Mardi 5 mai s’est tenu un comité déontologie en présence de Mesdames, Messieurs,
– Marie-Laure Augry, médiatrice de l’antenne de France 3
– Daniel Bilalian, directeur général adjoint en charge des sports
– François Brabant,directeur adjoint de la rédaction des sports
– Murielle Charles, directrice générale adjointe en charge des RH et du dialogue social
– Frédéric Debains, responsable des ressources humaines des rédactions
– Didier Desormeaux, responsable formations informations et édition multisupports
– Stéphane Dubun, direction information régionale
– Pascal Golomer, directeur délégué à l’information
– Anne Grand d’Esnon, directrice de la réglementation, déontologie et du pluralisme
– Nicolas Jacobs, médiateur l’information de France 2
– Michel Kops, directeur du réseau Outre-mer 1ère
– Olivier Loubet, coordination RH des journalistes
Et en présence des organisations syndicales représentatives.
Une multitude de points étaient à l’ordre du jour, nous avons choisi de les regrouper en 4 points :
- les 2 sujets importants de ce comité
- les relations avec les téléspectateurs
- ce qui touche aux conditions de travail
- et les autres points du quotidien de nos métiers
1/ Les 2 sujets importants
Deux thèmes se sont détachés lors de cette réunion : les collaborations extérieures, et une question large sur les partages de sujets, images, rushes…
A) Pour évoquer les collaborations extérieures, une liste des diverses collaborations de personnes des divers services parisiens a été transmise aux participants.
Ces derniers regrettent l’absence d’une liste intégrant les personnels des régions. Celle ci sera transmise lors de la prochaine réunion.Une question porte sur le type de temps libre sur lequel ces collaborations peuvent d’exercer.
Après la réunion, la relecture de l’accord permet le rappel de ces quelques précisions :
L’accord du 28 mai 2013 évoque ce sujet des collaborations extérieures à 4 endroits : en pages 25, 26, 174 et 277. Si des notions de « temps libre » et de « hors temps de travail » sont effectivement évoquées, la page 174 précise bien que « lorsque la collaboration est autorisée, elle est adossée à une demande de congé sabbatique, ou à l’utilisation d’un jour de RTT« …ce qui exclut donc l’utilisation de congés payés, RH et jours de récupération.
L’autre partie touchant les collaborations concerne les éléments qui font qu’elles sont acceptées ou pas.
Il est précisé que, au delà de l’intérêt de la personne qui souhaite exercer cette collaboration, il peut aussi y avoir un intérêt pour l’entreprise : de par les personnes susceptibles d’être rencontrées, et aussi par rapport à l’image renvoyée par l’intervenant, inéluctablement liée à celle de l’émission dans laquelle il intervient…et donc de l’entreprise.
Important aussi : le type d’organisme qui sollicite ! Ce n’est pas la même chose en effet d’apporter ses services au Crédit Agricole, ou au comité olympique et sportif français. Lorsque ce dernier sollicite un journaliste expert et reconnu sur un sujet, la présence d’un présentateur jouissant d’une notoriété est évidemment un plus, et l’entreprise peut aussi y avoir intérêt, même si elle n’est pas directement associée.
Commentaire corollaire : une collaboration de ce type suppose des notions d’argent, mais celles ci sont fréquentes dans certains milieux comme celui que côtoie le service des sports.
Sans argent, la plupart des disciplines sont fortement fragilisées, voire en situation de disparition. L’argent fait désormais partie intégrante de ce monde du sport, et nous sommes obligés de composer avec cette réalité.
B) L’autre grand sujet est celui des divers échanges entre les rédactions régionales et Paris.
Tout d’abord, par rapport à la question des reportages retouchés. À ce sujet, il faut être conscient qu’un reportage peut être parfait pour un public local (avec une certaine durée en rapport avec l’importance de l’évènement en région, mais aussi avec des éléments de localisation, en rapport avec la proximité offerte par le média local).
En revanche, le même sujet peut être inadapté pour le national : trop long, trop précis vis à vis d’un public qui ne connaît pas le lieu.
Le réadapter fait donc partie des exercices obligés, dans certains cas, pour que cet élément régional puisse trouver une place adaptée au national.
Sur ce point, des questions sont soulevées par rapport au temps accordé à la réécriture, et à préservation du sens du sujet.
