Audiovisuel public : coupe de 80 millions d’euros. L’État a-t-il menti aux salariés ?

Moins 50 millions d’euros pour France Télévisions, moins 20 millions environ pour Radio France, moins 5 millions pour Arte et quelques millions d’euros pour France Médias Monde (RFI, France 24…). L’Institut national de l’audiovisuel et TV5 Monde pourraient être également concernés par ces coupes sombres, c’est ce qu’annonce le journal le Monde dans son édition de ce mercredi. Évidemment, ces coupes budgétaires auront des conséquences dramatiques sur l’emploi dans nos secteurs.

L’État met sous pression les salariés de l’audiovisuel public depuis de très nombreuses années : réduction des effectifs, plan de départs à foison, plans d’économies. Et pourtant les pouvoirs publics ont le sentiment que les salariés de l’audiovisuel public sont dans l’opulence et la luxure. Quelle méconnaissance ! Quelle ignorance ! Stop, assez de nous prendre pour des vaches à lait.

La vérité c’est que la situation dans l’audiovisuel public est très inquiétante. Les organisations syndicales maintiennent tant que faire se peut le lien social alors que les salariés sont sur les genoux (refus de congés, pas d’augmentation de salaire, travail supplémentaire, risques psychosociaux, encadrement dévalorisé…)

L’État aurait donc encore menti ? En signant des Contrats d’Objectifs et de Moyens (COM) avec les entreprises publics, en budgétant sur des plans pluriannuels les besoins nécessaires et les missions allouées aux entreprises l’État s’est engagé !

Le ministère de la Culture dans son communiqué du 20 avril 2016 concernant le COM de Radio France rappelait « les efforts, la passion et le professionnalisme de tous ceux qui travaillent à la Maison Ronde » et se félicitait de la signature du Ministre de l’Économie d’alors… Emmanuel Macron. Les promesses et les engagements vont-ils être piétinés, un an plus tard ?

Les efforts demandés sont considérables pour les sociétés de l’audiovisuel public. L’État réclame une suppression de 10 % des effectifs dans le service public. Des départs à la retraite ne sont pas remplacés et le travail supplémentaire laissé par les partants tombe sur le dos des salariés restant déjà surchargés. En plus de ces efforts, l’État réclamerait donc 80 millions d’euros ? Eh bien non, stop. Ce n’est pas possible !!

Malgré ces contraintes, les salariés de l’audiovisuel public ont su montrer qu’ils étaient capables de se mobiliser et ont démontré leur professionnalisme : la réussite de Franceinfo. en est la preuve.

Mais encore une fois les vieux travers des politiques reprennent le dessus : des plans comptables sans prendre en compte le social et l’existant. En supprimant la publicité sur France Télévisions après 20h, en supprimant la publicité autour des programmes jeunesse, sans jamais que ces rentrées budgétaires ne soient véritablement compensées, l’État a mis à mal le service public et a fragilisé son économie.

Malgré la revendication de Force Ouvrière de pérenniser définitivement les finances de l’audiovisuel public afin de pouvoir organiser stratégiquement les entreprises par la création de projets, l’État semble dans l’incapacité de définir un cap. C’est « je donne, je reprends, au bon gré » : une gestion au coup par coup qui dénote, hélas, un manque de projection totale de nos élites.

Dès l’annonce officielle de ces coupes budgétaires, Force Ouvrière mettra en place un rapport de force avec le Gouvernement. Nous ne laisserons pas faire !

L’audiovisuel public est chargé de créer, de produire et de diffuser des programmes d’information et de divertissements au service des Français, c’est une mission d’intérêt général. L’audiovisuel public n’a pas comme vocation d’optimiser des économies budgétaires, il faudrait que l’État actionnaire se le dise une fois pour toute !