Mercredi 22 mai, à l’invitation de l’association Stéphane Lamart, Nicolas Corbard et Damien Migniau, journalistes au bureau d’Alençon se rendent le matin à Saint-Pierre-du-Regard dans l’Orne pour tourner un reportage sur la saisie judiciaire de 16 vaches. La presse locale et nationale est présente ainsi que les bénévoles de l’association. A leur arrivée, stupeur !… les gendarmes leur interdisent de filmer la saisie.
Pourtant, la Procureure de la République de Caen, Carole Étienne, informée de la présence de la presse “ne voyait pas d’inconvénient à médiatiser cette affaire et que l’aide des bénévoles était la bienvenue pour la saisie des animaux“. Selon l’association, elle renouvelle le jour même son autorisation de filmer depuis la voie publique.
L’après-midi, l’équipe de France 3 Normandie, dans le sillage des équipes d’intervention se trouve bloquée par un OPJ de la gendarmerie de Condé-sur-Noireau à quelques mètres du champ où se trouvent les vaches. Le gendarme a instruction de ne pas laisser passer l’équipe de télévision sous prétexte qu’elle va les effrayer. Il laisse néanmoins le champ libre à la dizaine de bénévoles, puis accepte de laisser passer l’équipe de télé, … mais sans caméra !!
Le ton monte, le gendarme appelle sa hiérarchie, jusqu’au vice-procureur de Caen, Gauthier Poupeau, qui engage la discussion avec le journaliste. Sans dire bonjour, le vice-procureur prend un ton péremptoire et agressif: “Qu’est-ce que vous me faites ?.. Vous dégagez d’ci, vous dégagez de ma scène de crime !” “Vous dégagez d’ici sinon, je vous fais interpeller et je saisis votre matériel“, avant de raccrocher au nez du confrère.
Comble de l’histoire, le vice-procureur appelle la rédaction en chef pour dénoncer le comportement du journaliste qui aurait frôlé l’outrage à magistrat.
Résultat: l’équipe de reportage n’a pas pu tourner depuis la voie publique des images de vaches entrant dans une bétaillère (des images d’ailleurs filmées par l’association et publiées sur sa page Facebook), sachant que tout était sécurisé et que la DDCSPP (Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations) attendait la presse pour faire monter les vaches.
Devant ce qui constitue une entrave à la liberté de la presse, des menaces et un abus de pouvoir manifeste de l’autorité judiciaire, Force Ouvrière demande des explications au Parquet de Caen.
Force Ouvrière s’associe à la direction de France 3 Normandie via France Télévisions pour un éventuel dépôt de plainte contre le vice procureur de Caen pour entrave à la liberté de la presse (cf. loi du 29 juillet 1881 et art. 11 de la déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen), pression et intimidation envers des journalistes dans l’exercice de leur fonction.
Force Ouvrière s’oppose et s’opposera avec vigueur à toute forme de pression contre le droit d’informer; pression de plus en plus fréquente, parfois grave, parfois dérisoire, de l’affaire Benalla aux vaches normandes.