FTV / Présidentielles
Le programme des candidats au banc d’essai
Quel avenir pour France Télévisions ? Nous avons demandé aux 11 candidats de se prononcer sur l’avenir de l’audiovisuel public. La culture a été la grande oubliée des débats de l’élection présidentielle. On a parlé d’économie, de sécurité, de politique internationale, d’immigration… Et pourtant, plus que tout, la culture est ce qui nous lie et porte nos traditions : qu’avons-nous à transmettre ? Quelle est l’ambition des candidats pour porter la création française sur les écrans ? Pour diffuser cette culture, aurons-nous la possibilité d’une offre télévisuelle forte et vivante ?
Nous avons donc demandé aux candidats de décliner leur programme concernant FTV : développer la création ? Continuer le processus de réinternalisation de la production amorcée depuis 2015 ? Moderniser la redevance (faire évoluer l’assiette, élargir la contribution aux détenteurs d’ordinateurs, de tablettes et de smartphone) ? Quelle politique pour l’emploi dans le groupe ?
Sur ces questions, FO a demandé aux candidats de clarifier des points importants pour les salariés. L’Etat doit avoir une vision stratégique pour l’audiovisuel public. Dans une campagne présidentielle inédite, voici leurs réponses…
(Réponses des candidats par ordre alphabétique)
L’offre audiovisuelle publique : quelle est votre vision au sujet de ces deux piliers, l’information et la culture ? Selon vous, l’Etat doit-il s’engager pour un service public de l’audiovisuel fort et garant d’une information de qualité et de contenus culturels fédérateurs et innovants ? Dans quelles proportions ?Le service public doit-il offrir des programmes différents de ceux du privé, quitte à ceux-ci soient moins générateurs d’audience ? Ou au contraire, doit-il tenir compte des souhaits des téléspectateurs ?
Le budget : quel volume de budget ? Pour quelles missions ? Pour combien de chaines ? Combien de sociétés ? Quel niveau d’effectifs ? Seront-ils maintenus comme aujourd’hui ? Et quel niveau d’investissement sur le numérique ?
La pub sur les chaînes du service public : êtes-vous favorables à un retour de la pub après 20h? Entre 20h et 21h par exemple ? Ou maintien des dispositions actuelles ? Ou suppression totale ? Et quels choix pour la redevance ? Alors que celle-ci, avec 137 euros par foyer disposant d’un téléviseur, se situe au 10ème rang européen, derrière l’Irlande et la Slovénie, faut-il élargir l’assiette aux tablettes et smartphones ? Aller jusqu’à la « redevance universelle » (qui la ferait alors devenir un impôt) ? L’augmenter ? Et de combien d’euros ?
L’avenir de France 3 en régions ? Maintien d’un réseau piloté au plan national ? Ou davantage d’autonomie ? Pour quel volume de programmes ? Comme aujourd’hui ? Ou avec l’idée de tendre vers une offre de plein exercice ?
Et quelle est votre position par rapport aux écrits de Fondapol il y a quelques mois (avec l’idée de privatiser France 2, et fermer France 3 + France 4) ? L’emploi nécessaire pour une création de contenus d’information et de divertissement de qualité sera-t-il préservé ? Dans quelles proportions ? La culture est-elle selon vous un « ciment social » qui donne du sens à la vie en société ?
Nathalie ARTHAUD
Vous n’êtes pas sans ignorer que dans cette campagne j’avance un programme de luttes, exprimant les revendications fondamentales nécessaires au monde du travail, centré autour de l’idée de faire entendre le camp des travailleurs.
Je n’ai pas édité, comme la plupart des autres candidats, de catalogue de promesses concernant tous les domaines de la société et toutes les catégories, car je suis convaincue que les idées que j’avance sont à ce jour les plus déterminantes et qu’elles ne pourront s’imposer que par une lutte d’ensemble des travailleurs. Cela ne signifie pas, bien sûr, que nous n’avons pas un certain nombre de positions spécifiques concernant d’autres sujets comme ceux sur lesquels vous m’interpellez, même si je ne répondrai pas à la totalité de vos questions.
Les médias, encore plus aujourd’hui qu’hier, ne sont pas des secteurs à part de la société capitaliste, de ses luttes d’influence et des grandes sociétés qui en cherchent le contrôle. Il en va donc de même des journalistes, dont la liberté est au final contrainte par les conditions d’exercice de leur métier, par le patron de leur chaîne ou de leur journal, par sa ligne éditoriale, les annonceurs et leurs pressions éventuelles et également par leur propre volonté de s’affranchir ou non des cadres ainsi fixés.
Loin d’être « moderne et équitable » comme le prétendait Aurélie Filipetti lorsqu’elle était encore ministre, la redevance télé est, comme la TVA, un impôt injuste car il touche indistinctement le salarié payé au SMIC et le bourgeois qui verse à l’ISF.
Je suis donc pour supprimer cet impôt et pour « faire payer les riches » à savoir les grandes chaînes privées comme TF1, M6, Canal Plus, et toutes celles qui sont apparues ces dernières années qui appartiennent toutes à des capitalistes riches à milliards.
Je suis par ailleurs pour supprimer la publicité sur les chaînes publiques. Les chaînes et radios publiques pourraient être un moyen fantastique de cultiver, d’ouvrir l’esprit de tous, et non d’être le vecteur des intérêts économiques des grands groupes à travers la publicité. Il faudrait également que cesse la précarité pour tous les techniciens et les petites mains du secteur audio-visuel sans lesquels pourtant rien ne serait possible.
