L’inFO france•tv n°21 / mars 2021

À la recherche du BON SENS

Temps de lecture ± 2 minutes 45

La fiction se porte très bien à france•tv. Depuis 4 ans, il a fallu réduire d’un tiers le nombre de tournages fabriqués en interne afin de permettre la mise en œuvre du feuilleton « Un Si Grand Soleil », dont le succès dépasse les espérances lui aussi (pendant que les salariés qui contribuent à cette performance attendent toujours un accord spécifique traitant des conditions de travail à Vendargues).

Tout irait donc pour le mieux à la Fabrique ? Malheureusement non !

En ce début 2021 résonnent plusieurs annonces très désagréables qui s’enchaînent. La première est la décision d’arrêter les 2 séries « Mongeville » et « Commissaire Magellan », et ce malgré le plébiscite du public, ce que la direction reconnaît elle aussi. Elle explique que serait soit disant nécessaire pour laisser de la place afin de « lancer des nouveautés, éviter de ronronner et pouvoir se renouveler » !

Si l’idée de l’innovation est effectivement ambitieuse et plaisante, faut-il que sa mise en œuvre se fasse au détriment de nos succès du moment ? Pourquoi ne pas chercher des solutions permettant de concilier les deux ? Lorsque la direction nous dit qu’il n’y a que 52 samedi dans une année, nous rappelons que ceux-ci n’ont jamais été dédiés exclusivement à Mongeville et Magellan, loin de là !

En tant qu’organisation syndicale, nous défendons des salariés qui, s’ils sont désireux d’innover, n’ont pas envie que ce soit au détriment de ce qui fait leur succès et garanti leur activité. Si cela fait effectivement partie des missions de service public de proposer de la nouveauté, cela doit être compatible avec le maintien des productions les plus appréciées. Quelle entreprise ferait le choix d’arrêter quelque chose qui marche pour se lancer, à la place, dans quelque chose de plus hasardeux ?

Et comme ça ne suffisait pas pour la fiction de france•3, voilà que nous apprenons dernière une autre décision : faire basculer le grand succès « Capitaine Marleau » de france•3 sur france•2 (et « Alex Hugo » de france•2 vers france•3).

Même si nous sommes devenus une entreprise unique, et qu’il n’existe plus de directions de chaînes, il n’en demeure pas moins que chacune d’elle doit conserver son identité et son public.

Si ce type de questions peut encore se poser quand des œuvres ne rencontrent pas leurs téléspectateurs, c’est une toute autre histoire lorsque cette fidélisation est bien implantée depuis de nombreuses années.

Vient aussi s’ajouter la question de l’audience :
Quelles seront les conséquences de tels choix sur les audiences des 2 chaînes ? En particulier pour france•3, qui doit une partie de ses performances actuelles à ces 3 séries « phares ».

FO n’a pas pour ambition de s’immiscer dans des stratégies de grilles : cela n’est pas notre vocation ! Mais pour autant, nous en appelons au bon sens, au nom de salariés attachés à ce qu’ils font et à la qualité de leur travail.

B. Demange – © FO france•tv

C’est pourquoi FO souhaite que la direction revienne sur ces changements de grille.

NÉGOCIATIONS UTS | Un accord à la hauteur des enjeux ?

Temps de lecture ± 1 minute 45

Un accord UTS (Unités de Tournage Smartphone) couvrant l’ensemble de l’entreprise était proposé à la signature fin février.
Il reconnaît la pratique par les seuls « professionnels de l’image » (à savoir JRI, journalistes à compétences complémentaires et OPV), sur la base du volontariat. Il acte aussi l’ouverture d’une étude concernant les autres métiers, dans les 3 mois à venir.

Sur le papier, il s’agissait donc de reprendre ce qui était mentionné dans le précédent accord UTS, circonscrit au seul réseau france•3.

C’était oublier qu’en Aquitaine, sur les tournages des contenus pour la chaîne NoA, ainsi que sur certains sites d’Outre Mer, les pratiques actuelles touchent déjà d’autres métiers.
Désormais, un nouvel accord pérennise celles exercées sur NoA.

Pour les Outre Mer, un « inventaire » a été engagé dès la fin février, afin de lister l’ensemble des situations déjà existantes.

Cette notion est très importante, car il s’agit bien de distinguer le cas des salariés qui ne pratiquent pas et qui aimeraient pouvoir le faire (ce qui nécessite alors une négociation à mener) du cas des salariés qui pratiquent déjà l’UTS (ce qui, pour le coup, n’est plus une négociation mais juste un constat à effectuer).

Pourquoi la signature de l’accord UTS n’a t’elle pas été retardée afin de tenir compte de ces situations existantes ?

Cette reconnaissance est incontournable ! Nous ne comprenons pas les raisons de l’empressement de la direction à faire signer un accord aussi incomplet ?

Il n’était pas envisageable pour Force Ouvrière de signer cette version, même si nous restons fortement engagés pour soutenir le développement des UTS.

Pour résumer : cet accord est dépassé, avant même son entrée en vigueur.
FO demande dès maintenant la négociation d’un avenant absolument indispensable !

