Juste au lendemain du 1er tour des élections régionales les personnels de France Télévisions découvrent avec surprise l’éviction soudaine du directeur de l’information, Pascal Golomer.
Au vu de ses explications (qu’il a souhaité donner à son personnel le jour même vers 17 heures), aucun fait gravissime ne justifie l’urgence et la brutalité de cette décision.
Que s’est-il passé selon Monsieur Pascal Golomer ?
Comme il l’a expliqué à la rédaction nationale, il s’est rendu ce lundi à un rendez-vous qui était calé depuis longtemps. Alors que rien ne laissait présager quoi que ce soit, il lui fut simplement signifié « qu’il ne correspondait pas à la conception que notre présidente se faisait du poste ». « Il n’était pas assez rapide dans les réformes à engager ». Il a ajouté que « certains contenus d’informations ont été jugés discutables », notamment le traitement du fameux CCE d’Air France.
Aucun renseignement complémentaire n’a été fourni concernant ses nouvelles fonctions : il ne sait rien.
Force Ouvrière dénonce la méthode employée, ainsi que le calendrier choisi. C’est tout simplement irresponsable, qui plus est dans le contexte politique actuel. Cette décision provoque un grand malaise chez les salariés.
D’ailleurs la présidente le sait. Elle a choisi de présenter à la rédaction le nouveau directeur de l’information, Michel Field, en catimini, sans en informer ni en discuter avec les syndicats représentatifs des salariés : une erreur en terme de dialogue social ou une méconnaissance de la culture d’entreprise qui repose sur le débat et la compréhension.
A l’extérieur l’image de l’entreprise en pâtit. Les qualificatifs sur le management fusent : « impulsivité », « brutalité », « impatiente », « irréfléchie », nous entendons tout de la part des confrères…
Un management aux ordres
Dans notre entreprise, très ouverte sur son public, et déjà fragilisée par les constatations émises par Henri Vacquin, il semble évident qu’une décision si hâtive n’améliore nullement un climat social déjà bien dégradé.
La décision n’affecte d’ailleurs pas seulement l’ »ex-directeur de l’info », mais bien l’ensemble des salariés et notamment tous ceux amenés à exercer des responsabilités d’encadrement ! Ne risquent-ils pas d’avoir désormais cette impression désagréable selon laquelle ils seraient en sursis (à la merci d’une éventuelle éviction pouvant les frapper à tout moment) ?
Que dire aussi de cette façon de « ne pas savoir laisser le temps au temps » ? Que penser d’un management qui choisit de tout chambouler, non seulement à la tête d’un grand service, mais également à la tête d’une de ses chaînes… après seulement 4 mois d’exercice ? Pour les équipes de France 5 en effet, comment les choses vont-elles se passer ?
Travailler avec Monsieur Michel Field
Même si indéniablement le nom de Michel Field est porteur pour les téléspectateurs, Force Ouvrière France Télévisions ne souhaite porter aucun jugement sur les qualités du nouveau directeur de l’information. Il sera critiqué, comme ses prédécesseurs, sur ses actes et sur sa volonté de défendre le service public et l’indépendance de l’information.
Force Ouvrière espère qu’avec Michel Field, nous pourrons travailler en sachant associer tous les personnels, dans un esprit d’équipe.
Nous appelons au respect et à la promotion des différentes cultures, à la richesse de la diversité française, et à la défense des valeurs de la République. Nous ne voulons pas d’une information stéréotypée !
Force Ouvrière reconnait que le choix de désigner les cadres dirigeants de l’entreprise est bien une des prérogatives de la direction générale. Néanmoins, nous n’oublions pas pour autant que lesdits cadres dirigeants sont aussi des salariés, et qu’ils méritent donc un certain respect, dû à tout salarié.
Aucun salarié ne mérite d’être « remercié » comme l’a été Pascal Golomer, avec « froideur et brutalité » surtout s’il n’existe pas des motifs suffisamment cohérents pour justifier le caractère d’urgence.
Désormais notre syndicat attend avec impatience de la présidence de France Télévisions et de la direction de l’information, la présentation d’une ligne et d’un projet éditorial clair et construit. Davantage que de changer des hommes ou des femmes à la tête des services, c’est surtout de cohérence dont ont besoin les personnels journalistes.