Pourquoi également le secteur public continue-t-il de répandre, sur les fonds publics donc, la parole religieuse chaque semaine, alors que la voix des athées y est continuellement absente ?
Concernant la question de la régulation de l’audiovisuel, je dirai que le mot convient autant à ce secteur que la morale au monde des affaires.
C’est au mieux un vœu pieu. Car ce sont aujourd’hui pour l’essentiel les groupes capitalistes les plus puissants qui ont le contrôle de l’audiovisuel privé, directement, ou de façon plus sournoise par la pression des annonceurs et la dictature de l’audimat.
Les grandes manœuvres de ces dernières années dans le secteur de la presse et des médias sont comparables à ce qui se passe dans le reste de l’économie, à coups de fusion et d’acquisition sur le dos des salariés de ces groupes et sans la création d’une valeur nouvelle. La différence est que ces groupes ont un pouvoir exorbitant de « faiseur d’opinion » et que les combattre est donc une nécessité vitale.
François ASSELINEAU
Vision du service public audiovisuel
François Asselineau considère que le service public audiovisuel passe déjà par la renationalisation de TF1. Parce que c’est la première chaîne française, et qu’elle dispose de ce « fond de commerce » chez les français. Pour François Asselineau, la première chaîne doit être publique. De plus, depuis sa privatisation, son cahier des charges sur le plan culturel n’a jamais été respecté.
Il rappelle que dans les grands pays tels la Grande-Bretagne ou le Japon, BBC 1 ou NHK sont publics. Cette renationalisation coûterait, d’après lui, de l’ordre de 1,7 à 2 milliards… »à mettre en parallèle avec les 14 milliards que l’Europe restitue aujourd’hui à la France, sur les 23 milliards versés chaque année.
Cette volonté s’inscrit dans une volonté plus large de renationalisation de tous les services publics majeurs (EDF, GDF, Orange, les sociétés d’autoroutes…mais aussi TDF).
Pour faire quoi ?
Asselineau souhaite une offre interactive, dans laquelle les Français pourraient s’exprimer beaucoup plus qu’ils ne le font aujourd’hui. Quant aux programmes, il les souhaite « beaucoup plus ouverts sur le monde, et moins américanisant qu’ils ne le sont aujourd’hui ». Combien de chaînes ? Quelle offre ? Quelle présence dans les régions ? Et combien de salariés pour assurer quelle mission de service public ? F. Asselineau pense qu’on entre là dans du détail qui ne relève pas du chef de l’État, mais du Parlement. Sur le principe, il faut plusieurs chaînes et une présence sur les territoires. Quel volume ? À voir… Peut-être faudrait-il restructurer quelque peu, mais c’est au parlement d’en débattre.
Quelle info ?
En l’état, l’info du service public est contestable : on y trouve des partis pris politiques dont plusieurs courants (dont le sien) se disent victimes. Il qualifie cette position de « propagande politique », à laquelle un service public ne doit pas se livrer.
Budget / Redevance / Publicité
Clairement, selon lui, un service public ne doit pas dépendre de la publicité. F. Asselineau est donc pour la suppression totale de la publicité, et donc pour un renforcement des moyens publics alloués.
Sur le rapport Fondapol
« Ce type de structure n’a pas d’autre but que de démolir la France, tout vendre à des fonds étrangers…et notamment les grands services publics français ».
F. Asselineau est favorable à un grand service public à la française, dans l’esprit de celui issu du Conseil National de la Résistance » en 1944.
Un programme à gauche ? Peut-être mais il qualifie son programme comme étant moins à gauche que celui du programme commun de 1972 (ou celui de 1981) mais juste un programme prônant l’égalité entre les Français.
Laurent JACOBELLI
pour Nicolas DUPONT-AIGNAN
Sur les missions du service public
Laurent Jacobelli se dit « ardent défenseur du service public. Il nous expose tout d’abord l’attachement de Nicolas Dupont-Aignan pour ledit « service public ». Celui-ci doit être fort pour INFORMER, CULTIVER ET DIVERTIR. « Divertir fait aussi partie des missions du service public, mais de façon différente que les logiques commerciales. Au sujet de l’information, celle-ci doit pouvoir expliquer les faits.
Concernant les programmes, le service public doit savoir être un « laboratoire », et ne pas proposer que des offres adaptées des concepts américains.
France Télévisions doit pouvoir créer des formats français, par lui-même, par un plus grand recours aux moyens internes (et ne doit pas « surpayer » des producteurs privés).
Pour être synthétique, Nicolas Dupont-Aignan souhaite pour le service public audiovisuel :
– Des missions claires
– Des moyens constants
– Et des moyens mieux attribués
Le candidat entend par là l’importance d’un gisement d’économies, afin que les moyens soient là, sans augmentation des budgets.
À cette logique comptable doivent être associées des valeurs d’exemplarité.
Le réseau France 3
France 3 a vocation à rester la chaîne des régions : son réseau est donc une force et non un poids.
Le candidat est attentif aussi à la problématique des nouvelles régions : celles-ci ne correspondent pas forcément aux attentes des téléspectateurs, et une offre importante à l’échelle de ces régions aurait inévitablement des conséquences néfastes sur l’emploi. Pour ces deux raisons, Nicolas Dupont-Aignan est défavorable à ces programmes « grande région » et rappelle l’importance de la grande proximité. Il rappelle que l’élu préféré des Français est le maire, et que, s’il y a besoin d’un réseau national, il y a aussi besoin de « très local ». Et dans cet esprit, la part de programmes de proximité est beaucoup trop réduite. Si la logique de décrochage lui semble cohérente, ceux-ci doivent pouvoir s’opérer avec davantage de souplesse et de créativité locale.
