Déontologie des journalistes : Le numérique à l’ordre du jour

Syndicats présents : FO (Jean-Louis Croci, Clément Weill Raynal, et Patrice Gonfier) CFDT- CGT et SNJ

Direction : Hervé Brusini (Directeur en charge du numérique, stratégie et diversité)- Pascal Doucet-Bon (Directeur délégué de l’info en charge de l’éditorial) – Pascal Golomer (Directeur adjoint de la rédaction des sports) – Stéphane Bijoux (Directeur des rédactions France ô et outremer 1ère) – Bernard Loche (Directeur à l’information régionale) – Germain Dagognet (Directeur délégué à l’information & projet chaine info) – Stéphane Dubun (Directeur de franceinfo édition tv) – Frédérique-Marie Lamouret (Directrice déléguée au projet numérique) – Nicolas Jacobs (Médiateur) – David Botbol (Directeur adjoint de la rédaction en charge du multimédia) – Eric Scherer (Directeur prospective, stratégie numérique, relation international) – Célia Mériguet (Directrice éditorial opérationnel éditions numériques)

La Commission de déontologie des journalistes a été consacrée le 1er février 2018 aux nouveaux problèmes soulevés par le numérique et les règles journalistiques qui en découlent, notamment sur les réseaux sociaux.

Pour l’occasion, la direction de France Télévisions avait invité des confrères étrangers des télévisions suisse et belge, lesquels nous ont confié leur vision du problème (la déontologie des journalistes à l’épreuve d’Internet) et les mesures édictées dans leurs rédactions.

Les réseaux sociaux étant devenus la première source d’information pour ¼ des Français.

La consigne pour les réseaux sociaux :

Se restreindre « comme si on était à l’antenne » ?

Ces deux confrères étaient :

Jean-François Chatton, le patron de l’information de la télévision suisse romande

Jean-Pierre Jacquemin, le directeur de l’information de la Radio Télévision Belge Francophone (RTBF)

Le principal enseignement que nous ont délivré nos deux confrères est leur conception très stricte et très restreinte de la liberté d’expression des journalistes des deux services publics, suisse et belge, sur les réseaux sociaux.

A la RTBF comme à la radio télévision suisse romande, on est parvenu à la conclusion que tout tweet, même envoyé d’un compte personnel, est finalement susceptible d’engager l’entreprise et qu’en conséquence « il est impossible » aux journalistes de diffuser sur ces réseaux des prises de positions personnelles  ou même de « donner son avis ».

Il semble que des consignes ont donc été données en ce sens à l’ensemble des journalistes et personnels de ces deux services publics.

La direction de France Télévision, présente à la réunion de déontologie, a semblé souscrire à cette analyse en rappelant qu’elle avait de son côté déjà conseillé à tous les personnels du groupe (en particulier les journalistes) de faire preuve de modération et de la plus grande prudence dans leur expression sur leurs comptes Twitter.

La direction de France Télévision continue de valider une formule générale : « Il faut s’exprimer sur les réseaux sociaux comme si on était à l’antenne » après des tergiversations puisque la direction précédente avait formulé par la voix de Michel Field qu’il devait y avoir « une liberté de ton et d’expression pour les journalistes » propre aux réseaux sociaux (voir Compte-rendu du 19 mai 2017). Cette position validait le fait qu’au pays de Pierre Dac on a le droit de plaisanter, et qu’au pays de Voltaire on a le droit de s’exprimer : les TV publiques belge et suisse ont un protocole contraint qui s’impose pour leurs journalistes… mais ce côté « contraint » est-il acceptable pour nous en France, pays de Voltaire ?

Les délégués de Force Ouvrière ont objecté le caractère trop vague de cette formule. Ils ont également attiré l’attention de la direction sur le principe de la liberté d’expression qui est garanti pour tout citoyen, fût-il journaliste. Il est impossible d’édicter une règle d’interdiction visant les personnels de France Télévisions qui serait dérogatoire à ce principe de liberté d’expression.

Élaborer une charte dévolue à la Toile et aux réseaux sociaux ?

Si les journalistes sont bien responsables de leurs propos et doivent répondre d’éventuels dérapages prévus par la loi et par les conventions collectives (injures, diffamation, attaques personnelles, mise en cause explicite de l’entreprise…), il n’existe aucun devoir de réserve qui puisse leur interdire de formuler des opinions sur leurs comptes personnels.

Force Ouvrière a souligné le caractère dangereux d’une dérive qui consisterait à instaurer – de manière insidieuse – un tel « devoir de réserve » des journalistes et collaborateurs du groupe.

Force Ouvrière, à cette occasion, a réitéré sa demande de créer un groupe de réflexion charger de rédiger une charte définissant de manière claire et précise les critères et le cadre dans lequel la liberté d’expression des journalistes sur les réseaux sociaux peut-être assurée et garantie. Ceci afin d’empêcher tout arbitraire, et qu’ainsi la réglementation soit la même pour tous.

Une limitation de cette liberté d’expression qui ne se fonderait que sur une formule générale constituerait immanquablement un risque d’arbitraire pour toutes les personnes concernées.

 Les autres points abordés :

La relation complexe avec Facebook a fait l’objet de nombreux échanges. L’enjeu de la monétisation des contenus que nos journalistes fournissent est une question à résoudre rapidement.  Facebook ne verse rien à FTV pour les contenus. Quelle possibilité pour changer cela ? La contribution de Bercy est indispensable pour dénouer ce problème. Face aux GAFA, quelle stratégie possible pour la rétribution des droits ?

Les fakenews : comment travailler sur ce problème ? En particulier dans l’urgence et avec le diktat du « Live ».

La stratégie Webfirst et la question du « Live » : l’information sur Internet reste arrimée à un principe : l’information n’attend pas…

Un compte-rendu des 4 heures de débats devrait être publié prochainement pour les salariés.

1 réflexion au sujet de « Déontologie des journalistes : Le numérique à l’ordre du jour »

  1. “Facebook ne verse rien à FTV pour les contenus. Quelle possibilité pour changer cela ?”
    Effectivement, il y a des moments où on a plus l’impression de travailler pour Facebook que pour FTV…

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