France 3 dépôlarisé

Le plan stratégique de France Télévisions vient d’être présenté par la PDG, Delphine Ernotte Cunci, au Comité Central d’Entreprise extraordinaire de France Télévisions.

Ce plan prévoit 11 projets pour l’avenir de l’entreprise dont la réorganisation du réseau de France 3. L’information-consultation de cette nouvelle (ré)organisation auprès des instances représentatives du personnel doit avoir lieu dès ce mois de juin. Tout devrait être achevé et mis en place avant la fin de l’année.

Les pôles de France 3 sont abandonnés au profit d’une organisation calquée sur les 13 nouvelles régions issues de la réforme territoriale.

L’établissement de Vanves par exemple qui avait été intégré au Pôle France 3 Nord-Ouest recouvrera ainsi sa région d’origine, l’Île-de-France.

La direction est consciente que cette nouvelle organisation peut provoquer des inquiétudes légitimes des personnels. Mais elle explique qu’il vaut mieux revenir “en arrière” car la réforme en pôle n’a pas produit les effets escomptés. Au contraire, en éloignant les centres de décision, elle a été génératrice de stress et de malaise au sein de l’entreprise. Pour la présidente, “la réforme par pôle n’avait vocation qu’à réaliser des économies, mais elle a de fait dénaturé la mission de service public de France 3, celle de créer et de produire de l’information et des émissions régionales”. Elle tire cette conclusion de la synthèse des assises de l’entreprise et de ses nombreuses rencontres avec les salariés. Pour la direction, il est inutile de persister dans l’erreur.

Les 24 antennes de proximité sont maintenues ainsi que l’ensemble des éditions locales, ce maillage est un atout dit-elle. Il n’est pas prévu de JT grande région. Aucune émission en langue régionale n’est amenée à disparaître. Au final, aucun changement notable ne concernerait l’éditorial. Pour la direction, il s’agit d’une réorganisation administrative. En revanche la direction concède qu’une réflexion est en cours sur l’exposition des éditions locales dont elle constate de nombreux problèmes de réception par les téléspectateurs.

Les nouveaux directeurs des grandes régions auront des compétences éditoriales, de ce fait la fonction de délégué régional aux antennes (DRA) devrait disparaître. Chaque directeur aura la liberté de composer son équipe.

Dans cette nouvelle organisation, la présidente souhaite laisser davantage d’autonomie aux régions. Chaque antenne pourra décider de sa programmation. Libre à elles de proposer ou de diffuser une ou plusieurs émissions sur un même territoire pour préserver une pertinence éditoriale et coller au mieux aux attentes du public. Autonomie aussi dans la prise de décision technique « sans pour autant empêcher un contrôle a postériori ».

L’objectif du plan stratégique est de produire en interne deux fois plus d’émissions typiquement régionales (8 % des programmes de France 3 aujourd’hui contre 20 % pour les antennes de 1ère Outre-mer) et d’exposer les régions à 35 % dans la grille de FTV (programmes nationaux à caractère régional inclus). Cette évolution doit se réaliser à coût constant et avec une perspective d’emploi très restreinte : les futurs départs à la retraite ne seront pas automatiquement remplacés. La pyramide des âges (âge moyen des salariés : 48 ans) prévoit de nombreux départs ces prochaines années.

La direction rappelle que le réseau France 3, c’est un tiers des salariés du groupe pour 10 % de la grille des programmes. Elle appelle donc ses salariés à gagner en productivité en modifiant leurs pratiques professionnelles, en étant davantage polyvalents et en exerçant des compétences complémentaires.

La présidente affirme qu’aucun plan social n’est prévu. L’annonce de la suppression de 350 ou 450 postes est fantasque. Les fonctions supports ou les personnels techniques et administratifs ne devraient pas être impactés par cette organisation, hormis “certains cadres de la direction” pour lesquels il faudra trouver des solutions.

Certains dispositifs des pôles qui ont fait leurs preuves et qui ont été bénéfiques pour l’entreprise tels que la gestion du budget ou la régulation d’activité pourraient être maintenus.

Les logos des ex-regions devraient disparaître au profit d’un logo grande région, ce qui n’ira pas sans poser quelques problèmes d’identification lors de la diffusion des journaux.

Les sièges régionaux de ces 13 nouvelles antennes ne sont pas formellement déterminés, hormis pour le Grand Est dont la direction a déclaré (après une interpellation de FO) qu’elle “ne voyait pas comment cela ne pourrait pas être Strasbourg”.

Les périmètres des instances représentatives du personnel seront forcément modifiés (CE, DP, CHS-CT) et de nouvelles élections devront avoir lieu. La direction n’a pas été très claire sur sa volonté d’appliquer ou non les bénéfices de la loi Rebsamen pour le patronat de réduction de ces institutions.

Force Ouvrière a proposé la réunion d’un Comité Central d’Entreprise extraordinaire pour discuter uniquement des impacts socio-économiques de cette nouvelle organisation pour les réseaux de France 3 qui va concerner  un quart des personnels de France Télévisions. La présidente a accepté cette demande.

Force Ouvrière France Télévisions tient une permanence pour répondre aux interrogations de tous les salariés concernant cette réorganisation de France 3. Vous pouvez nous joindre pour des informations complémentaires au 01.56.22.43.76.