À NOA ET À FRANCEINFO: | Les nouveaux métiers

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Ce n’est pas tous les jours que de nouveaux métiers apparaissent dans une entreprise. C’est arrivé à france•tv en ce début d’année 2021.

Deux métiers concernent l’activité de la chaîne NoA, en Nouvelle Aquitaine. Tout d’abord celui de RSCA, (Responsable de Suivi de Conduite d’Antenne), ressemblant fort à une fonction de « chef de chaîne », à ceci près que ce dernier est classé en groupe 8, alors que celle de RSCA n’a été classée qu’en groupe 7. FO était le seul syndicat à revendiquer un groupe 8 et reviendra à la charge sur ce sujet.

Quant à l’autre métier issu de cette expérimentation NoA, il s’agit des CCFC (Chargés de Conception et de Fabrication de Contenus). Ce métier est ouvert à toute personne désireuse de pouvoir proposer du contenu, dans le cadre de NoA, et cela a déjà motivé près de 70 personnes (dont un grand nombre pratique encore).
Pour le moment, ils restent circonscrits sur le périmètre de NoA.

Un troisième métier a été débattu : celui que l’on nomme journaliste “Deskeur” même si celui-ci ne se cantonne pas à cette seule activité.

Il concerne à ce jour l’activité pratiquée à franceinfo: , avec des rédacteurs qui procèdent eux-mêmes au montage de leurs sujets. En ce moment, cette fonction de montage est pratiquée par des « journalistes spécialisés », par le biais d’une « prime de compétence complémentaire ».

Demain, il pourrait s’agir d’un nouveau métier, référencé dans le « book métiers » permettant d’être mis en œuvre (moyennant négociations préalables avec les organisations syndicales) sur d’autres périmètres que franceinfo: .
À la différence du système actuel, les salariés conserveraient la valeur de cette prime (qui serait, de fait, inclue dans leur salaire de base). Voilà qui devrait faciliter les mobilités pour les personnels venant de franceInfo: (qui n’auraient alors plus à devoir négocier le maintien de l’équivalent de leur prime de compétence complémentaire).

C’est pourquoi FO a décidé de signer cet accord.

MONKIOSQUE | Innovation cauchemardesque

Temps de lecture ± 2 minutes

Avec l’arrivée des nouvelles versions des logiciels PapyRHus et MonKiosque, ce mois de février s’est révélé être un véritable cauchemar pour l’ensemble des salariés et particulièrement ceux des services dont ce sont des outils de travail. En cause : la migration de ces logiciels et la mise en œuvre de nouvelles versions annoncées comme plus performantes.

Il fallait certainement moderniser des outils vieillissants. Le déploiement des logiciels a généré de multiples perturbations. Il est clair que ce qui a été livré, par le fournisseur à france•tv, n’était pas totalement au point (et ne l’est toujours complètement pas à la date d’aujourd’hui).

Dysfonctionnements, problèmes de mémoires dans les serveurs, ou encore soldes fantaisistes de nos jours de congés ou de récupérations… C’est le quotidien, depuis le début du mois de février, des personnels en charge de l’organisation d’activité, ceux des services paye, et plus largement, nous tous.

Est-ce que ça pouvait être évité ? Probablement !

Le professionnalisme et l’éthique de ces fournisseurs est en cause (ces derniers n’ont pas trop de scrupules pour livrer un produit insatisfaisant). Il appartient au client, France Télévisions, de se montrer plus exigeant et plus vigilant. Les phases de test de ce nouveau MONKIOSQUE ont été bâclées. Le fournisseur a préféré ne pas aggraver son retard et livrer un produit non testé. Le client lui a emboîté le pas et a donné son accord pour le déploiement sans prendre en compte les conséquences des dysfonctionnements.

Doit-on toujours faire confiance, les yeux fermés, au choix numériques fait par la direction (Concur, NewsBoard, MonKiosque, …) ?

Ces choix ont des conséquences importantes, tant positives et attendues que potentiellement négatives. Les élus du CSE demandent régulièrement des expertises sur les propositions d’évolutions technologiques qui méritent toute notre attention.

Combien de temps ces perturbations risquent-elles encore de durer ?
Et quelles compensations le client France Télévisions exigera t’il de son fournisseur ?

Les élus FO du CSE central ne manqueront pas de poser ces question.

LE 1% LOGEMENT | La peau de chagrin d’un acquis social

Temps de lecture ± 5 minutes 10

Tout le monde connaît l’expression ! Certains se souviennent de l’existence d’un service permettant aux salariés de bénéficier d’une aide de l’entreprise, au logement. Mais qui sait exactement comment ça marche… de moins en moins bien et même de plus en plus mal.

La peau de chagrin

En réalité, l’entreprise ne mobilise pas 1% de sa masse salariale, contrairement à l’appellation, mais seulement 0,45%. Cela représente tout de même la bagatelle de 2,6 millions d’euros chaque année, versés par France Télévisions.