La question de la publicité et de la redevance
Nicolas Dupont-Aignan est favorable à un statu quo, ne serait-ce que parce qu’un changement de règles tous les 5 ans est détestable.
L’autre motif est que le service public a besoin de moyens, et que le matraquage fiscal est suffisant, sans pour qu’il ne soit pas envisageable d’augmenter encore la redevance.
En conséquence, pas question d’envisager une « redevance universelle » ! Toutefois, si un ordinateur constitue un moyen pour son utilisateur de regarder des offres de télé publiques, la question d’une « redevance adaptée » visant ces écrans doit être envisagée. Sans qu’elle soit intégrale, et totale…
La question de la part de télévision qui existe dans l’utilisation d’une tablette doit pouvoir être posée clairement ! Même si celle-ci est variable d’une situation à l’autre, d’une personne à l’autre, d’un événement à l’autre…
Nomination du président
Cela s’accompagne d’une réforme profonde du CSA. Le nouveau CSA réellement indépendant, dans lequel des téléspectateurs siègeront, pourra effectuer ses nominations. Ce CSA devra être un vrai comité de surveillance, et pas juste 9 sages en lien direct avec le pouvoir.
Position sur le travail de Fondapol
Laurent Jacobelli n’y va pas par 4 chemins : « c’est une folie » nous dit-il tout de go. Que la question éditoriale soit posée, c’est une chose…mais sans que la question d’une fermeture puisse être envisagée. Après, il est sûr qu’il y a un problème dès lors qu’il n’y a pas de téléspectateurs !
Le candidat a le sentiment que la « vraie » mission de France O est dévoyée par une trop importante diffusion de fin de stocks.
De même, on peut s’interroger sur le pourquoi de la coexistence de deux chaînes d’info sur le service public : France 24, et la nouvelle Franceinfo ! N’y a-t-il pas des solutions à trouver, pour que l’objectif recherché par chacune d’elles puisse être atteint via un projet unique ?
Sur la question du numérique
L’approche du candidat est que France TV est plutôt pas mauvais sur le numérique. De belles choses ont été entreprises, avec de l’interactivité en prime.
De ce pont de vue, le projet Franceinfo est une bonne idée.
Toutefois, pour bien préparer les médias de demain, il faut clairement axer davantage sur la Recherche et le Développement…alors que l’on ne sait pas encore clairement ce que les nouvelles difficultés seront.
Jean-Pierre LELEUX
pour François FILLON
Sur les missions de l’audiovisuel
François Fillon est partisan d’un audiovisuel public avec cette envergure. En l’état, il représente 1/4 du paysage offert aux téléspectateurs : c’est un bon équilibre.
Mais il est important que le service public sache se différencier, et qu’on réussisse à le reconnaître dès le premier zapping. Il ne faut pas chercher à faire de l’audimat à tout prix. Ceci dit, dans le projet de campagne, l’audiovisuel est à peine effleuré. En revanche, Jean-Pierre Leleux, impliqué dans la campagne de François Fillon, a élaboré une étude très complète dans un rapport parlementaire en 2015, co-écrit avec le sénateur socialiste André Gattolin. Et il est fort probable que ces idées alimentent fortement la réflexion de ce que serait l’action du candidat, s’il est élu président.
Pour quels programmes ?
Jean-Pierre Leleux s’interroge quant à une concurrence pouvant être jugée comme inutile entre France 2 et France 3 sur le plan de l’info nationale. Cela mérite une réflexion, surtout en considérant que France 3 est une chaîne liée aux réseaux de proximité, au cœur des régions.
Il ne s’agit pas de vouloir réduire le nombre de chaînes mais d’engager une réflexion sur le positionnement éditorial de chacune d’elles : notamment France Ô et France 4
L’information mérite un traitement plus objectif que ce que nous avons parfois pu voir (avec des sujets très « à charge »). Il faut être très vigilant là-dessus, justement parce que c’est le service public, et qu’il se doit de ne pas tomber dans certaines dérives. N’oublions pas que, si la classe politique peut avoir « mauvaise presse », « les médias ne sont pas loin derrière ». L’objectivité est donc essentielle pour bénéficier d’une bonne crédibilité…qui plus est lorsqu’il s’agit du service public.
Jean-Pierre Leleux se dit donc partisan d’une offre publique bien identifiée.
Côté création, le service public doit, là aussi, tenir sa place, d’autant plus que l’évolution de la loi lui permet désormais de faire davantage en interne, et avec la détention des droits, que par le passé.
Sur l’organisation du service public audiovisuel
Dans leur rapport parlementaire, les sénateurs Leleux et Gattolin étaient allés assez loin dans l’idée d’une structure unique gérant l’intégralité des missions et collectant l’intégralité des recettes : dans le rapport, ce groupe était baptisé « France Médias» et pouvait théoriquement voir le jour en 2020.
Dans les faits, l’État n’ira probablement pas aussi loin. Pourquoi pas la conservation des différentes sociétés (France TV, Radio France, France Médias Monde et les chaînes parlementaires + l’INA), mais que toutes soient inclues sous une même holding ? Ainsi, c’est la holding qui recevrait l’intégralité des recettes, et son conseil d’administration serait maître de la répartition. Ce serait mieux, selon lui, que la pratique actuelle de la répartition, beaucoup plus aléatoire.