Concernant le temps de desk, toutes les expériences montrent que la réécriture va beaucoup plus vite que l’écriture initiale : un bon exemple est le travail fait sur les modules régionaux pour Soir 3.
Concernant la préservation du sens, c’est juste une question de déontologie… Si le sujet est modifié, le fait de ne pas dénaturer est essentiel.
Il faut savoir par ailleurs que la retouche est loin d’être systématique : 1/3 des éléments provenant des régions passent tel quel.
Pour être plus précis, nous disposons de chiffres forts intéressants, concoctés par Alain Lucas (rédacteur en chef d’IV3)…
En 2014, on a relevé un total de 13.500 séquences passées dans les journaux nationaux.
Sur ces 13.500, un petit tiers, 4.500 pour être précis, proviennent des régions.
Et sur ces 4.500, quasi un tiers, 1.420 pour être précis, sont diffusés tel quel.
Soit une moyenne de 118 sujets par mois pour 2014. Les années précédentes se placent dans le même ordre de grandeur : 110 sujets par mois en 2013, 112 en moyenne en 2012 et 123 en moyenne en 2011.
Deux autres points ont été soulevés sur le même thème : le partage d’images lors de gros événements comme le retour de l’équipe de rugby de Toulon après avoir remporté sa 3ème coupe d’Europe… Et les échanges de rushes sur des sujets sensibles.
Le partage d’images lors de gros événements ne doit pas poser souci…à partir du moment où les choses sont suffisamment claires, écrites, et que les personnes concernées sont effectivement au courant : l’essentiel est l’existence d’une bonne coordination.
L’envoi de rushes doit aussi être possible, l’exception étant des restrictions d’utilisation dûment justifiées à la hiérarchie. Il est tout à fait normal que des rushes puissent être protégés, si des personnes, connues de l’équipe auteur du reportage initial, ne doivent pas apparaître, Là encore, tout se passe bien si l’info est bien transmise, si les gens sont clairement au courant (avec des écrits, en particulier les alertes Mona Lisa).
2) Les relations avec les téléspectateurs
Deux thèmes liés à cette problématique ont été évoqués dans ce comité de déontologie, le maintien ou non de « la question du jour » (certaines d’entre elles suscitant beaucoup de mécontentement auprès des téléspectateurs) et le traitement des conflits internes.
A) Faut il supprimer la « question du jour » (exploitée dans les journaux, en partenariat avec le site l’internaute, et dont le résultat est diffusé dans le Grand Soir 3) ?
Il est rappelé que cette question est née d’un partenariat, pour pouvoir toucher un public qu’on ne toucherait pas forcément sans elle.
Il est exact que certaines formulations sont maladroites (comme celle ci : “faut il vendre le Rafale aux régimes totalitaires ?” alors que François Hollande se trouvait au Qatar) , sachant que c’est aussi une façon de pouvoir créer de l’interactivité.
Il faut savoir aussi que ces questions n’ont plus vocation à lancer un débat dans le Grand Soir 3, comme c’était le cas à l’origine.
B) Autre sujet : les médiateurs soulèvent la nécessité de savoir comment parler de conflits internes à l’entreprise.
Le temps du « en raison de la grève d’une catégorie de personnel… » semble dépassé.
Nous devons pouvoir expliquer pourquoi notre service est altéré, sans non plus entrer dans les détails.
Dans le cas du dernier conflit à Radio France, le traitement de l’info ne s’est pas trop mal passé. Sans que le média ait été utilisé comme un tremplin, les auditeurs ont été correctement informés sur le pourquoi de ce conflit sur les antennes de Radio France.
Cette réflexion sera engagée dans un prochain comité de déontologie.
3) Ce qui touche à nos conditions de travail
Plusieurs questions à ce sujet : les externalisations, les relations avec France TV Info.fr, l’émission l’Angle Eco, le fait de travailler seul ou d’avoir des notions de montage, et la position de l’entreprise par rapport au projet de loi « renseignement ».
A) Le comité a évoqué le fait de l’externalisation de la commémoration des événements d’Auschwitz. Il est précisé à ce sujet :
- que le format était particulier, plus long que d’habitude, qu’il s’agit donc d’une grosse organisation de production, avec du travail sur la durée
- mais qu’il s’agit d’un choix pour un cas isolé ; d’autres opérations spéciales telles le 8 mai, le 27 mai au Panthéon, ou le 14 juillet ne seront pas montés de la sorte.
