A France Télévisions, le burn-out vous guette…

Le syndicat Force Ouvrière France Télévisions maintient la pression pour que le « burn-out » soit reconnu comme une maladie professionnelle dans notre entreprise et dans toutes les entreprises de France.StressLa mission chargée par le ministre du Travail de « clarifier ce que recouvre le burn-out dans l’objectif de donner des recommandations pour mieux prévenir ce syndrome » doit rendre son rapport dans quelques jours, ces conclusions sont attendues avec beaucoup d’impatience par notre syndicat.

A France Télévisions, nous constatons que cette maladie touche particulièrement les cadres, les journalistes et les personnels administratifs qui sont soumis à des stress professionnels. En dehors du soutien du syndicat et de la solidarité de leurs collègues, les salariés touchés par cette affliction restent souvent bien seuls et isolés. Notre direction semble désarmée sur les réponses à apporter pour prévenir les burn-out. Elle préfère nier et reporter sa responsabilité sur les individus.

Le 27 janvier dernier Force Ouvrière France Télévisions avait signé et relayé l’appel national pour une reconnaissance du syndrome d’épuisement dit «burn-out» au tableau des maladies professionnelles. Il semble que France Télévisions n’ait pas signé cet appel…

Les risques psychosociaux n’étant pas encore classés comme des maladies professionnelles, la reconnaissance d’une pathologie par la branche maladies professionnelles-accidents du travail relève du parcours du combattant : un salarié victime d’épuisement professionnel doit passer devant une commission d’experts et pouvoir faire état d’éléments établissant une causalité directe entre son travail et son état de santé. Son incapacité permanente partielle doit être d’au moins de 25 %. Des critères et un mode d’examen qui rendent cette reconnaissance particulièrement rare.

L’un des objectifs de la reconnaissance de cette pathologie est également de faire basculer le financement des conséquences du burn-out vers la branche accidents du travail et maladies professionnelles au lieu de l’Assurance maladie, comme c’est le cas aujourd’hui. Donc faire payer les employeurs plutôt que les salariés.

En 2014, Le cabinet de prévention des risques professionnels Technologia évaluait le nombre d’actifs occupés en France « en risque élevé de burn-out » à 3,2 millions de salariés, soit 12,6 % des actifs.

Définition du burn-out

L’Institut national de recherche et de sécurité caractérise le burn-out comme un ensemble de réactions consécutives à des situations de stress professionnel chronique. Pour l’Institut, ce syndrome se caractérise par trois facteurs :

– l’épuisement émotionnel : sentiment d’être vidé de ses ressources émotionnelles ;

– la dépersonnalisation ou le cynisme : insensibilité au monde environnant, déshumanisation de la relation à l’autre, vision négative des autres et du travail ;

– le sentiment de non-accomplissement : sentiment de ne pas parvenir à répondre correctement aux attentes de l’entourage, mise en retrait, dépréciation de ses résultats.

Parallèlement, une trentaine de parlementaires ont lancé, en décembre 2014, leur propre appel « pour la reconnaissance de l’épuisement comme maladie professionnelle ». Ces élus constatent une « souffrance généralisée dans le monde du travail », qui peut s’expliquer par le fait que « le salarié est devenu une variable d’ajustement des politiques de gain de productivité et de rentabilité financière auxquelles s’astreignent les entreprises sous l’étreinte de la concurrence ». Ils demandent donc l’intégration au tableau des maladies professionnelles de deux éléments : la dépression à la suite d’un épuisement profond et le stress post-traumatique au travail.

D’autres pays européens reconnaissent le burn-out comme maladie du travail.

Dans le même temps et dans le même sens, une centaine de médecins du travail ont adressé une lettre ouverte à la Ministre de la Santé. Ces professionnels constatent que « d’autres pays européens reconnaissent le burn-out comme maladie du travail ». Cette reconnaissance serait pour eux « une mesure de justice à l’égard des salariés touchés », mais aussi « une aide à leur prise en charge curative, à leur suivi professionnel et à la prévention du burn-out dans leur entreprise ».

Force Ouvrière France Télévisions rappelle qu’un rapport, soi-disant déterminant pour le monde du travail, sur le rapport sur le bien-être et l’efficacité au travail  (10 propositions pour améliorer la santé psychologique au travail) a été remis en février 2010. En ce mois de février il fête sa cinquième année ! Cinq années de bonheur ? Pas vraiment si l’on en croit toutes nos observations.

Le burn-out, les risques psychosociaux, les traumatismes du travail ne cessent de produire leurs victimes et rien ne semble pouvoir enrayer cette infernale course au mal-être…