Le “cri du cœur” des CDD de France Télévisions

Alors que la direction rencontre ce lundi 20 février à 15 heures les organisations syndicales représentatives, un collectif rassemblant 450 CDD a souhaité s’adresser directement à la présidente de France Télévisions. Force Ouvrière a rencontré certains d’entre eux.

Histoires vécues

Ils sont 8 salariés installés tranquillement sur la terrasse d’un café parisien. À première vue rien ne laisse transparaître leur état d’esprit. Et pourtant… Ils n’ont qu’une idée en tête : comment vont-ils gérer la suite de leur parcours professionnel ? Car, après des parcours parfois tumultueux, l’incertitude liée à des immatriculations provisoires, ou encore l’inertie qu’ils subissent bien souvent pour recevoir leurs faibles rémunérations (beaucoup restent inférieurs à 1000 euros : car on ne leur propose souvent plus que 10 jours de travail par mois, le recours au CDD s’étant amenuisé), le ciel semble leur être véritablement “tombé sur la tête” depuis la communication de cette terrible note de service.

Alors, ils veulent savoir… Savoir notamment s’ils peuvent avoir un petit espoir d’avoir été compris !

Et en plus de nos lignes et de nos mots, ils ont eu le souhait de formuler eux-mêmes le mal être qui est le leur, en rédigeant une lettre qu’ils nous demandent de présenter à la direction lors du rendez-vous de ce lundi.

Dans cette lettre, ils dénoncent tout d’abord l’injustice et le manque de considération dont ils sont l’objet. Cette injustice, ils l’illustrent par des exemples de prix de chambres d’hôtel dans des établissements à proximité de la Part-Dieu à Lyon. Pour cette semaine “calme” du 13 au 19 février, ce qu’ils ont trouvé varie de 75,39 à 121,20 €…soit, dans tous les cas de figure, des chambres à plus de 74 euros. Et bien évidement, sans se poser la question du coût du repas du soir…

Ils poursuivent en soulevant que payer de leur poche cet excédent et ce repas du soir revient à leur retirer une partie de leur salaire, eux qui ne disposent déjà pas de la sécurité de l’emploi…

Avant d’enchaîner avec une dose d’humour : la direction souhaite t-elle qu’ils rentrent chez eux à chaque fin de journée ? Avec fatigue à la clé et un coût de transport qui ne serait pas plus économique pour l’entreprise ?

En guise de conclusion, ils effectuent un parallèle avec l’enquête en cours sur le bien-être des salariés dans l’entreprise. Pour expliquer que leur “baromètre ambition/confiance” est au plus bas, tant en ce qui concerne la confiance en soi, la confiance dans l’entreprise et la confiance dans l’avenir !

Au-delà des propos figurant dans cette lettre, d’autres propos entendus par d’autres CDD permettent de mieux comprendre l’absurdité de la situation dans laquelle ils se trouvent.

L’un d’eux raconte une journée qu’il a effectuée il y a quelques jours. Cette personne, habitant à 220 km de distance de la station qui l’employait ce jour-là, a donc trouvé un hôtel à 58 €. A priori, le “plan” trouvé est plutôt bon, puisque le tarif de cet hébergement est inférieur à celui du plafond de 74 euros.

À côté de cela, ce CDD a mangé le soir dans un restaurant proche de la station, pour 21 euros…soit un total payé pour cette “soirée étape” de 79 euros ! Finalement, 5 € de plus que le barème autorisé, en choisissant de présenter ses justificatifs, à l’issue de la mission.

Tout n’est donc pas si mal…à ceci près que ce n’est pas cette somme qui lui sera remboursée…ni même le plafond à 74 €, mais uniquement le total dépensé pour l’établissement hôtelier, soit juste les 58 euros !!

Nul doute que ce lundi après-midi, tous attendront avec impatience les premiers messages à la suite de la réunion des organisations syndicales avec la direction. Très clairement, il n’est pas concevable qu’une entreprise telle que France TV puisse s’enfermer dans un piège tel que celui-ci : déjà des CDD refusent d’aller travailler là où ne sont pas correctement remboursés. Des chefs de service se demandent comment ils vont pouvoir boucler leur planning. Une tension dans les organisations de travail s’installe avec, à terme, un risque d’augmentation de l’absentéisme. En somme, la direction organise l’asphyxie progressive du réseau France 3.

Dans cette politique à courte vue, au bien mauvais calcul, Force Ouvrière soutient et relaie plus que jamais ce “cri du cœur” des personnels CDD. Un nouveau dispositif leur permettant de percevoir la juste indemnisation des dépenses d’hébergement et de repas doit être absolument trouvé.