B) Les relations avec France TV Info sont évidemment à améliorer.
Un cadre a été nommé pour faire le lien : le fait il bien ?
En tous cas, il est toujours dommage que des personnes de services différents puissent être amenés à faire le même travail en parallèle, Néanmoins, il faut être conscient que France TV Info est devenu une « belle machine » : en se classant 2eme site d’info au mois de mars (avec les élections départementales).
C) La personnalisation de l’Angle Eco, axée sur François Lenglet fait partie du concept de l’émission.
Ce n’est pas un élément de JT, mais un magazine à part entière, avec une organisation de type magazine…dans laquelle viennent s’inscrire des personnes de la rédaction, uniquement volontaires, et adhérant au concept. Et les téléspectateurs, eux, sont au rendez vous, justement, par rapport à ce concept.
D) Le comité a évoqué la situation d’un cas où un journaliste est parti seul assurer un reportage sur un navire en mission en Antarctique.
La direction précise que ce n’est nullement une nouvelle norme de travail : c’était un cas très particulier, pour un sujet (qui restera une expérience unique en son genre) qui n’était possible que dans ces conditions.
Dans le même esprit, le comité a évoqué le profil de 2 journalistes recherchés pour internet, à qui on demande d’avoir quelques notions de montage : il est précisé là encore que ce n’est pas une nouvelle norme : que le travail sur le net peut appeler à la sélection d’extraits à mettre en ligne qu’un journaliste sur le premium n’a pas à faire.
E) Concernant le projet de loi « renseignement », la direction n’a pas apporté de commentaire à ce jour : ni dans un sens, ni dans l’autre !
Elle pose la question : est ce que les dirigeants d’un grand média, qui plus est public, doit prendre position par rapport à un texte qui n’est pas encore voté ?
Toute la question est celle de la possibilité de faire face à une surveillance “abusive” afin de protéger le travail des journalistes.
Dans l’attente, un stage intitulé « comment protéger ses données personnelles ? » est dans les cartons de l’université de France TV. Il devrait voir le jour en septembre, peut être avant.
4/ D’autres sujets
Enfin, indépendamment de ces 3 thèmes, le comité a soulevé d’autres questions. Nous retiendrons :
A) L’absence d’interview de syndicats suite à l’affaire Charlie Hebdo et aux menaces contre la liberté de la presse.
Question posée : comment s’explique le recours systématique auprès de RSF pour des réactions plutôt qu’aux organisations syndicales ? Est ce lié à la présence de Thierry Thuillier au conseil d’administration de RSF ?
La direction précise qu’aucune consigne de la direction n’a été donnée pour privilégier RSF. Il s’agirait donc d’autocensure.
B) Le doublage de l’entraîneur du Barça avec un petit accent a également été évoqué.
Sans plus de commentaires, il fut reconnu que ce n’était pas « du meilleur goût », et que « remarques avaient été faites aux intéressés ».
C) Autre question : fallait il ou non effectuer des reportages sur le vainqueur franc comtois de l’émission de TF1 « the voice » ?
La réponse est évidente : à partir du moment où l’info suscite un vrai engouement auprès du public, il faut tenir compte de cet engouement…au même titre que le traitement de sports diffusés par d’autres chaînes. On ne fait nullement le SAV des chaînes en question !
D) Enfin, le comité s’est intéressé aussi à la place accordée sur nos antennes aux petites formations politiques.
Même s’il est vrai que certaines ne trouvent pas place (en dehors de citations), nous respectons en tous cas les dispositions du CSA, qui nous demandent, pour la majeure partie des scrutins, d’appliquer le principe de l’équité.
En se basant sur les critères de représentativité (résultats lors des précédentes élections), mais aussi la capacité à animer la campagne, mais aussi les sondages récents.
C’est d’autant plus nécessaire que nos formats ne permettent pas d’intégrer 15 interviews dans des sujets de 2 minutes, ou d’inviter 15 personnes sur un plateau, sans que le débat devienne inaudible.
Pour FO
Marie-Pierre Samitier
Jean-Louis Croci
Bruno Demange