Il y aurait un syndicat maison que la direction voudrait protéger ? C’est une rupture totale d’égalité entre les organisations syndicales qui vient de se dérouler.
A moins de 3 mois des échéances électorales professionnelles de France Télévisions, à quelques jours du vote à la commission de la carte de presse, la direction vient de mettre à disposition la grande salle de projection de MFTV au profit du SNJ FTV afin que le syndicat corporatiste organise « une conférence-débat ». A la lecture de l’invitation, chacun peut comprendre qu’il s’agit bien là d’un acte de campagne.
Pire, la direction PARTICIPE à cette réunion syndicale. Hervé Brusini sera présent comme « directeur de France Télévisions» et répondra à toutes les questions ; il sera accompagné du président de la Commission de la Carte et d’autres responsables du SNJ : une compromission totale.
Jusqu’alors, malgré les demandes de plusieurs organisations syndicales, la Grande Salle de Projection a toujours été refusée. La direction prétextait « qu’elle ne souhaitait pas que des réunions syndicales se déroulent dans cette salle afin d’éviter tout favoritisme ». D’ailleurs, même les Assemblées Générales des personnels ne s’y déroulent pas.
Sommant de s’expliquer les protagonistes ont des réponses confuses et plus ou moins franches : « ah bon il y a des élections ? », « On fait ce qu’on veut ! », « le syndicat va mal, alors oui on file un coup de main », « vous prenez ça comme vous voulez, nous n’avons pas à nous expliquer ». Bref, on nous mène en bateau…
Il faut dire que si la direction de FTV tente d’aider le SNJ FTV, c’est que le syndicat des patrons a manqué toutes les grandes échéances de notre entreprise et toutes ses réformes : ils ont rejeté la création de Franceinfo: et l’embauche de 80 personnes, ils ont refusé la première architecture des IRP bien plus favorable que celle que l’on nous propose aujourd’hui, ils ont rejeté le projet d’évolution salariale des journalistes avec des automatismes (comme pour les PTA), Ils n’ont pas signé l’accord de Qualité de Vie au Travail, l’accord Egalité Femmes/Hommes, la Gestion Prévisionnelle de l’Emploi et des Compétences, ils refusent encore la convergence des métiers etc.. Cette reprise en main du SNJ par la direction lui semble donc sans doute « nécessaire » face à la progression des syndicats réformistes de l’entreprise.
Cela corrobore les doutes que les salariés avaient sur les relations ambivalentes entre cette organisation et la direction. Les personnels techniques et administratifs s’en rendent bien compte puisqu’ils ont été totalement délaissés durant cette mandature. Leur souffrance au travail tout le monde s’en fiche, ils ne sont pas journalistes.
Mais FO pense aussi à tous les journalistes dans la précarité, à ceux qui sont ostracisés dans leur rédaction, à ceux qui se battent encore pour éviter que des éditions locales ferment, à ceux qui ont un engagement honnête pour leur entreprise, à ceux qui tentent d’améliorer les conditions de travail dans des rédactions fusionnées, à Jean-Marc Pitte licencié injustement etc… N’est-ce pas une trahison ?
FO FTV est le syndicat, sans distinction, de tous les salariés (CDI, CDD, pigistes, intermittents du spectacle…), journalistes ou pas. Nous serons toujours au Travail en première ligne pour vous défendre face aux injonctions, ordres ou intérêts de la direction. Un syndicat est au côté des salariés, pas des patrons.
Pour l’anecdote, Hervé Brusini représente « la direction » dans la commission de déontologie des journalistes, il est aussi côté direction au Comité Central d’Entreprise. Les électeurs et les futurs candidats apprécieront ces manipulations qui ne sont pas dignes de la neutralité des dirigeants du service public. C’est irresponsable d’agir de la sorte.