Jean-Pierre Leleux en profite pour préciser qu’il est très satisfait de la façon dont Franceinfo fonctionne, avec 4 des 5 acteurs publics de l’audiovisuel qui travaillent ensemble. Certes, ce n’est qu’un début, et la qualité doit quand même s’améliorer !
Quel financement ?
Jean-Pierre Leleux appelle à la refonte de l’actuelle « CAP » (contribution à l’audiovisuel public).
Nous pouvons dire aujourd’hui que tout le monde possède au moins un écran permettant d’avoir accès aux offres du service public audiovisuel. Et donc, il y a une logique que tout le monde paye cette redevance (qui serait alors « universelle »), au même titre que la taxe d’habitation. À ce moment-là, cette contribution deviendrait un « impôt », et entrerait dans le pourcentage de calcul des taux de prélèvements obligatoires, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Certains disent à ce sujet que cet affichage est un problème, car le passage à la redevance universelle ferait encore monter ce taux déjà très élevé d’un point supplémentaire.
Lui pense au contraire que ce n’est pas un problème :
– Ce ne serait que transparence, puisque cette redevance est bel et bien payée aujourd’hui par 98% de la population
– Nous enregistrerions des économies de recouvrement
– Nous rejoindrions l’Allemagne, qui a déjà fait ce choix, en dépit de l’intégration dans les taux de prélèvements obligatoires.
Quid de la publicité ?
Jean-Pierre Leleux se dit réservé à l’idée de la conservation d’écrans publicitaires sur le service public.
Dans leur rapport parlementaire, les deux sénateurs évoquaient le passage à une « publicité raisonnée » sur le service public.
En clair, que l’on y trouve uniquement des messages qui ne soient pas contradictoires avec l’environnement et la qualité de vie.
Mais l’idée semble compliquée : qui contrôlerait ?
En tous cas, le sujet ne fait pas l’unanimité dans l’équipe : certains plaident pour la suppression totale, d’autres n’y sont pas favorables (quasi exclusivement pour des raisons financières, puisque la suppression entraînerait une perte de 10% du budget).
La suppression ne peut donc pas s’envisager sans la garantie d’une équivalence financière, mais le fait de supprimer la pub irait dans le sens de la différenciation.
Dans la refonte financière, au-delà de la question de la redevance elle-même, il y a aussi la réforme de la « taxe Copé » sur les fournisseurs d’accès à internet.
Créée pour compenser la suppression partielle de la pub, cette taxe sur le chiffre d’affaire des opérateurs devait être destinée au service public audiovisuel. Dans les faits, il ne bénéficie que d’une partie.
Le numérique
« Il n’y a pas si longtemps, France TV était très en retard » explique Jean-Pierre Leleux, « mais l’entreprise a su s’adapter, avec les accélérations des dernières années qui ont été positives ». Le sénateur estime qu’il est nécessaire de « mettre le paquet », même si la technologie va souvent encore plus vite que les innovations.
Pour schématiser, la question n’est pas de savoir si le linéaire va s’arrêter mais quand. En n’oubliant pas que les habitudes de consommation évoluent, et que l’ensemble des médias doivent faire avec. À son avis, l’info peut rester un rendez-vous qui se retrouve en direct, mais il n’en sera pas de même avec un grand nombre d’émissions (qui seront de plus en plus délinéarisées).
L’anticipation est donc primordiale : c’est ce qui se passe avec la refonte de Pluzz et la mise en route d’une plateforme de SVOD. Arte pourrait être une sorte de modèle, en réussissant à ne pas perdre son auditoire.
Sur le rapport de Fondapol
À ce sujet, Jean-Pierre Leleux est formel : il n’est pas du tout en phase avec ce qui a été écrit par l’auteur de ce travail. Ce n’est nullement ce que l’équipe de campagne de François Fillon peut penser du service public. Celle-ci ne se place nullement dans des pistes de réflexion de cet ordre.
Patrick BLOCHE
pour Benoît HAMON
Réponses apportées par Patrick Bloche, député et Président de la Commission des Affaires culturelles et de l’Éducation de l’Assemblée Nationale, également membre du Conseil d’administration de FTV
Le candidat du Parti socialiste est très attaché à l’audiovisuel public qui a un rôle central à jouer dans la démocratie. D’où la volonté de renforcer les missions qui lui incombent : information/ culture/ divertissement, trois marqueurs forts de l’identité du service public.
Benoît Hamon a pris des engagements pour ne pas changer les périmètres de FTV, ce qui requiert d’accentuer les capacités de financement. Pour ce faire, il y a deux propositions :
-il aimerait à long terme que l’audiovisuel public ne dépende plus des variables des recettes publicitaires, parce que ces dernières sont dépendantes du contexte économique. En attendant, il veut le maintien de la publicité dans la journée, pour ne pas fragiliser l’équilibre actuel.
-pour renforcer le budget de FTV qui est parvenu à l’équilibre durant ce quinquennat, il veut une réforme de l’assiette de la redevance, qui sera en rapport avec la manière dont on reçoit la télévision aujourd’hui. Il cite le modèle allemand, qui selon lui est une bonne référence en la matière, les prélèvements étant basés sur les écrans au sens large (smartphones, tablettes, ordinateurs).
