Une semaine de grève, une antenne largement dégradée, des salariés désespérés, des téléspectateurs désemparés et toujours pas de proposition d’une mesure d’urgence permettant de faire retomber la pression pour l’ensemble des salariés impactés.
La mosaïque des 24 régions n’a jamais été aussi uniforme. Depuis maintenant une semaine, la très grande majorité des Journaux Ici 12/13 et 19/20 ne sont pas diffusés. A la place, un JT de comblement fait par France 3 Toutes Régions ou quelques bobines de substitution.
Cette mosaïque en dit long sur le ras-le-bol, les tensions, les souffrances, l’épuisement de nos collègues. C’est aussi la mosaïque de l’échec, le vôtre côté direction !
Qu’avez-vous fait pour empêcher l’accident industriel annoncé depuis le début de l’été par les experts ? Où sont les soi-disant mesures d’accompagnement ? Depuis deux mois que ces nouveaux JT sont à l’antenne, rien n’a été fait pour prévenir cette crise. Ce ne sont pas les pseudo-ateliers et numéros zéro qui ont permis d’éviter ce naufrage. Et la tournée marathon de la direction de l’information n’a pas empêché de multiples accidents du travail, des débuts de burn out et même un malaise à l’antenne.
Oserons-nous parler de la gestion prévisionnelle des emplois ? Ou plutôt de la disparition prévisionnelle des métiers qui nous prive aujourd’hui de ressources indispensables ? Les scriptes, en premier, en font les frais. Leurs absences, qu’on n’est pas en mesure de remplacer, entraînent des suppressions de JT : du jamais vu auparavant dans de telles proportions.
Une vraie gestion prévisionnelle n’aurait-elle pas permis de créer depuis belle lurette des postes de chefs d’édition dans toutes les rédactions ?
Après avoir creusé les inégalités entre les antennes, vos promesses de rééquilibrage n’ont été que cosmétiques.
Malheureusement, personne n’est épargné par la catastrophe que vit actuellement le réseau régional par l’entêtement aveugle de la PDG.
Il aura fallu attendre une saisine, puis le dépôt de préavis de grève pour qu’enfin vous évoquiez une adaptation des éditions en période de basse activité ou le recrutement et la formation de nouvelles scriptes.
Il a fallu l’entrée en lice de nos collègues de FTR (F3 toutes régions) dans le mouvement pour que la direction se décide de revenir à la table des négociations par peur de l’écran noir. Ça en dit long de la considération pour les équipes régionales.
La dernière proposition qui vise à faire livrer le soir par la rédaction nationale une bobine de 7 minutes diffusable par les régions dans une édition ramenée à 35 minutes est certes susceptible d’alléger la charge de travail des scriptes mais elle ne règle pas la question des amplitudes horaires des personnels techniques et d’édition. Cette question est renvoyée à des ateliers qui ne répondent pas, pour l’instant à la promesse.
Avec une info nationale et internationale ramenée à 7 minutes, ne s’agit-il pas plutôt d’instrumentaliser les souffrances des salariés pour faire disparaitre définitivement l’actualité nationale et internationale de l’antenne de France 3, puisqu’on a compris que la seule chose qui comptait était de renforcer le JT de France 2 et l’offre de Franceinfo ?
Sur les autres actions annoncées par la direction pour un plus ou moins proche terme, il ne s’agit toujours que vagues promesses. Comme celle de reconduire les 60 ETP, ces moyens qui devaient répondre à tout et qui, pour l’instant, y répondent fort peu. Très peu de postes, pourtant indispensables ont déjà été créés. Et ce coup de pouce, cette « bosse » comme disent les financiers, est présenté comme transitoire. Quelle nouvelle addition, les salariés vont-ils ensuite devoir payer ?
Pour l’heure, les moyens humains ne permettent pas de produire des éditions de manière équitable dans toutes les antennes, tout au long de l’année. C’est pourtant l’obligation du service public de délivrer le même niveau d’information à tous les citoyens.
Un projet pouvant en cacher un autre, c’est sans doute sur le train suivant, la fusion des équipes régionales de France 3 avec celles de France Bleu, que vous comptez pour parachever le grand fantasme de mutualisations et de synergie qui semble posséder nos dirigeants, jusqu’à remettre en question l’identité lentement construite, qui a fait le succès de nos médias publics.
Nous vous le demandons, une nouvelle fois, d’une seule voix : arrêtez les dégâts !
Donnez-nous, donnez-vous le temps de rediscuter d’un vrai projet avec ce qu’il faut pour le réaliser. Faites en sorte que chacun retrouve sérénité, plaisir et sens au travail. Que l’autonomie éditoriale soit de nouveau la règle. Que le travail cesse de mettre en péril la santé des salariés.