Frais de mission des personnels : la seigneurie parle aux manants

Hier, la direction générale via le service Digiposte a annoncé la décision unilatérale de supprimer à compter du 1er juillet prochain l’ensemble des forfaits liés aux frais de mission des salariés dans l’exercice de leur travail. Il ne resterait plus que les remboursements sur justificatifs.

Préalablement, dès avril prochain, c’est la fin du « lissage », c’est-à-dire pour les salariés qui se font rembourser sur factures, la possibilité de lisser les frais de repas et d’hôtel sans dépasser le plafond journalier. Cela était pourtant bien pratique pour des équipes qui n’avaient pas le temps de manger plus qu’un sandwich le midi, et qui pouvaient donc dépasser le plafond de 23 euros le soir. Ce « confort » là s’achèvera dans un mois et demi.

Sauf à ce que ces plafonds soient sérieusement revus, il faudrait désormais respecter scrupuleusement des plafonds de factures qui n’ont pas évolués depuis de très nombreuses années :

 

 

Les frais professionnels correspondent à des dépenses engagées par le salarié pour les besoins de son activité professionnelle et il n’est évidemment pas question pour nous de revendiquer ici des compléments de salaire.

Mais nous devons faire le constat que les salariés de France Télévisions en ont plus qu’assez d’être ostracisés et invectivés concernant les remboursements de frais : nous ne sommes pas des voleurs !

La gestion des missions et des frais à France Télévisions en quelques années est devenue kafkaïenne : entre les multiples validations nécessaires (ouvertures de missions sur Concur, demandes de validations d’achats de billets de train ou d’avion avec l’attente parfois longue des validations des managers), mais aussi l’obligation de renvoyer les factures papiers dans des enveloppes dédiées, les retards de remboursements, les mails qui n’arrivent pas, les ordres et contre-ordres… Résultat, les salariés en mission passent un temps trop important à gérer leurs frais au lieu de faire leur métier : de la         télévision !

Quand, au même moment la direction générale s’offre, elle, des séjours à Tahiti à grand frais, il est difficile d’imaginer que ces dirigeants passent par les mêmes galères que leurs collaborateurs concernant leurs frais ! Et là, rien qu’avec la classe Business sur ces vols très coûteux, les plafonds se retrouvent amplement explosés ! Deux poids, deux mesures…

Mais pire que tout, la direction générale semble tellement déconnectée des réalités de la vie qu’il ne lui semble même pas choquant d’imposer aujourd’hui un plafond pour un découcher sur Paris (hôtel + petit déjeuner) à 107 € maximum… Qui arrive à se loger à Paris pour 107 €, et en particulier lors des grands salons ? De même pour les grandes villes de métropole ou les outre-mer…

La conséquence de ces agressions répétées de la direction envers les salariés est très simple : ils seront de moins en moins motivés pour effectuer ces missions, et diront « allez vous faire voir ! »

En effet, tout cela devient trop chronophage et anxiogène. Pourquoi devoir accepter de perdre une énergie folle dans la gestion de ces frais, ou de devoir se placer dans la « débrouille permanente » ? Est-ce le but recherché, et non avoué ?

La direction générale prend une lourde responsabilité en usant les personnels de la sorte, en ne les respectant pas. L’ambiance au travail par cette annonce s’est immédiatement dégradée, déjà qu’elle n’était pas très bonne…

Pour l’ensemble de ces raisons, FO exige :

  • une réévaluation de l’ensemble des barèmes plafonnés
  • le maintien dans certains services de l’indemnisation des frais professionnels sous la forme d’allocations forfaitaires
  • la suppression pure et simple des « zones de résidences » si le forfait n’existe plus
  • mais aussi la fin de l’obligation d’envoyer les factures papiers déjà numérisées
  • ainsi qu’un régime dérogatoire négocié lors d’opérations spéciales.