La nomination des présidents des groupes de l’audiovisuel public
Benoît Hamon propose que la nomination des présidents se fasse via le conseil d’administration du groupe, ceci pour les 3 entités : FTV, Radio France et France Media Monde. Cela permettrait de sortir de la controverse habituelle autour du CSA, selon certains « juge et partie ». Le CSA conserverait son rôle de régulateur de l’audiovisuel. Quant au conseil d’administration, cette réforme lui confèrerait un rôle stratégique et décisionnaire : pour FTV il y aurait une représentation minoritaire des représentants de l’État, le parlement resterait représenté, et surtout on renforcerait la représentativité des salariés du groupe ainsi que celle des téléspectateurs.
Le budget ?
Un budget renforcé : c’est pour cela qu’on élargira l’assiette. Le maintien des recettes publicitaire est une manne de 300 millions d’euros ; à terme l’objectif d’ici 5 ans sera de ne plus laisser FTV dépendre des recettes publicitaires grâce à l’élargissement de la contribution à l’audiovisuel public. Patrick Bloche qui se dit « député sortant et Président de la Commission des affaires culturelles » fait de bilan d’une situation assainie pour le groupe FTV avec un retour à l’équilibre financier. Entre 2002 et 20012, sous la gouvernance de la droite, dit-il, la redevance a augmenté en 10 ans de 9 euros. Entre 2012 et 2017, donc en 5 ans soit moitié de temps, elle a progressé de 13 euros sous la gauche. Il rappelle que 1 euro de prélèvement rapporte 25 millions d’euros. Au total, 325 millions d’euros ont été injectés dans l’audiovisuel public…
L’avenir de France 3 ?
Les parlementaires regardent au plus près la chaîne des régions : c’est central, elle incarne, dit-il, ce qu’on appelle « du local au global ». Dans la globalisation, la télévision de proximité doit continuer sa mission de service public, en particulier dans les zones les plus reculées : c’est l’identité même de la chaîne. Dans le domaine de l’information, le redécoupage des 13 régions permet de faire des économies, mais il faut dans le même temps rester dans la proximité. « Il faut garder les locales », précise-t-il, « si l’on veut maintenir voire renforcer un maillage d’information de proximité sur le terrain ».
La position de Benoît Hamon sur une réforme des chaînes publiques
Il maintient le périmètre de l’audiovisuel public. A la question : fermer France 4 ? Il répond que ce n’est pas à l’ordre du jour. Au contraire, on peut créer des chaînes nouvelles. La question n’est pas pour lui qu’il y aurait trop de chaînes, mais quelle mission du service public de l’audiovisuel en particulier pour la création ? Les 420 millions d’euros consacrés à la production marquent la priorité qu’est la création audiovisuelle pour nous. On est sorti des décrets Tasca grâce aux accords signés avec les producteurs, on réinternalise la production et on fait le lien avec les productions régionales, ce qui correspond à un véritable besoin. Dans un contexte concurrentiel fort avec les télévisions privées, France Télévisions joue un rôle moteur pour la création. Certes l’audience a son importance, mais la création encore davantage car elle donne du sens : dans un monde globalisé et éclaté, la télévision joue un rôle social fédérateur.
A la question, quel modèle pour demain ? Une télévision qui passe sur le Net ou un maintien et une priorisation du linéaire ? Patrick Bloche répond avec prudence : restons dans le « et » : le linéaire ET l’Internet. En revanche, il faut aller chercher des publics jeunes avec des contenus de programmes qui répondent à leurs attentes, pour construire un audiovisuel public porteur d’avenir.
Marc SCHWARTZ
Pour Emmanuel MACRON
Marc Schwartz débute en précisant qu’il existe un écrit assez synthétique dans le programme d’Emmanuel Macron, qui montre un souhait consistant à conforter le service public audiovisuel. Au delà, il ajoute que, alors que nous sommes dans un monde « éclaté », avec une multiplicité de sources d’infos, et une multiplicité de sources d’infos non vérifiées, dans un contexte de montée des tensions internationales, le service public doit servir de référence. Il a un rôle à jouer… Il n’est pas seulement un média, mais détient un rôle social (au sens de la société).
Pour Marc Schwartz, la première des missions du service public, c’est l’info. Avec un cahier des charges, avec une exigence forte, une impartialité et une indépendance…
La seconde des missions, c’est le soutien à la création.
Cette question de missions est d’ailleurs essentielle : la première des choses est d’être parfaitement au clair par rapport à ces grandes missions.
Sur la question portant sur des missions spécifiques pour le public, Marc Schwartz ne souhaite pas opposer les deux.
Il ne s’agit pas de parler de « différences » mais de « singularités ».
Quand certains évoquent des notions de subsidiarité (le public étant invité à faire ce que le privé ne ferait pas), Marc Schwartz réfute cette idée !
Sinon, le service public ne ferait pas de divertissement ! En fait, à l’intérieur d’un même genre, le service public va proposer autre chose : en effet, les divertissements du service public ne sont pas de même nature…et il n’y a donc pas de raison qu’on ne les fasse pas !
Après ce rappel essentiel sur les grandes missions, un autre serait sur la gouvernance de l’entreprise. Ce n’est pas au CSA de désigner le président, cela le fragilise dans la mission qui est la sienne. Certes, normalement, c’est l’actionnaire qui nomme le patron, mais Marc Schwartz ne se dit pas favorable à cette façon de faire non plus dans le cas de l’audiovisuel public.
