Les grands évènements normands de l’été (anniversaire du débarquement et jeux équestres mondiaux) ont connu un succès d’audience sur l’antenne de Basse-Normandie (15% le midi et 24 % le soir). Il faut s’en féliciter ! En revanche, ces mêmes événements en situation de diffusion mutualisée avec la Haute-Normandie recueillent beaucoup moins l’adhésion du public (autour de 10%). Force est de constater que la proximité de l’information est importante aux yeux des téléspectateurs, qu’une diffusion grande région est moins concernante.
Equilibre des rations…
Certes, le débarquement a eu lieu en Basse-Normandie et son 70ème anniversaire fêté sur ses plages. Mais cet évènement mondial n’a pas trouvé sa place dans les éditions d’information chez sa voisine de Haute-Normandie alors que des commémorations d’envergure se tenaient quotidiennement dans cette région. Pourquoi ce déficit d’information sur cette antenne ? Qui a décrété que le débarquement n’intéressait pas les haut-normands ?
Au-delà des choix éditoriaux, Force Ouvrière pose la question du management, de la concertation entre équipes rédactionnelles, de la pertinence de la production mise à l’antenne au regard des attentes du public de chaque région.
Grand écart…
Passer d’un extrême à l’autre ne semble pas déranger la direction. En effet, pendant tout le mois d’août, les éditions haut-normandes ont accordé une large place aux jeux équestres mondiaux (qui se passaient en Basse-Normandie), pourquoi pas ! Mais le dimanche, cet évènement a investi la totalité des journaux dits « mutualisés ». Pas une info n’a concerné la Haute-Normandie, pas le moindre sujet pourtant tourné, monté, mixé, n’a trouvé d’écho sur les éditions communes. Antenne confisquée, antenne trustée… les téléspectateurs haut-normands ont été abreuvés de cheval jusqu’à plus soif.
FO pose la question : pourquoi cette inégalité de traitement entre l’anniversaire du débarquement et le sport équestre qui reste malgré tout assez confidentiel en Haute-Normandie ?
A hue et à dia…
Il en est de même du traitement d’évènements nationaux déclinés dans les éditions régionales. La rentrée scolaire par exemple traitée à Nantes a investi le conducteur des Pays de la Loire, absorbant la quasi-totalité de l’édition locale du Mans (déjà absente des écrans pendant les deux mois d’été). Résultat : un bassin de population de 250 000 contribuables de la redevance privé de son information de proximité.
Depuis plusieurs années, FO s’interroge :
Où allons-nous en matière de mutualisations des JT ? Où allons-nous en matière de cohérence éditoriale ? Peuvent-elles répondre à la couverture d’évènements exceptionnels ? Ne faut-il pas les réserver aux créneaux dédiés ? Où allons-nous avec ces mutualisations dans la négation du public ? Quel sens au travail pour les salariés y compris pour les cadres encadrants qui en ont la gestion ?
Il faut rappeler que les mutualisations des journaux ont été mises en place par défaut, par défaut économique, qu’elles sont nées pendant les grandes vacances, se sont développées pendant les petites et gangrènent aujourd’hui certains week-end. A FO, nous pensons que cette spirale infernale doit cesser. Il faut donner un coup d’arrêt à cette stratégie de la dégradation qui réduit progressivement et insidieusement le périmètre d’activités de nos antennes. La survie des éditions locales est menacée et peut-être aussi demain celle de certains BRI qui pourraient s’inscrire dans le projet de réforme territoriale du gouvernement.
Avec les mutualisations, l’étau se resserre sur les établissements. Et le rapport Brucy (socle d’une politique pour le réseau régional de France 3) ne les remet pas en cause, il les renforce au contraire. Dans le même temps, ce rapport réaffirme le devoir de proximité de la chaîne des régions, une priorité également affichée dans le contrat d’objectifs et de moyens de France Télévisions signé avec l’Etat.
Sur ce constat, Force Ouvrière exige d’arrêter immédiatement le développement des mutualisations. Pour celles qui existent déjà, FO propose d’engager une réflexion de fond entre les rédactions en chef, les délégués régionaux, le responsable des antennes du pôle, des salariés journalistes et PTA de différents établissement. Avec pour objectif de définir une charte éditoriale propre aux éditions mutualisées édictant quelques principes déontologiques nécessaires à leur viabilité (avec évaluation annuelle) ; pour qu’elles deviennent un atout, et non un pis-aller de l’info.