Réforme de l’audiovisuel public : la politique de l’autruche de nos dirigeants

Excédé par le ridicule de la situation. Retranscription de l’interpellation orale de FO lors d’une réunion hier au Siège de France Télévisions.

« Nous voulons ici nous adresser à la direction de France Télévisions de manière solennelle. Nous ne voulons pas qu’un jour, vous reprochiez aux organisations syndicales de l’audiovisuel public de ne pas vous avoir largement interpellés. Ceux qui n’ont pas voulu discuter, négocier et informer c’est vous, la direction de France Télévisions, et ce sont nos tutelles. Vous montrez véritablement, comme nos actionnaires, du dédain pour la démocratie professionnelle : c’est inacceptable !

Nous entendons, nous lisons, et nous voyons beaucoup de choses concernant la réforme de l’audiovisuel public et ses impacts. Nous voulons signaler ici devant vous, qu’à aucun moment, dans aucune instance, il n’y a eu le moindre sujet concernant la réforme de l’audiovisuel public à France Télévisions ; que ce soit au CCE, dans les CE, DP ou CHSCT : rien. Pas une seule fois ce sujet n’a été mis à l’ordre du jour malgré nos interpellations régulières.

Nous apprenons ce jour par les réseaux sociaux que le « Gouvernement souhaite supprimer la chaîne France 4 et sans doute France Ô ». Nous voudrions savoir si ces hypothèses qui sont données également dans la Presse sont confirmées par la direction. Nous souhaitons que le débat s’ouvre enfin avec la direction de FTV afin que les informations soient données légitimement aux personnels qui vivent dans l’inquiétude. Nous n’en pouvons plus que vous fassiez la politique de l’autruche. Toute la France sait que la Présidente de France Télévisions a été convoquée ce lundi par le Premier Ministre et nous sommes là, aujourd’hui, à discuter gentiment d’un avenant à l’accord collectif, alors que se trame la déstructuration totale de l’entreprise. Vous faites comme si tout cela n’existait pas… C’est inconvenant, et pour tout dire, irresponsable de votre part.

La dernière fois que FO a posé la question directement concernant les impacts de la réforme territoriale, c’était lors du dernier Comité Central d’Entreprise. La direction n’avait pas voulu discuter avec les élus, nous renvoyant dans nos 22 mètres, expliquant « que les hypothèses dont nous parlions étaient des fantasmes ». Aujourd’hui apparemment, ce ne sont pas des fantasmes mais des cauchemars.

Oui, nous voulons dialoguer et discuter des sujets d’organisation du travail, des sujets concernant la stratégie de l’entreprise. Cela relève du dialogue social, c’est notre rôle de syndicat !  Il est anormal et irrespectueux que les organisations syndicales ne soient pas tenues au courant de ce qui est en train de se passer pour l’entreprise qui fait travailler plus de 100.000 salariés de manière directe ou indirecte.

Est-ce que vous confirmez la suppression de France 4 ? Celle de France Ô ? Quel avenir pour le numérique et Franceinfo : ? Un plan social est-il envisagé ? Quel va être l’impact budgétaire : – 500 M€, -1000 M€ ? Parlez enfin !

Est-ce que vous vous rendez-compte que, depuis l’annonce de CAP22 (soi-disant « un document de travail non validé par le Ministère de la Culture »), la direction de France Télévisions n’a pas été capable de réunir les organisations syndicales représentatives pour, au moins, faire des points d’étape sur les discussions en cours ?  N’êtes-vous pas choqués que sur des sujets d’urgence (qui concernent l’avenir de notre entreprise et de nos collègues), vous n’ayez pas été capable de discuter collectivement afin d’envisager des pistes communes de réflexions ?

En ce moment, l’ambiance à France Télévisions est étouffante. Les salariés sont stressés, la situation est anxiogène. Ils ne comprennent pas pourquoi la direction ne dit rien, pourquoi elle ne défend pas l’outil de travail, pourquoi elle ne les aide pas, pourquoi ils ont dû subir des plans successifs d’économies et de suppressions de postes et que cela ne suffit toujours pas ! Il en faut toujours davantage ! Ils se retournent vers leurs organisations syndicales pour les rassurer et les protéger. C’est à nous d’éteindre les incendies de la contestation sociale que vous allumez et qui remontent jusqu’à nous.

Mesdames et messieurs les dirigeants, vous avez failli dans la mission de service public qui vous est confiée : face aux décisions discrétionnaires qui pourraient affecter l’audiovisuel public, vous devez réagir et le défendre. »

Déclaration de FO lors de la réunion de négociation du 22 mai 2018.

Les patrons de l’audiovisuel public : des grands sourires pour leurs actionnaires, une grande méprise pour leurs personnels.