Ce serait plutôt à un CA, avec des personnes plus indépendantes. En effet, il est énonçant de ne pas voir présents au CA des anciens patrons, ou encore d’anciens patrons étrangers (comme des anciens de la RTBF ou de la BBC…).
Toutefois, il lui semble normal que le CSA ait son mot à dire, par exemple pour désigner des membres du CA…tout comme l’Etat d’ailleurs.
Marc Schwartz précise en passant qu’il raisonne sur de l’organisation théorique, et n’effectue aucun jugement sur les personnes en place. Cela va sans dire, mais c’est mieux en le disant : très clairement, ce n’est pas le sujet.
Après avoir défini les missions et le mode de gouvernance, il faut réfléchir aussi sur le fonctionnement de l’audiovisuel dans son ensemble : en l’occurrence chercher à rapprocher davantage les différents acteurs…avec sous les yeux un exemple concret montré par l’aventure Franceinfo.
Il précise ensuite qu’ils croient beaucoup à l’autonomie des dirigeants : c’est donc à eux de proposer quelle serait leur vision de ce que serait un rapprochement.
Dans le rapport qu’il a écrit il y a deux ans, les entreprises n’étaient pas dans la même situation ; maintenant, elles le sont !
Même approche au sujet de la question des effectifs : les patrons sont responsables, et il leur appartient d’apporter leur propre vision.
Sur la pub et la redevance, il revient là encore sur un sujet déjà évoqué : celui de cette question principale selon lui (celle des missions), qui conditionne la suite.
À préciser néanmoins : selon lui, la France n’est pas au 10ème rang (du fait du niveau de la redevance) mais dispose bien du 3ème service public européen, après l’Allemagne (hors concours, avec la participation des Land), puis la BBC. D’ailleurs, selon lui, le groupe anglais n’est pas si éloigné que cela de la France. Certes, ils ne sont pas comparables, en ce sens qu’ils perçoivent 1,5 milliard de droits…qu’il conviendrait de retrancher pour véritablement comparer.
De plus, l’équivalent de la BBC en termes de financement public, ce n’est pas que FTV, mais aussi RF, France Média Monde et les chaînes parlementaires.
En l’état, avec les taux de change du moment, la BBC serait à 4,3 ou 4,4 milliards, hors recettes commerciales…ce qui est assez proche des ressources françaises.
En revanche, le budget n’est pas réparti de la même façon : la BBC consacre une certaine quantité de moyens sur l’international… Davantage que ce qui est entrepris par France Média Monde…
Par ailleurs, si le montant de la redevance est une chose, le nombre de contributeurs en fait une recette qui n’a rien à voir avec celle des pays effectivement classés en 10ème position.
Marc Schwartz rappelle ensuite à ce sujet que les 4 milliards dédiés à l’audiovisuel public sont supérieurs aux 3,6 milliards du budget de la culture.
Il enchaine après sur cet autre chiffre, le fait que, depuis 2009, le produit de la redevance a progressé de 25%…sachant qu’il a fallu aussi compenser la fin de la pub après 20h.
À ce sujet (de la fin de la pub après 20h), son impression est que cette initiative n’a pas été un grand succès, a déstabilisé France Télévisions durant plusieurs années…et que ce n’est que maintenant que l’entreprise commence à trouver une certaine stabilité. Pour l’avenir, il dit qu’il ne se sent pas trop gêné s’il y a poursuite de l’équilibre actuel…
Sur le réseau France 3 et les différents maillages possibles, Marc Schwartz souhaite rester dans une réponse d’ordre général. Nous ne sommes pas en effet, nous dit-il, dans l’examen du projet stratégique, en débat avec le ministère de la culture.
Pour lui, France 3 jour un rôle très important, au même titre que France Bleu, dans les régions.
Nous sommes au cœur des missions du service public. L’idée d’avoir une chaîne nationale avec des décrochages a fait des preuves, et résiste assez bien.
Après, pour aller plus loin, c’est à l’entreprise de faire ses propositions.
Enfin, sur les conclusions de Fondapol, il se redit en désaccord.
Essentiellement sur cette question de la notion de subsidiarité (et le fait que le public ne devrait faire que ce que le privé ne fait pas) qu’il réfute. Cela nierait le concept même d’une chaîne généraliste, et enfermerait le service public dans des cases. Entre privé et public, on ne doit pas parler de différences mais de singularités. On doit pouvoir traiter les mêmes choses, mais abordées différemment.
Concernant l’info, par exemple, on retiendra son indépendance, et la distance prise par rapport à l’actualité immédiate. Si l’on prend l’exemple de la chaîne info publique, elle ne doit pas chercher à « faire du BFM », et on constate qu’elle s’inscrit bien dans cet esprit.
Jean LASSALLE
Sur les missions du service public audiovisuel
Jean Lassalle souligne les efforts entrepris par le service public depuis quelques années.
Sur l’info, il déplore qu’il n’existe pas sur le service public une forme de libre expression pour tous, à laquelle le pays pourrait prétendre.
La diversité des idées n’est pas suffisamment exposée.
Il croit donc qu’il faut repenser tout cela. Car il faut que les téléspectateurs puissent retrouver confiance, ce qui n’est pas forcément le cas aujourd’hui.
Sur les programmes, il estime important que nous puissions retrouver des rendez-vous populaires à l’image du Tour de France (qui est un véritable spectacle populaire).
