La justice sous influences ?

Le Syndicat National des Magistrats Force Ouvrière, en collaboration de Force Ouvrière France Télévisions et du Syndicat National Force Ouvrière de la Radio et de la Télévision, organise vendredi prochain au Conseil Economique Social et Environnemental du Palais d’Iéna, un grand colloque : la justice est-elle sous influences ?

Des journalistes, des magistrats, des chercheurs vont mener l’enquête au travers de trois tables rondes. L’entrée est libre mais la réservation est obligatoire pour des raisons de sécurité, même pour les personnes qui ne souhaitent pas déjeuner sur place.

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Tout procès est l’histoire d’une histoire. Mais l’histoire, on le sait, n’est jamais sereine.

Sous les apparences placides de la rationalité juridique, la fabrique du jugement est une foire d’empoigne. Si celui-ci se présente au bout du compte comme un rigoureux syllogisme, la démarche qui le précède est chaotique. Les acteurs du procès se mettent en scène à travers tout un jeu d’émotions, d’illusions, de suggestions, d’attirances et de répulsions… Ils cherchent à séduire le juge autant qu’à le convaincre, en lui offrant un récit compatible avec l’idée qu’il se fait lui-même de l’ordre social et du « juste »  jugement.

La justice se trouve ainsi prise dans un réseau d’influences dont les plus innocentes sont les plus insidieuses. Elles mobilisent les stéréotypes et les archétypes qui jonchent et jalonnent toutes nos constructions mentales. Peut-être le rôle du juge n’est-il alors, à tout prendre, que d’y puiser les représentations les plus attrayantes, à ses yeux, de l’ordre social pour que celles-ci deviennent un sens commun sous l’autorité du droit.

La tâche de la justice serait donc moins de « dire le droit » – pour cela, un robot ferait l’affaire –  que de rendre concrets les impensés sociaux tirés de l’inconscient collectif, à partir desquels le droit peut s’énoncer et la loi s’appliquer.

Mais dans un monde en ébullition où les certitudes deviennent relatives, précaires et fragiles, y a-t-il encore la place pour une logique partagée qui préserve l’homogénéité de la société ? La justice va-t-elle devenir au contraire le champ clos où s’affrontent des conceptions inconciliables du monde et dans lequel le juge devient une cible ou un otage ?

Quand les stéréotypes – dans lesquels nous baignons tous, à notre insu –, et les archétypes, ces modèles sociaux qui donnent corps aux représentations du monde, deviennent l’objet-même du procès, le juge en devient l’enjeu. La question n’est pas d’éliminer les stéréotypes et les archétypes judiciaires, la tâche est impossible, mais de les montrer comme ils sont et d’inventer la réponse aux défis qu’ils font surgir.

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