La marche forcée de la déprotection des salariés des télévisions françaises

Hier se sont ouvertes au Siège de TF1 à Boulogne-Billancourt, les négociations de la Branche de la Télédiffusion avec l’ensemble des organisations syndicales représentatives du secteur (FO-CGT-CFDT-UNSA-CGC) et les représentants du patronat.

Ces négociations imposées par le Gouvernement, dans le cadre de la « fusion des Branches » visent à unifier l’ensemble des conventions des télévisions publiques et privées dans un seul accord.  Il a pour objectif de régir les organisations de travail, les congés, les salaires minimaux, les métiers de la télévision, etc.

Les interlocuteurs sociaux doivent se rencontrer tous les 15 jours pendant un an, « il faut aller vite » lance en préambule les patrons. La loi permet pourtant une négociation sur 5 ans pour finaliser cette convention.

La tâche est d’autant plus difficile qu’elle réunit des entreprises avec des modèles économiques très différents : TF1, M6, France Télévisions, l’INA, beIN Sports mais aussi de petites télévisions locales comme Alsace 20, Wéo, ou Mirabelle TV.

Dès le début de la négociation, la partie patronale annonce que le texte soumis à la négociation a déjà été discuté préalablement « entre-eux » depuis un an, et « qu’ils se rencontraient tous les mercredis ». « On est déjà tous d’accord entre syndicats patronaux », concluent-ils.

Ils poursuivent en annonçant que la convention proposée est une « compilation » de feu la convention collective des télévisions privées qui n’avait jamais aboutie (les négociations ayant capotées, FO avait quitté la table des négociations en claquant la porte) et de la convention collective des chaînes thématiques et locales (qui se situe légèrement au-dessus du Code du Travail).

Le patronat par ces textes collectifs a toujours tenté d’imposer des « CDI de chantier », c’est-à-dire des CDI sur une mission donnée, une émission par exemple. C’est la fin du vrai CDI sur une carrière. Les Ordonnances Macron permettent aujourd’hui aux employeurs de le négocier dans les Branches. Ils ne vont pas se gêner. Les discussions de cette convention collective unique des télés publiques et privées s’annoncent donc très dures.

FO regrette que les métiers des journalistes soient exclus des discussions.  Selon nos sources, c’est pourtant cette profession qui pourrait subir le plus de changement ces prochains temps. En tout cas, les employeurs veulent « parler des journalistes plus tard, à la fin ».

A la hussarde, les représentants du patronat ont donc entamé la lecture du préambule, du champ d’application, de la révision de l’accord, jusqu’au titre 9 et l’annexe 3 : les stages et leurs indemnisations. Les organisations syndicales ont pu faire des propositions de modifications mais à la marge. Ils n’ont pas pu toucher à la structure ou aux objectifs du texte.

Pour contrecarrer ce rouleau compresseur qui veut remettre en cause la protection des salariés et le dialogue social, FO proposera un texte conventionnel de contre-propositions sur lequel les organisations patronales devront négocier. Nous allons changer le paradigme que l’on veut imposer aux salariés de toutes les télévisions de France ! Ce sera à notre cadence.

Prochaine réunion le mercredi 15 mai prochain.