Sur le financement et la publicité
Il paraît essentiel à Jean Lassalle que la télé publique ne soit pas sous influence extérieure. C’est la raison pour laquelle il se dit contre la publicité sur le service public : l’État doit se donner les moyens nécessaires pour un fonctionnement sans pub.
Sur le réseau France 3
Très clairement, Jean Lassalle souhaite abroger la loi Notre qui institue les nouvelles régions.
Pour lui, comment pouvoir parler de liberté, d’égalité, et de fraternité en pareilles conditions ??
Le candidat rappelle que nos compatriotes apprécient particulièrement leurs élus de proximité (et notamment leur maire). Cela est un indice clé pour bien entrevoir le niveau de proximité souhaité pour la télévision régionale.
Jean Lassalle en profite pour rappeler sa très forte détermination pour le maintien des éditions locales. Il pense évidemment à celle de Pau Béarn : il lui semble totalement inimaginable que le téléspectateur béarnais doivent se contenter d’une info fabriquée depuis Bordeaux.
Nomination du président
Jean Lassalle dit ne pas avoir une grande confiance envers le CSA. Il souhaite donc des institutions (à commencer par celles de l’État) dans lesquelles le peuple soit souverain. C’est aussi un chemin pour permettre le retour de la confiance.
Tout doit passer par l’institution garante de la plus grande proximité, à savoir les communes.
Les campagnes doivent également disposer de la juste place dont elles méritent.
Et ce sont des institutions proches du peuple qui doivent désigner elles-mêmes les managers des sociétés publiques.
Sur le travail du Fondapol
Jean Lassalle dit ne pas connaître ces travaux et ce rapport.
Toutefois, de telles conclusions lui semblent totalement inimaginables.
Il se dit en tous cas totalement opposé à de telles initiatives.
Eric COQUEREL
pour Jean-Luc MELENCHON
Concernant les missions
Très clairement, les militants de la France Insoumise sont pour un renforcement de l’activité du groupe public audiovisuel.
Le service public n’a pas les mêmes missions que les télés et radios privées. La mission première n’est pas le taux d’audience, même s’il faut veiller à ce qu’un maximum de gens puisse avoir accès à cette connaissance.
Il s’agit d’éveiller les consciences, avec indépendance face aux puissances de l’argent. Les télés et les radios publiques doivent pouvoir disposer de moyens, pour préserver leur indépendance.
Les médias publics sont en quelque sorte un « pilier » de la république, alors que nous sommes entourés d’info non libre, en recherche de sensationnel…et avec une concentration de plus en plus forte. On peut s’interroger sur les motivations réelles de grands groupes tels des opérateurs téléphoniques : que recherchent-ils exactement dans cette prise de contrôle de médias ? Quels sont leurs objectifs ?
Éric Coquerel appelle donc à une plus grande indépendance des médias publics. On pourrait imaginer par exemple que des salariés ou des téléspectateurs puissent avoir leur mot à dire. Globalement, il est favorable à toute idée qui va vers une plus grande indépendance des médias publics.
Par ailleurs, le président de l’entreprise publique ne devrait pas être nommé par le CSA de manière discrétionnaire, mais élu par le parlement.
En conclusion, il faut un service public décisif, qui doit être suffisamment fort et suffisamment financé.
Quels effectifs ?
Le personnel serait-il trop nombreux à France TV ? Sûr que non !!
Éric Coquerel revient sur les différents métiers nécessaires pour faire de la télévision : même s’il y a des évolutions techniques, les métiers restent différents, et nécessaires pour contribuer à la qualité. Et si on retrouve sur les nouvelles chaînes d’info des JRI qui assurent des fonctions multi tâches, le service public ne doit pas aller sur ce terrain là.
Éric Coquerel préconise :
– de protéger les statuts des personnels, et de lutter contre tout risque de précarité
– de ne pas diminuer les effectifs, et de s’appuyer sur un cahier des charges digne de ce nom pour procéder à des embauches.
Quel niveau de redevance ? Avec ou sans pub ?
Le groupe public doit évidemment prendre en compte la dimension numérique : l’assiette de la redevance doit donc être élargie à ces supports.
Par ailleurs, lorsqu’on compare le niveau de la redevance avec ce que l’on paye aux opérateurs privés, on constate une échelle de 1 à 3 voire de 1 à 4.
À partir du moment où on dit vouloir garder un pôle public de l’audiovisuel, il faut savoir lui donner les moyens nécessaires, indépendamment des annonceurs et du privé.
« On ne peut plus tuer le service public comme on le fait !! »
Si on commence à lui donner des missions du privé, on finira par se poser la question du changement de statut, pour aboutir à la privatisation.
Quant à la population, Eric Coquerel se dit qu’elle reste attachée au service public, à partir du moment où il propose une vraie différence (qu’on ne voit pas ailleurs).
Si les offres sont coupées par des pub, si les choses se passent sous la houlette de producteurs privés, entreprenant du moins disant culturel, dans ce cas, pourquoi payer pour un service public ??
Enfin, Éric Coquerel se dit que l’arrivée de la pub sur France Inter, à ses yeux, ce n’est pas quelque chose de positif. Cela crée une dépendance vis à vis des annonceurs.
Quel découpage régional ?
Au sein de la France Insoumise, il est considéré que la République est une et indivisible, et que le service public audiovisuel doit donc être national.
Et le cahier des charges doit être le même partout. Ensuite, à l’intérieur du même cahier des charges, il peut y avoir des spécificités.