Le dispositif, qui existe depuis 60 ans, alimente la PEEC (participation des employeurs à l’effort de construction). La somme était collectée, par plusieurs organismes qui se faisaient concurrence pour être chacun le mieux disant. Seulement voilà, la décision a été prise de les fusionner (loi ELAN du 23 novembre 2018).
Il n’en reste qu’un seul : Action Logement.

Les marges de manœuvre des entreprises se sont fortement amoindries au profit de l’État qui se sert désormais dans les finances d’Action Logement pour satisfaire les « publics prioritaires » et remplir ses obligations relatives au DALO (droit au logement opposable). Environ 25% des logements se retrouvent ainsi fléchés pour les publics dits « prioritaires » sur le budget 1% logement des entreprises.
De là à penser que cette cotisation est devenue un impôt… Il n’y a qu’une virgule.

Trois chiffres pour comprendre :

  • Budget global d’Action Logement ± 3 milliards d’euros,
  • Cotisations des entreprises ± 1,8 milliard (le reste est constitué de retour de prêts auprès des bailleurs sociaux),
  • Prise de l’État ± 1,3 milliard (soit l’équivalent des 3/4 des versements effectués par les entreprises).

Pendant ce temps, en 2020, l’offre de logements disponibles s’est réduite jusqu’à 30%, notamment en Île-de-France, où le marché est le plus tendu.

Des biens locatifs qui échappent aux entreprises

Action Logement est en lien avec pas moins de 160 bailleurs sociaux rien qu’en Île-de-France.
Désormais, quand un logement financé par le 1% logement d’une entreprise se libère, le bailleur social qui le gère a le droit de le conserver et de l’utiliser pour tout autre demandeur. Le bailleur social est juste tenu de mettre à disposition d’Action Logement, un logement équivalent, qui doit se situer dans le même département.

Cela veut donc dire que lorsque le logement d’un salarié se libère à Saint-Cloud ou à Boulogne, il peut être compensé par un logement de taille comparable à Antony ou à Gennevilliers !
L’opération est légale puisque les deux se situent dans le département des Hauts-de-Seine.

Photographe Fred Romero – Photo modifiée – Licence CC BY 2.0 – Source Flickr

Action Logement à tous les étages

Il existe à ce jour 2 plateformes numériques, indépendantes l’une de l’autre, mais toutes deux dépendantes d’Action Logement :

L’AL’in est désormais complètement saturée par de très nombreuses demandes.
Malgré l’ambition affichée :

Notre ambition. Action Logement innove et crée AL'in, une solution locative entièrement digitalisée. Cette toute nouvelle plateforme offrira une expérience client enrichie, et permettra de :  • Faciliter le traitement des demandes de logement • Engager l’ensemble des acteurs (bailleurs, entreprises et salariés)


Pour les personnels de France Télévisions, il devient extrêmement difficile de réussir à se loger via ce service.
Quatre salariés seulement ont pu être satisfaits en 2020 (avec un coût pour l’entreprise de 2,6 millions €) !

Il est donc théoriquement beaucoup plus facile de trouver un logement avec In’Li. Le nombre de demandeurs (30 000 personnes) est 10 fois moindre que sur AL’in (320 000 demandeurs), pour une offre paradoxalement beaucoup plus réduite. L’explication : les logements intermédiaires sont plus chers, plus proches du marché privé.

Il ne reste qu’un tout petit «privilège» pour les salariés des entreprises : C’est « l’offre affectée ».
Mais elle ne dure pas très longtemps : 8 jours après la publication du bien ! Passé ce délai, l’offre tombe dans le « pot commun ».

Accès à la propriété

Action Logement n’est plus très performant sur les offres locatives. La structure l’est davantage sur des offres alternatives telles que la mise en location, via des agences immobilières, de biens détenus par une de ses filiales (la Foncière Logement). C’est le cas, notamment, de certaines résidences étudiantes.
L’absurdité de cette affaire est qu’Action Logement ne perçoit pas les loyers en question et que ces sommes ne sont donc pas utilisées pour l’aide au logement des salariés.
Cette manne alimente les caisses de retraite complémentaire.

Action Logement propose des prêts pour aider à l’accession à la propriété dont le plafond a été augmenté à 40 000€.

Le dispositif Visale, destiné à faciliter les dossiers de location.
De quoi s’agit-il ? C’est une assurance pour loyers impayés proposée aux propriétaires bailleurs. Elle est certes moins protectrice que des « assurances impayés » classiques, mais elle présente deux avantages non négligeables :

  • elle est moins restrictive au niveau des conditions d’accès,
  • elle est gratuite pour le propriétaire.

En conclusion

Les élus des commissions logement du CSE central et du CSE Siège déplorent que ce service, censé être dédié aux salariés, réponde de moins en moins bien à leurs attentes, malgré une gestion paritaire !
Le problème n’est pas sa gestion mais les contraintes que l’État impose.

Force Ouvrière abordera évidemment ce coûteux sujet, lors du prochain CSE central.

Ce journal a l’agrément de titre de presse du Ministère de la culture et de la communication
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