GPEC | Frankenstein.tv | Nous allons accoucher d’un monstre !

Les salariés de France•tv ne sont pas corvéables à merci.

Depuis plusieurs semaines se déroule avec la direction de France•tv une négociation concernant une GPEC faussement dîte « de progrès », une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences.

Sans trop simplifier l’objet des discussions, il s’agit de définir les emplois et les compétences dont l’entreprise aura besoin à l’avenir, et ceux dont elle n’aura plus besoin. Ainsi devrait naître prochainement de nouvelles fonctions et de nouveaux métiers.

La « GPEC » n’intervient pas à n’importe quel moment. Elle vient accompagner le plan de suppressions de postes qui se déroule actuellement : jusqu’à 2000 départs volontaires pour un solde de 900 suppressions de postes de travail au total.

Cette GPEC vise donc à modifier structurellement les organisations de travail afin que les salariés restant dans l’entreprise ou futurs embauchés travaillent davantage avec toujours moins de moyens et de personnels.

Pour y arriver, la direction s’appuie sur les deux mamelles de la productivité contemporaine : la révolution du digital avec toutes les automatisations qui l’accompagnent et la polyvalence à outrance.

Dans la négociation, nos dirigeants ont feint de donner la parole aux organisations syndicales en leur proposant de travailler sur un projet que nous devions nous-mêmes présenter (dommage qu’elle ne le fasse pas pour les propositions d’augmentations salariales).

FO fidèle à ses engagements révolutionnaires n’a pas souhaité rentrer dans ce micmac de cogestion. Notre rôle de syndicat est de défendre et protéger tous les salariés de l’entreprise, pas de rentrer dans les combines avec la direction ou de diriger nos collaborateurs. Pour autant, nous avons participé à l’ensemble des discussions.

Au final, le texte proposé est un monstre. Il entérine la pratique des expérimentations dans toute l’entreprise, dans tous les services, dans tous les secteurs, et pour toutes les raisons : outils de travail, logiciels, organisation, structures…

Les salariés se retrouvent dès lors contraints de participer à des expérimentations sans aucun préavis ou avis. Aucune compensation n’est prévue. De plus, ces expériences peuvent se mettre en place dans les plus petits collectifs de travail. Elles ne sont pas unifiées et risquent de faire naître entre les salariés de grandes disparités.

Mais pire que tout, aucun système n’est mis en place pour stopper une expérimentation qui se déroulerait mal.

Pendant ce temps, les organisations syndicales sont vouées à rester de simples observateurs au travers de commissions ou de sous-commissions. Des titres ronflants sont aussi promis à ceux qui y participent. Tout cela « C’est pour le bien des salariés » nous dit-on.

Concernant l’évolution de carrière des personnels, là encore, rien n’est envisagé. C’est pourtant la clef de cette GPEC.

La volonté de la direction et de ceux qui participent à ce saccage apparaît très clairement dans ce contexte de réductions budgétaires : nous faire travailler davantage, sur des tâches de plus en plus diverses, avec des salaires moindres. Pour FO, « les salariés journalistes, techniciens ou administratifs n’auront plus de métiers, ils auront des   tâches ».

Tous ces principes viennent d’ailleurs en totale contradiction avec l’accord de qualité de vie au travail dont FO est un des deux signataires.

Nous rappelons que France Télévisions  traverse une crise sociale sans précédent. Les salariés sont à bout. Plus d’un quart des collaborateurs sont suivis ou vont être suivis pour des risques psychosociaux.

Demander des efforts supplémentaires, sans aucune contrepartie, n’est pas acceptable, ni supportable. La direction prend une très lourde responsabilité, celle de fragiliser davantage les collectifs. Elle ne semble pas prendre en compte que tous les rapports des experts indépendants alertent, les uns après les autres, des conditions et de la sécurité au travail à France•tv. Le malaise est grand.

Que la direction générale commence par nous montrer comment elle envisage pour elle-même ses propres expérimentations et ses propres polyvalences. Ce serait déjà un bon départ pour une GPEC exemplaire.

En l’état, puisque les négociations se poursuivent, FO ne signera pas la GPEC dite « de progrès » parce que pour nous, le progrès c’est le progrès social, pas celui de la direction et de ses intérêts devant un président ou un ministre.