L’annonce de la suppression des éditions nationales d’information de France 3 – baptisé projet Tempo – constitue un « changement culturel majeur » de l’avis même du directeur de l’information Laurent Guimier qui a souligné « l’émotion légitime » suscitée par un tel bouleversement au sein des rédactions concernées.
Pour ambitieux et novateur qu’il soit, ce bouleversement de l’information autour de 24 journaux télévisés entièrement pilotés depuis les stations régionales a pour objectif de renforcer le rôle des régions et de la proximité dans le traitement de l’information (ce que FO ne peut que saluer) mais ne manque pas de soulever des interrogations et quelques inquiétudes.
C’est bien la fin d’une grande aventure que vient sceller le projet Tempo.
Bâtie depuis plus 35 ans autour d’une architecture originale, en cohérence avec les journaux régionaux, l’information nationale de la 3 a largement contribué à donner une légitimité et une visibilité à l’ensemble des journalistes, équipes techniques et administratives de la chaîne.
Par leur ton différent, leur dynamisme, leur programmation horaire avancée, le 19/20 (L’info avant l’heure…disait-ton en 1986) puis le 12/13 ont contribué depuis plus de trois décennies à réinventer le traitement de l’information audiovisuelle en s’affranchissant des codes de la Grand’messe du 20 heures.
35 ans d’information nationale, ce sont plus de 27 000 éditions, des centaines de milliers de sujets, reportages originaux, interviews, directs… et même quelques scoops réalisés pour offrir une information de qualité digne du service public.
C’est donc cette page que l’on demande de tourner définitivement aux centaines de journalistes qui contribuent aujourd’hui à ces éditions.
Dans un paysage médiatique en perpétuel changement, Force Ouvrière n’est pas hostile par principe aux évolutions dès lors que ces changements visent à améliorer la qualité de l’information, le lien avec les téléspectateurs et les conditions de travail au sein des rédactions.
Qu’il soit néanmoins permis d’exprimer quelques interrogations sur la pertinence de ce grand chamboulement dont les contours demeurent flous et incertains.
Qu’il soit permis de formuler quelques inquiétudes alors que la seule assurance qu’un responsable de la rédaction a été capable de donner aux équipes concernant l’année de transition qui s’annonce, se résume à la déclaration suivante : « L’encadrement sera vigilant à ce que les conditions de travail se dégradent le moins possible et que chacun puisse trouver sa place dans la nouvelle organisation ».
Le moins que l’on puisse dire, c’est que certaines assurances ne sont pas très rassurantes.
Que la direction soit en tout cas assurée que le syndicat Force Ouvrière sera tout aussi vigilant durant cette séquence 2022-2023 qui s’annonce particulièrement sensible.
Force Ouvrière se tiendra aux côtés de chaque salarié pour assurer la défense de ses droits légitimes, qu’aucune ligne rouge ne soit franchie et afin que chacun puisse trouver, dans le dialogue et la concertation, sa place dans le projet Tempo.