France 3 : le malaise

Par LEXPRESS.fr, publié le

Les salariés craignent de voir arriver un plan social, France Télévisions étant obligée de faire des économies.

manque de moyens, surmenage, incertitudes sur l’avenir… Les salariés des antennes locales de France 3, déjà éprouvés par une réorganisation difficileet des conditions de travail qui se dégradent, craignent d’être les premières victimes du plan d’économies du groupe.

Jeudi dernier, le PDG de France Télévisions, Rémy Pflimlin, a levé le tabou d’une réduction d’effectifs plus importante que les 5% déjà prévus pour 2011-2015.

“A terme, on se demande si cela ne débouchera pas sur un plan social. (…) Les gens sont assez démoralisés”, déclare Jean-Claude Lacoste, journaliste depuis 25 ans à France 3 Bordeaux.

Un profond malaise

Une perspective que l’on se refuse à envisager à France 3 Picardie: “On nous a déjà supprimé tout ce qu’il y avait à supprimer. Aujourd’hui, on ne peut pas travailler avec moins que ce qu’on a déjà”, déclare le JRI Arnaud Wust. Contactée par l’AFP, la direction de France Télévisions n’a pas souhaité réagir.

Une source proche a cependant assuré que “la question des effectifs ne sera pas première” dans les ajustements que pourraient faire le groupe. La solution pourrait également passer par des économies structurelles ou une baisse des coûts de certains programmes (jeux, magazines).

Mais, au delà des craintes pour l’emploi, c’est un “profond malaise” qui règne au sein des rédactions. “L’ambiance est morose, les gens ne savent pas trop où ils vont, il y a des incertitudes sur les effectifs, sur le contenu des programmes. On a le sentiment d’être la variable d’ajustement du groupe”, explique Jean-Louis Croci, délégué FO nord-est à France 3.

Faire des économies partout

“Il y a beaucoup d’inquiétude. On s’attend à ce que la rentrée soit catastrophique (…) notamment en terme de moyens par rapport aux besoins” déclare Véronique Marchand, représentante SNJ-CGT à France 3 Nord. Depuis la restructuration de France 3 en janvier 2010, le mot d’ordre dans les rédactions est de faire des économies partout.

Cela s’est déjà traduit par la suppression de postes, notamment de preneurs de sons, mais aussi de programmes, quand ce n’est pas la fermeture de locales entières pendant les vacances comme cela est prévu dans le sud-ouest pour la Toussaint et Noël.

Travailler sous pression

A France 3 Nord, deux postes de journalistes sont vacants depuis plusieurs mois. A Marseille, les plannings d’été ont été revus à la baisse. Résultat: “sous-effectifs, surcharge de travail, nous sommes en perpétuel flux tendu”, déplore Xavier Claeys, délégué du personnel à France 3 Champagne-Ardenne.

Même constat en Picardie: “La rédaction est constamment sous pression. On nous demande toujours plus avec toujours moins”, explique Jean-Louis Croci. “On joue sur les horaires, qui, officiellement de 35h/semaine, dépassent souvent les 45. On s’ajuste aussi avec les bi-qualifications des JRI, qui passent devant ou derrière la caméra au gré des besoins. Chacun fait de son mieux, mais on sature”, ajoute Arnaud Wust.

Détérioration du métier

“Certains ne vont pas très bien, prennent des médicaments. Ils sont à bout”, ajoute-il, précisant qu’à France 3 Picardie, une cellule psychologique a été mise en place. Beaucoup s’interrogent sur leur capacité à continuer à fournir des contenus de qualité, certains Jean-Claude Lacoste dénonçant même “une détérioration du métier”.

Un journaliste de Marseille estime ainsi que les incendies de l’été n’ont pas été couverts au mieux du fait d'”équipes de reportage réduites a minima”. “On doit rogner sur les temps de préparation, sur les enquêtes. Informer les gens, c’est ça notre métier, et aujourd’hui on ne peut plus le faire aussi bien qu’on le voudrait” à cause du manque de moyens, explique Véronique Marchand.

“Aujourd’hui, on n’a plus les moyens de nos objectifs, on ne nous les a pas donnés”, regrette la journaliste. Quelques lueurs d’espoir persistent cependant, comme à France 3 Picardie, où six journalistes doivent arriver pour occuper les postes vacants.

“Tout n’est pas tout noir non plus. Il y a des métiers où les conditions de travail sont quand même bien pires que les nôtres”, souligne avec philosophie Arnaud Wust.

Avec AFP