Le contexte économique dégradé de France Télévisions pourrit la Conférence de rentrée

Ce matin se déroulait au Siège de France Télévisions la conférence de rentrée devant la presse nationale. L’équipe dirigeante, uniquement masculine, réunie autour de Rémy Pflimlin s’est évertuée à dresser un bilan positif de ses actions notamment dans le domaine social et la modernisation de l’entreprise. D’une rare sobriété, les discours se sont enchaînés sans aucune vidéo – la seule prévue n’ayant pas fonctionné ; la société a semble t-il voulu donner l’image d’une entreprise démunie.

“Nous devons nous adapter aux ressources qui baissent. Il ne s’agit pas de faire des choix, nous avons des priorités”. Très vite le PDG de France Télévisions donne le ton de cette conférence. Son message est exactement le même que celui du Gouvernement quelques mois plus tôt : ” faire mieux avec moins”. Patrice Papet (Directeur des Ressources Humaines), Martin Ajdari (Directeur en charge des Finances), Thierry Thuillier (Directeur de l’Information) et Bruno Patino (Directeur des programmes et du développement numérique) vont alors égrener pendant près de deux heures tous les sacrifices financiers et sociaux que l’entreprise doit faire pour “arriver à l’équilibre en 2015”.

La situation économique est critique. “Il manque 300 millions d’€ par rapport à ce qui était prévu” affirme Martin Ajdari. Le directeur chargé des finances rappelle devant un parterre interloqué que l’Etat a également gelé en 2013 30 Millions d’€  et que “les recettes publicitaires reculent plus fortement que le reste du marché”. Dans ce contexte “très particulier” les missions de la télévision publique ont été “réexaminées” lors des récentes négociations de l’avenant au Contrat d’Objectifs et de Moyens signé avec l’Etat. Le document devrait être achevé en octobre.

 Les salariés vont devoir contribuer à l’effort

Ce sont surtout les salariés de France Télévisions qui vont “devoir contribuer à l’effort” résume Patrice Papet en expliquant que “les charges de personnels représentent 1/3 des charges”. La direction confirme une série de mesures d’économies drastiques dont l’objectif est de réduire le taux d’emplois : plan de départs volontaires de 600 emplois nets (le plan sera présenté en octobre au CCE), discussions sur les polycompétences des salariés, fusion des rédactions nationales (la réorganisation de l’Information sera présentée avant septembre 2014), plan volontariste de réduction de la précarité, baisse des frais de missions et de transports.

Nos dirigeants s’enorgueillissent déjà des économies réalisées, notamment grâce aux efforts des réseaux de France 3. Ils annoncent que le taux d’emploi n’a jamais été aussi faible depuis 2007 ; depuis le début de l’année 500 équivalent temps plein (ETP) ont été détruits.

En contrepartie de ces contraintes sociales, la direction réclame l’ouverture de débats avec les producteurs privés (Décrets Tasca). France Télévisions contribue au financement de 60 % de la production audiovisuelle. L’entreprise doit avoir accès aux recettes que les œuvres engendrent et dont profitent aujourd’hui les producteurs privés. C’est “un débat légitime” notamment concernant les Droits de diffusion des programmes. France Télévisions souhaite “faire circuler les programmes et les exposer largement” sur l’ensemble du spectre du global media.

Le numérique : une priorité 

L’univers du numérique reste la priorité du développement de l’entreprise. “Faire prendre à France Télévisions le virage numérique, c’est l’enjeu principal de mon mandat” appuie Rémy Pflimlin. Une nouvelle plate-forme numérique à l’instar de Pluzz ou CultureBox est annoncée. Elle sera consacrée à la jeunesse. La présentation des programmes se fait au compte-goutte ; France Ô, France 4 et France 5 sont à peine citées ou de manière anecdotique.

En constatant que la vidéo de sa présentation ne démarre pas, Bruno Patino embarrassé déclare aux journalistes amusés par la situation : “je n’ai jamais vécu un moment de solitude comme cela”. Cette sensation de solitude, les salariés la connaissent bien. La rentrée 2013/2014 de France Télévisions commence bien mal…