Comment France Télévisions va virer ses pigistes, CDD et intermittents ?

Ca chauffe pour les pigistes, CDD, et intermittents du spectacle ! Au total 8000 salariés (chiffre donné par la direction) soit 2500 équivalents temps pleins (ETP). Les organisations syndicales représentatives doivent négocier à la demande de la direction un dispositif de réduction de la précarité à France Télévisions. Un projet d’accord qui change les modalités de recours aux CDD, cachetiers, pigistes et intermittents dans l’entreprise. Le texte vise également par des “mesures d’accompagnements” à mettre fin à la collaboration des précaires historiques…

La direction n’a rien trouvé de mieux comme solution pour “deprécariser” que “d’accompagner” vers la sortie la majorité des salariés non permanents.

Pas dans la même équipe

Le plan qui noie les espoirs 

La direction a présenté ce qui s’apparente à un plan social pour les salariés précaires. Plusieurs fois la délégation patronale a déclaré : “il faut régler le passif !” Son objectif est de mettre fin à la vague des demandes en requalification par les procédures juridiques (environ 300 procès en cours selon la direction, mais sans certitude…)

Le plan de la direction est simple. D’abord une signature des syndicats sans condition. Après capitulation des organisations syndicales, elle se dit prête à  identifier dans chaque établissement les postes administratifs, techniques et journalistes susceptibles de justifier une permanentisation. Mais rien pour les postes artistiques (présentateurs, animateurs, chroniqueurs, réalisateurs, producteurs artistiques, directeurs photo…). Lorsque Force Ouvrière demande le nombre total de permanentisation dans l’entreprise : aucune réponse.

Par ici la sortie ! 

Ensuite, lorsque des postes sont considérés comme “permanentisables”, la direction souhaite appliquer des critères de sélection pour l’examen des candidatures. Aucune véritable priorité n’est fixée : ni les jours de collaboration dans l’entreprise, ni la collaboration sur le poste, ni l’ancienneté entreprise… C’est un peu “à la tête du client”.

Pour tous les salariés précaires de plus de 3 ans de collaboration qui ne seraient pas intégrés, la direction prévoit pour eux… un dispositif de départ !

Le tiers des pages du projet, remis en séance, précise pudiquement “les mesures d’accompagnements des collaborateurs non permanents”.

Il s’agit d’un inventaire à la Prévert de dispositifs permettant aux pigistes, intermittents du spectacle, CDD de quitter France Télévisions : “des projets de développement de compétences”, “des formations d’adaptation” vers un nouvel emploi, “des formations de reconversion”, des aides financières (10.000 €) pour des projets de création ou reprise d’entreprise, des “indemnisations de cessation volontaire de collaboration.”

Pour Force Ouvrière les propositions sont inacceptables. Nous ne laisserons pas faire ! Il est inimaginable d’être les complices d’un tel projet. 1 salarié sur 5 est un salarié précaire à France Télévisions (l’entreprise fonctionne avec 21,9 % de non permanents).

Force Ouvrière France Télévisions exige la requalification immédiate de tous les salariés précaires dits “historiques” qui le désirent. Ces travailleurs ont cumulé des droits depuis de nombreuses années de collaboration dans l’entreprise. Ils ne doivent pas être les victimes de la mauvaise gestion des ressources humaines de notre société ni de la situation économique inquiétante de l’entreprise. Leur demande d’intégration dans l’entreprise est une revendication juste ! D’ailleurs le récent rapport du député Jean-Patrick Gille concernant “les conditions d’emplois dans les métiers artistiques” préconise “une requalification automatique des CDD d’usage en CDI, lorsqu’un intermittent travaille plus de 900 heures auprès d’un même employeur.”

Force Ouvrière France Télévisions souhaite des réponses concrètes et un débat franc avec la direction sur la précarité dans notre entreprise.

1-     Combien de postes vont être rendus permanents à France Télévisions ?

2-    Combien d’intégrations par an ?

3-    Combien y a-t-il exactement de précaires dans l’entreprise ?

4-    Combien de pigistes, CDD ou CDDU “historiques” ?

5-    En trois ans, combien de précaires ont-ils vu cesser leur collaboration avec France Télévisions ? Quelles ont été leurs indemnités perçues pour fin de collaboration, (conformément à l’accord de Télédiffusion) ?

6-    Combien exactement de procès contre FTV pour des demandes de requalifications ou d’intégrations ?

7-    Quel avenir pour les salariés précaires issus des métiers artistiques ?

8-    Quelles sont les métiers et les services qui vont être particulièrement touchés par la réduction du taux de précarité : les rédactions, l’administration, la technique ?

9-    La société garantira-t-elle encore de l’activité pour les salariés non permanents qui ont plusieurs employeurs ?

10- Quelles sont les objectifs de réduction du taux de la précarité à France Télévisions ?

Pour partir sur des bases honnêtes de concertations concernant les négociations sur le “dispositif quinquennal de la précarité”, Force Ouvrière redemande à la direction de tenir ses engagements : l’application stricte des accords déjà existants*.

Nous exigeons que France Télévisions cesse immédiatement les embauches de prestataires extérieurs par des sociétés écrans ; évitant ainsi de faire signer des contrats de travail entreprise à des salariés non permanents de France Télévisions. Attention au délit de marchandage !

Force Ouvrière n’est pas dupe. Le plan social qui se dessine pour les salariés précaires n’est qu’un début. Après viendra le tour des salariés permanents.

——————————————–

*Accord FTV du 21/09/2012 sur le barème des piges, accord de la Télédiffusion du 20/12/2006 concernant les cachetiers et intermittents techniques (notamment le respect de la nomenclature des métiers, des temps de transport et de voyage, du respect des barèmes minimaux…), convention collective des artistes-interprètes.

2 réflexions au sujet de “Comment France Télévisions va virer ses pigistes, CDD et intermittents ?”

  1. Je suis moi aussi de ceux que l’on appelle CDD historique car depuis les années 2000 à FTV j’ai cumulé plus de 500 contrat de ce type, effectuent une moyenne de de 1100 heures par ans en arrivant également à la période de carence. Aujourd’hui après un accident de travail sur le tour (2011), France Télévision a réduit radicalement ses contrats en me privant d’effectuer les heures nécessaires pour bénéficier du statut d’intermittent (507h).
    En procédure prud’homale depuis quelques mois avec le Groupe, ayant refusé une négociation à l’amiable (40.000€), au délibéré du 7 octobre 2013, les Conseillers prud’homaux se sont placés en partage de voix, renvoyant l’affaire devant la Section de Départages. Je ne vous cache pas que j’appréhende la décision car plus le temps passe plus France Télé déploie des stratégies de défense qui pourraient débouter mes revendications mis en avant par la plaidoirie.
    Le cabinet d’avocat qui suive l’affaire m’a prédit un renvoi dans un délai minimum de six mois en me rassurent sur le délibéré.
    J’espère vous avoir apporté un témoignage démonstratif de la situation et je me tiens à votre disposition pour plus amples renseignements.
    Merci pour votre combat.

Les commentaires sont fermés.