Sur nos « grandes régions », Éric Coquerel précise que la France Insoumise n’est pas d’accord avec le découpage tel qu’il a été effectué. Il redit que certaines « grandes régions » n’ont aucun sens…sauf avoir une Europe des régions !
L’ambition est donc de conserver nos systèmes de décrochages en fin de journaux, entre le régional puis le local… Si ceci devait être remis en question, ce n’est évidemment pas pour un problème d’adaptation technique : ce serait pour effectuer des économies de personnel, et de moyens !
Et pourtant, même à l’heure du numérique, d’après lui, le public reste attaché à ses journaux de proximité.
Sur Fondapol
Très clairement, l’équipe se dit totalement opposée aux écrits de Fondapol. Elle est là pour renforcer le service public !!
Cela passe par un renforcement de ses moyens, pour améliorer la qualité.
Éric Coquerel se dirait même favorable au remplacement du CSA par un organisme dans lequel il y aurait des téléspectateurs. Beaucoup de choses restent à faire sur le droit des salariés et sur le droit.
Marine LE PEN
L’offre audiovisuelle publique
Il est essentiel que le service public produise des programmes de haute qualité. Je crois que l’exemple anglais montre que la qualité finit toujours par se ressentir dans les audiences et entraîne l’ensemble du secteur dans une émulation profitable à tous. Il faut aussi donner une plus grande place à la culture et il est regrettable que des émissions aussi populaires et intéressantes que celles de Bernard Pivot n’aient pas eu de véritable successeur. Je veux inscrire dans la Constitution la défense de notre patrimoine et je crois important que le service public audiovisuel y participe, en proposant notamment des adaptations des grands classiques de la littérature. Là encore, le succès international des productions de la BBC ou de productions françaises comme chez Maupassant montre que c’est aussi une attente du public.
Le service public étant financé par les impôts de tous les contribuables français, il est nécessaire de garantir la neutralité des programmes et d’assurer un traitement équitable des différentes sensibilités politiques représentées dans l’opinion.
Le budget ?
Je ne pense pas qu’il y ait trop de chaînes. Chacune a ses spécificités, et cette diversité est appréciable. Il est néanmoins important de mener des politiques cohérentes et de long terme pour que chaque chaîne ait son identité et puisse trouver son public. Cela a manqué dans les dernières années et c’est bien dommage.
La politique des ressources humaines menées actuellement est catastrophique et engendre d’importantes souffrances : c’est d’abord la conséquence du désengagement continu de l’Etat. J’ai de l’ambition pour l’audiovisuel public, je veux qu’il intéresse les Français et participe à la création française. Pour assurer un service de qualité, il faut naturellement que les effectifs et les moyens soient au rendez-vous. Je prends donc l’engagement d’arrêter la politique de réduction des effectifs et des moyens budgétaires de l’audiovisuel public et je veillerai à ce que la grille de rémunération des cadres dirigeants soit plus raisonnable.
L’État augmentera également son enveloppe budgétaire dévolue à l’audiovisuel afin d’assurer le tournant du numérique.
Je refuse cependant que la redevance audiovisuelle soit de nouveau augmentée car cela lésera en priorité les classes populaires et moyennes et les personnes âgées, dont la télévision ou la radio sont souvent le seul loisir.
La pub sur les chaînes du service public ?
Je suis favorable à une suppression totale de la publicité sur le service public, ce qui suppose une compensation à l’euro près par l’État pour ne pas augmenter la redevance audiovisuelle.
Par ailleurs, pour renforcer leurs moyens, je souhaite que les chaînes de l’audiovisuel public exportent leurs programmes et fassent ainsi rayonner la culture et la création françaises. En ce domaine, je crois que le grand modèle de réussite est la BBC, dont la qualité est reconnue partout dans le monde.
L’avenir de France 3 en régions ?
Je pense en effet qu’il faut maintenir le pilotage au niveau national du réseau de France 3. C’est un gage de cohérence.
Je m’oppose également à ce que les rédactions en région soient fusionnées afin de coller au nouveau schéma institutionnel issu de la loi NOTRE. Cette loi a apporté beaucoup de confusions et n’a pas engendré les économies escomptées. Je reviendrai dessus et lancerai une grande réforme institutionnelle (validée par référendum) qui resserrera l’organisation institutionnelle de la France autour de trois échelons (contre six actuellement) : l’État, les départements et les communes. Les conseils régionaux et les intercommunalités seront supprimés et les rédactions en région pourront ainsi de nouveau correspondre aux anciennes régions. Cela évitera notamment des départs forcés, des mutations et des réductions d’effectifs, qui dégraderaient inévitablement les conditions de travail et la qualité des programmes.
Et sur le Fondapol ?
Je suis totalement opposée à la privatisation de l’audiovisuel public. Je nourris une grande ambition pour l’audiovisuel public, qui doit servir la création française et offrir d’excellents programmes aux Français : ces programmes doivent avoir des visées culturelles, pédagogiques, etc… ce que des chaînes privées n’assureraient pas faute de rentabilité suffisante.
La culture est très importante puisqu’elle est, comme vous le soulignez très justement, un “ciment social” : elle est ce qui renforce la cohésion de notre pays et un élément auquel les Français s’identifient. L’engagement de l’État sera donc total, les effectifs seront maintenus.
Deux candidats (MM. Cheminade et Poutou) sur les onze n’ont pas répondu à nos questions, mais ils ont bien été sollicités par FO France Télévisions, comme tous les autres.