut/jour.

Cette augmentation a été gagnée de haute lutte (et nous en sommes tout de même fiers) mais elle est très loin d’être suffisante.

Car lorsque ces mêmes personnels vont travailler pour la production audiovisuelle, ils sont payés 248,61€ brut pour 8h.  

Et lorsque ces mêmes personnels vont travailler pour TF1, ils négocient leur salaire de gré à gré.

Voici donc la vérité : nous ne trouvons pas de scripte pour assurer le travail de France 3 car nous ne les payons pas assez sur le réseau, alors qu’ils sont sollicités par la production audiovisuelle avec de bien plus hauts niveau de salaire, et ils y travaillent pour gagner leur vie plus correctement. Ils délaissent donc le réseau ; ce constat est aussi valable pour les vidéos et pour les monteurs. 

D’ailleurs, si les monteurs étaient payés 150 € brut/jour comme le prévoit l’accord de branche, nous n’en trouverions tout simplement aucun. Il a donc fallu se résigner à les augmenter. Et bien, il est temps de les augmenter tous. Tous ces professionnels qui nous ont permis de passer cette crise sans éteindre le poste, dont tous ceux qui sont limités à 80 jours par an et qui les dépassent inexorablement parce’ ils sont de moins en moins… et qu’on a donc de plus en plus besoin d’eux. 

Et pour couronner le tout, lorsque les CDDU restant sur le réseau effectuent des heures supplémentaires sur plusieurs contrats, on oublie alors encore aujourd’hui de les majorer…. Tout cela à cause d’un “problème de logiciel” nous expliquait la direction en 2015… Et que ce problème n’est toujours pas réglé 6 ans plus tard.

Globalement, la production audiovisuelle paye en moyenne à +40% à qualification égale. Pour les scriptes c’est +45% et ce n’est pas un cas isolé. C’est une réalité qu’il faut regarder en face si nous voulons mettre fin à cette pénurie. Et nous avons évoqué là la problématique majeure, qui est celle du vivier des CDD, mais on le retrouve aussi lors des recrutements en CDI : les candidatures sont rares, et quand il y en a, le niveau de salaire proposé peut se révéler insuffisant par rapport à des attentes qui s’expliquent par ce décalage entre France TV et le marché extérieur. Sans oublier que, à la différence des journalistes, les PTA ne perçoivent toujours pas le 13ème mois. FO appelle donc aujourd’hui à ce que les moyens nécessaires soient mis en œuvre pour sortir de ce contexte de pénurie, et que donc, l’entreprise procède au plus vite à cette réévaluation inéluctable de ces rémunérations.