Audition de Force Ouvrière au Sénat sur le financement de France Télévisions

Les finances de France Télévisions étaient à l’ordre du jour de l’audition menée par les sénateurs dans le cadre de la “mission  de contrôle budgétaire sur les finances de l’audiovisuel public” ; Cette mission a été mise en place par les commissions cultures et finances du Sénat qui souhaitait rencontrer des représentants des organisations syndicales à ce sujet. FO, la CGT et le SNJ étaient présents.

La suppression progressive des dotations (censées compenser la fin de la pub après 20 heures) est un vrai problème : elle fait creuser un déficit structurel que nous ne réussissons pas à combler. On sait déjà qu’on ne finira pas l’année avec le budget qui nous est alloué : c’est une impasse budgétaire.

En 2008, en supprimant la pub après 20 heures, la volonté de Nicolas Sarkozy était de renflouer TF1 ! Au final, tout a été déstabilisé, et la chaîne de Martin Bouygues ne s’est pas retrouvée renflouée pour autant.

Aujourd’hui, l’impact dépasse d’ailleurs largement l’absence de la pub après 20 heures : le marché de la journée est en effet moins dynamique, du fait de la position des chaines privées, nous ne parvenons plus à toucher certains gros annonceurs, demandeurs d’une offre globale (incluant le soir).

Pire : cette absence de la pub aurait un impact  sur la croissance !!

C’est le sentiment de responsables de notre régie publicitaire, mais aussi de l’Union des Annonceurs. Des professionnels se plaignent en effet de ne plus pouvoir toucher les téléspectateurs qui regardent le service public le soir… Un public qui n’est pas celui de TF1 ou de M6 !

Et tout cela sans que les téléspectateurs perçoivent pour autant l’aspect qualitatif de l’absence de pub…du fait de la présence de parrainages. En revanche, pour l’économie, ça ne l’est pas du tout. Tous les intervenants étaient donc d’accord pour souhaiter le retour de la pub après 20h.

L’autre recette que tous veulent voir progresser…, c’est celle issue de la détention des droits audiovisuels. Cette solution est à l’étude.

Le paradoxe chez nous, c’est que les productions sont privées, alors que leur financement se trouve être à 80/90% public.

Sur ce point-là aussi, tout le monde était d’accord : il faut mettre fin aux décrets Tasca ! Et avoir le courage de respecter l’esprit de l’amendement Plancade d’octobre 2013 ! À ce sujet, les deux sénateurs pilotant la mission attachent plus d’importance aux revenus issus de sa production.

La principale source de revenus dont les services publics audiovisuels ont besoin est évidemment la redevance : une redevance assise sur les vraies utilisations des écrans d’aujourd’hui… Force Ouvrière a renouvelé son attachement à ce principe.

Au-delà des aspects ressources et financements, les sénateurs ont souhaité que d’autres sujets soient évoqués, le PDV, par exemple, qui génère beaucoup de frustration. 900 demandes de salariés pour quitter l’entreprise ont été enregistrées pour seulement 300 postes supprimés…cela veut dire que 600 personnes souhaitent partir, mais ne pourront pas partir dans le cadre du PDV.

FO s’est exprimé sur l’ambigüité des relations avec notre actionnaire unique, l’Etat. En effet, que penser du contrat d’objectif et de moyens signé entrer l’Etat et le Président de France Télévisions, censé définir la feuille de route pour les 5 années de présidence, dont l’Etat s’autorise à modifier à plusieurs reprises les engagements par des coupes budgétaires ?

Le syndicat FO a terminé ses remarques en alertant les sénateurs sur l’absence de moyens pérennes permettant à France Télévisions de réaliser ses missions de service public.

Eric Vial et Bruno Demange
Eric Vial, Délégué Syndical Central de France Télévisions et Bruno Demange, Délégué Syndical de France 3 Pôle Nord-est composaient la délégation FO au Sénat.