Semaine de 4 jours pour tous : une occasion historique pour France Télévisions

La semaine tunnel de 5 jours (et plus) dénoncée par Force Ouvrière a provoqué une certaine hilarité du côté de la direction. 24 heures plus tard, la même direction accorde la semaine de 4 jours aux rédactions de Paris et de Vanves (sic)… Une décision, selon elle, qui repose sur l’existant; « la qualité de vie des salariés est synonyme d’une plus grande efficience au travail » affirme le directeur général Patrice Papet. Mais cette logique, la direction refuse de la généraliser à l’ensemble du groupe. 

En résumé: à Paris, les journalistes pourront travailler 4 fois 8h45 (avec heures supplémentaires payées et majorées) ; en région,  le décompte horaire se fera sur 5  jours uniquement.

A France Télévisions, le jacobinisme est plus que jamais d’actualité. Nous savions qu’il valait mieux être proche du pouvoir dans cette entreprise, eh bien voilà qui est confirmé. L’accord collectif devait consacrer un statut unique pour les salariés ; il consacre des îlots de privilèges et donne en termes d’équité de traitement un bien mauvais signal aux salariés des territoires et aux directions de proximité. 

Oui, Monsieur le Directeur, comme vous le reconnaissez vous-même, une semaine de 4 jours serait vectrice de qualité de vie au travail, de plus grande efficacité. Il s’agirait en effet d’une vraie respiration pour les salariés, d’une meilleure productivité pour l’entreprise. Ce type de semaine réduirait sensiblement l’absentéisme, contribuerait à mettre fin aux cabinets de psychologues financés à grands frais, permettrait pourquoi pas de transférer les moyens de la direction de la santé vers la direction de la formation, axe majeur des prochaines années dans la gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences au sein du groupe. Tout cela conjugué à une vraie politique salariale équitable et raisonnable, la semaine de 4 jours est possible comme elle l’est dans les grands groupes industriels modernes.

France Télévisions est fatiguée et malade de ses réformes successives souvent imposées par la tutelle, elle l’est aussi par son temps de travail, asphyxiant.

Chacun sait que faire de la télévision est une activité de création qui demande une veille intellectuelle permanente, un investissement personnel important, une énergie qui doit être régénérée.

Après la parité salariale qui désamorce de nombreuses frustrations, la semaine de 4 jours représenterait la parité sociale dans l’organisation de la vie privée et professionnelle de chacun. Le dimanche, c’est déjà lundi ! Seuls ceux qui ne lavent pas leur linge ne le comprennent pas !

Le forfait jours sur 5 jours, c’est mettre un couvercle sur les forces vives. Pour force Ouvrière, il ne doit pas s’imposer au nom de la crise qui existe depuis plus de 30 ans, une idée que partage également le directeur. Mais selon lui, « la semaine de 5 jours reste la plus adaptée aux différents modes d’organisation de travail » ; il ajoute néanmoins que « les contraintes budgétaires ne la justifient pas forcément. »

Alors, pourquoi ne pas étendre la semaine de 4 jours à tous (sur le mode du forfait), sachant que certains services en sont très satisfaits ?

Les cadres et leurs amplitudes de travail de plus de 12 heures par jours sur 5 jours et les non-cadres doivent en bénéficier. La logique du gagnant-gagnant doit l’emporter : une entreprise gagnante dans sa productivité avec des salariés gagnants dans l’organisation de leur vie professionnelle et privée.

Oser la semaine de 4 jours, c’est donner du souffle à France Télévisions, à tous ses salariés dont il faut aujourd’hui gérer la longévité des carrières.

Ne pas la faire serait un échec pour la direction, une injustice pour les salariés. Ne pas la faire serait un rendez-vous manqué avec l’histoire sociale et économique de notre entreprise.

Semaine de 4 jours pour tous