2012 année du blues… 2013 année de malaises ?

Déjà touché par des suppressions de postes entraînant une dégradation des conditions de travail, France Télévisions devra encore réduire son train de vie en 2013

Le personnel est asphyxié, depuis l’an dernier des psychologues vont même dans les antennes régionales pour écouter les salariés sur leur mal-être», s’alarme François Ormain, délégué central FO à France Télévisions et journaliste à France 3 Basse-Normandie.


Engagé depuis 2009 dans une restructuration assortie d’un plan d’économies, le groupe audiovisuel public, qui chapeaute les cinq chaînes nationales, est au régime sec. Il y a déjà eu 800 départs volontaires et les postes vacants se multiplient. Dans le cadre du contrat d’objectifs et de moyens (COM) validé en début d’année, les effectifs doivent encore baisser de 5% d’ici à 2015, soit environ 500 personnes sur les 10.000 salariés du groupe. Et des rumeurs circulent sur un plan social encore plus lourd.
Les négociations autour d’une révision du COM, assortie d’une réflexion sur les missions du service public, vont démarrer prochainement. Le P-DG, Rémy Pflimlin, voudrait avoir bouclé le dossier dès janvier 2013. Avec la crise économique, les subventions à l’audiovisuel public –3,7 milliards d’euros en 2012– vont baisser de 4% d’ici à 2015. Par ailleurs, la suppression de la publicité après 20h entraîne la perte de 450 millions d’euros par an pour France Télévisions. Ce manque à gagner était en partie compensé par deux nouvelles taxes: l’une sur les opérateurs télécoms, l’autre sur les télévisions privées. Mais elles pourraient être supprimées dès 2013, la Commission européenne les considérant comme une distorsion de concurrence envers les opérateurs privés.

AU MOINS 500 SUPPRESSIONS DE POSTES

Ces derniers jours, le retour de la publicité en soirée ou une hausse de la redevance télé ont été évoqués pour renflouer les caisses, mais le gouvernement, qui juge ces mesures impopulaires, les a écartées. «Nous demandons un financement pérenne et suffisant de France Télévisions, poursuit François Ormain. Nous allons écrire à la ministre de la Communication pour lui faire part de nos inquiétudes sur l’avenir de la télévision publique et savoir quelles seront ses futures sources de financement.»
Le réseau régional de France 3, déjà sur la corde raide après une réorganisation compliquée, risque d’être particulièrement touché. Comme le demandait FO, un redéploiement des effectifs sur l’ensemble du réseau est en marche, pour un rééquilibrage des postes vacants entre les régions. Mais cela ne suffit plus. «Les rédactions doivent faire des économies partout, depuis l’an dernier des créneaux sont supprimés et il y a de plus en plus de mutualisation de journaux, explique le délégué FO. Cet été, des rédactions locales ont fermé pour faire des économies et éviter de prendre des CDD. L’ambiance est lourde dans tous les services, les salariés craquent, les arrêts maladie sont en hausse, à la production comme chez les cadres.»
FO rappelle aussi que France Télévisions est le premier fournisseur d’emploi du secteur avec un très grand nombre de sociétés de production de magazines, de fictions, de cinéma…